«Au Parti socialiste (PS), nous avons toujours dit que les perspectives à long terme avancées par l’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) n’étaient pas fiables, beaucoup trop alarmistes et que, par conséquent, elles ne se réalisaient jamais.» Juste après avoir appris l’erreur de quatre milliards de francs dans les projections AVS, la conseillère nationale socialiste vaudoise Jessica Jaccoud fanfaronnait presque un peu sur nos plateformes. Légitimement? Un coup d’œil dans le rétroviseur lui donne en tout cas raison.
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Nous sommes le 13 septembre 2022, quelques jours avant la votation sur la réforme AVS21 acceptée de justesse par la population — un résultat aujourd’hui remis en question par une avalanche de recours. Stéphane Rossini, directeur de l’OFAS et ancien conseiller national socialiste valaisan, est mis face aux critiques d’un certain Pierre-Yves Maillard par la presse.
«L’OFAS ne noircit pas le tableau»
Celui qui est aujourd’hui sur la sellette défend à cette époque bec et ongles les calculs de son office, même si ceux-ci sont décriés par sa propre famille politique. «24 heures» cuisine le haut fonctionnaire dans une interview fleuve: «Est-ce que l’AVS va dans le mur ou est-ce l’OFAS qui noircit le tableau?»
Le principal intéressé, dont il est peu dire que certaines de ses réponses ont mail vieilli, ne se défile pas: «Ni l’un ni l’autre. L’AVS doit être révisée. J’espère que ce sera avec AVS21. Depuis 1947, on a toujours trouvé des solutions pour que le premier pilier évolue et soit pérenne. L’AVS n’ira donc pas dans le mur et l’OFAS ne noircit pas le tableau. Sa mission est de fournir des aides à la décision, au travers de perspectives financières. Nous fournissons en quelque sorte des béquilles pour réfléchir.»
«Un travail rigoureux et systématique»
Toujours dans cet entretien daté d’il y a presque deux ans, le grand quotidien vaudois invoque sur le ring le poids lourd du parti à la rose vaudois. «Pierre-Yves Maillard dit que vos chiffres sont 'trompeurs' et que vous les avancez 'par loyauté' au Conseil fédéral. Qui croire?», demandent malicieusement nos confrères.
Stéphane Rossini, dont les fameuses «béquilles pour réfléchir» évoquées précédemment se sont révélées a posteriori peu soutenantes, paraît interloqué: «Je suis surpris de ces critiques, qui ne sont jamais apparues au cours du processus de révision au Parlement. L’OFAS n’élabore pas les perspectives financières en fonction de l’agenda politique. La démarche est très structurée et formalisée. Des données démographiques et économiques sous-tendent nos projections et proviennent de différentes sources officielles de la Confédération. C’est un travail rigoureux et systématique, qui n’est pas bricolé en fonction d’une votation.»
L’enquête administrative en cours annoncée par la conseillère fédérale socialiste Elisabeth Baume-Schneider devra expliquer pourquoi cette «démarche», pourtant si «structurée et formalisée», a accouché d’un fiasco. Et si cette sortie de route doit être imputée à quelqu’un. Au hasard, au chef de l’OFAS, comme le murmure (pour l'instant?) des parlementaires de tous bords politiques.