Son blazer bleu marine détonne. Autour, une petite foule aux visages très jeunes manifeste ce mardi devant le Grand Conseil vaudois. Objectif: faire entendre la réalité du sans-abrisme. Sa veste de notable sur les épaules, le député libéral-radical (PLR) Guy Gaudard discute, écoute.
Avant de saisir une banderole, aux côtés de la députée de la gauche radicale fraîchement élue Mathilde Marendaz. Voici ce qu’on y lit: «Maintien des lits à l’année». Comment expliquer ce contraste et cette brève alliance de circonstance entre l’entrepreneur et la zadiste revendiquée?
Le début du «joli mois» n’est pas synonyme de réjouissance pour tout le monde. Avec l’arrivée du chaud, 160 places d’hébergement d’urgence ont fermé à Lausanne, le 1er mai. Les responsables des centres d’accueil de la région ont récemment tiré la sonnette d’alarme: entre le 1er janvier et la mi-avril, il a fallu refuser 889 demandes, écrivait «24 heures». Dans ces conditions, la fin du dispositif hivernal inquiète tout particulièrement.
Conséquence: un collectif nommé 43m2 — en référence à la surface moyenne occupée par une personne dans les logements suisses — a investi samedi l’esplanade de Beaulieu pour y installer un hébergement d’urgence pour les sans-abri. Les militants ont toutefois quitté les lieux samedi soir, sous la pression de la police. Des discussions avec la Ville ont depuis été entamées.
En finir avec «la politique du thermomètre»
Guy Gaudard confie ce mercredi à Blick être sensible à leur combat: «Ils sont venus manifester hier après-midi devant le parlement cantonal et j’ai vu les messages qu’ils véhiculaient. Je trouve qu’il y a matière à ce qu’on les écoute.»
Le député va même plus loin. «Je partage une des revendications de ce collectif: il faut arrêter la politique du thermomètre, tonne-t-il. Les places d’hébergement à Lausanne et dans le canton doivent être maintenues ouvertes toute l’année. Pourquoi fermer ces structures à l'entre-saison tout en les laissant inoccupées?»
L’élu PLR glisse tout de suite qu’il ne connaît pas très bien la problématique. Il s’exprime donc uniquement sur des cas précis. «Ce mardi, je n'ai échangé qu'avec des jeunes qui vivent en marge par choix et je crois que nous devons entendre ce qu’ils ont à nous dire, rebondit-il. Le politique doit proposer un accueil digne à cette partie de la population qui a choisi un mode de vie différent, nous en avons les moyens.»
Action au Grand Conseil
Guy Gaudard insiste: «Ce n’est pas parce que certaines de ces personnes portent des boucles d’oreilles, ont des piercings ou des tatouages qu’elles méritent d’être ignorées. Celles que j’ai rencontrées étaient très polies et respectueuses. Bien sûr, les graffitis commis sur le Château Saint-Maire pendant le rassemblement sont regrettables. Mais le fond du discours est important.»
Ses propos tranchent avec les positions habituelles de sa famille politique. Ce n’est pas une première. Le patron d’entreprise s’est notamment mobilisé à plusieurs reprises pour soutenir des requérants d’asile déboutés. Montera-t-il à nouveau seul au front en plénum, pour défendre cette fois les SDF? «Ce n’est pas impossible… Je vais probablement poser une question au Conseil d’État et, selon la réponse, je réfléchirai à déposer un postulat ou quelque chose du genre.»
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Pour aller où? Pour faire quoi? Guy Gaudard a des solutions précises en tête. «Le Canton et la Ville de Lausanne ont suffisamment de terrains inoccupés, avance-t-il. La mise en place de contrats de confiance doit être étudiée pour offrir à ceux qui se sont mobilisés la possibilité de pratiquer du camping contrôlé avec des structures sanitaires adéquates.» Il marque une pause: «J’aimerais en tout cas que tout le monde puisse s’asseoir autour d’une table et discuter.»