Samedi, l'esplanade de Beaulieu, à Lausanne, a été investie par le mouvement 43m2. Celui-ci réclamait le maintien du nombre de places d'hébergement d'urgence à l'année, ainsi que leur augmentation. Pour faire entendre ses revendications, il a installé un campement sauvage. L'action avait été annoncée, mais pas le site.
Trois grandes tentes et une petite dizaine de plus petites ont été montées samedi après-midi. Au départ, une soixantaine de militants se sont activés sur place et ont amené des canapés, des lits, des toilettes sèches, du matériel informatique et de cuisine, notamment.
La police boucle la zone
Lorsque Blick arrive sur place, aux alentours de 18h15, la zone est déjà bouclée. Derrière le barrage de police, quelques occupants s'abritent de la pluie sous une tente – leur nombre a diminué. Il ne dépasse guère deux ou trois dizaines de personnes. Pas de bruit, pas d'altercations, pas de slogans chantés.
Un important dispositif policier a cependant été déployé: selon Blick, les policiers étaient en nombre équivalant aux occupants, si ce n'est supérieur. 4 fourgons, 5 voitures, 12 motos et 2 fourgons de gendarmerie ont été vus sur place, comme le souligne le parti politique Solidarités dans un communiqué. La police de Lausanne n'a pas répondu aux sollicitations de Blick quant à son dispositif.
Sur Telegram, le mouvement à l'origine de l'action a très rapidement annoncé que la police tenterait d'évacuer les militants. De premiers policiers sont en effet arrivés aux alentours de 15h30, rejoints graduellement par d'autres agents. Au fil de l'après-midi, le ton s'est durci. «L'évacuation va avoir lieu incessamment sous peu» sur ordre de la municipalité, avait déclaré un agent à Blick vers 18h30.
«Sur sollicitation de la Fondation de Beaulieu, la Municipalité a demandé à la police municipale d'évacuer les lieux. C'est ce que nous sommes en train de préparer, raison pour laquelle il n'est pas possible de pénétrer dans le périmètre», a confirmé un porte-parole présent sur place.
Les occupants partent mais négocient
«Nous sommes en train de discuter avec les intervenants pour voir s'ils acceptent de partir et de suivre la décision des autorités, a-t-il ajouté. S'ils ne partent pas, on va devoir les évacuer de manière plus 'dynamique', mais on espère qu'on n'aura pas besoin de les accompagner dans cette démarche.»
La police n'aura toutefois pas eu besoin de procéder à l'évacuation de la zone. Les occupants ont accepté de quitter les lieux le temps des négociations avec les autorités de la ville de Lausanne, qui ont lieu jusqu'à lundi.
Tout le matériel a été emporté, excepté les tentes: leur combat n'est pas terminé. Selon nos informations, il est probable qu'une partie des occupants – voir des manifestants en plus grand nombre – reviennent dimanche. Des membres de Solidarités, Ensemble à gauche et des Jeunes socialistes ont été vus autour des lieux en soutien.
L'ouverture d'une halle de Beaulieu réclamée
Samedi après-midi, après avoir installé leur campement sauvage, le collectif annonçait que «toutes les personnes qui se retrouvent sans solution d'hébergement sont les bienvenues sur place. On peut accueillir des dizaines de personnes, mais cela va se faire petit à petit», a expliqué une militante. «C'est un lieu d'accueil d'urgence transitoire. Ce n'est pas une solution en soi.»
Le mouvement réclame l'ouverture «immédiate» d'une halle de Beaulieu. «Nous demandons aussi qu'il n'y ait pas d'évacuation policière, ni de prise d'identité», avait alors argumenté la militante. Le collectif expliquait être déjà en contact avec la municipalité.
160 personnes ont dormi dehors cette nuit
Il y a une dizaine de jours, des associations actives sur le terrain ont envoyé une lettre ouverte au canton dans laquelle elles jugent «dépassé» le dispositif d'hébergement d'urgence vaudois. Et pour cause: chaque année, de façon saisonnière, quelques 160 places sont supprimées – sans solutions de remplacement.
De manière plus générale, selon les observations des associations spécialisée dans le domaine: les structures d'accueil se retrouvent actuellement à devoir refuser des SDF par manque de place, les centres sociosanitaires sont débordés et il y a toujours plus de monde aux distributions alimentaires de rue.