4'000'000'000 de francs. C'est le montant des dépenses de l'AVS qui a été surestimé dans les projections de la Confédération. Stéphane Rossini, le directeur de l'Office fédéral des assurances sociales (OFAS), a dû reconnaître cette semaine que son administration a présenté des perspectives financières plus sombres que la réalité pendant des années.
La ministre de l'Intérieur Elisabeth Baume-Schneider a ouvert une enquête administrative suite à cette erreur de calcul. Sur la scène politique, l'Union syndicale suisse, les Vert-e-s et les Femmes socialistes remettent en cause la validité de la votation de 2022 sur l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes de 64 à 65 ans. Plusieurs recours ont ainsi été déposés dans le but de procéder à un nouveau vote.
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La gauche est en effet convaincue que les prévisions erronées ont été déterminantes dans le soutien de la population à l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes. Des projections conformes à la réalité auraient peut-être pu changer la donne étant donné le résultat très serré (oui 50,5%).
Économiesuisse relativise
Les représentants de l'économie voient les choses différemment. Selon eux, il n'y a aucune raison de répéter la votation sur AVS21. «La situation de départ n'a pas fondamentalement changé», déclare la directrice d'Économiesuisse, Monika Rühl, interrogée par Blick.
Avec ou sans erreur de calcul: l'AVS a un problème de financement, le résultat de la répartition sera négatif dans quelques années et la Suisse a besoin d'une réforme d'ici à fin 2026. Monika Rühl enfonce le clou: «L'évolution démographique est tellement claire que le débat politique ne changera pas à cause de cette erreur de calcul.»
Une amélioration de 4 milliards de francs est certes importante, mais au vu des dépenses attendues d'environ 60 milliards, ce montant peut être fortement relativisé. «Les chiffres ajustés ne bouleversent pas le système de l'AVS», Monika Rühl. La directrice d'Économiesuisse prend même la défense des fonctionnaires: «L'erreur de calcul de l'AVS est très regrettable. Mais nous ne devrions pas en vouloir à l'OFAS». Des erreurs peuvent se produire partout.
Les patrons ne veulent pas revoter
Même son de cloche du côté de Roland A. Müller, directeur de l'Union patronale suisse (UPS). Ce dernier ne veut pas non plus retourner aux urnes: «AVS 21 est un gain pour le système et les citoyens», martèle-t-il.
Certes, la pression pour prendre des mesures rapides de financement diminue quelque peu au vu des nouveaux chiffres. Mais le tableau général ne change guère. Roland A. Müller ajoute: «L'AVS a un problème structurel et a besoin de réformes fondamentales pour stabiliser son financement à long terme.» Reste qu'il faudrait d'abord disposer des chiffres de l'OFAS, correctement mis à jour, pour pouvoir discuter de la mise en œuvre et du financement.
L'USAM sermonne l'OFAS
Quant au directeur de l'Union suisse des arts et métiers (USAM), Urs Furrer, il exige que l'OFAS fasse ses «devoirs» et présente la réforme structurelle nécessaire sur la base de données vérifiées.
L'USAM critique aussi l'administration fédérale dans le cadre de la 13e rente: «Malheureusement, l'OFAS persiste dans son projet précipité d'imposer aux PME et aux employés des cotisations salariales plus élevées dans le cadre d'une procédure d'urgence.»
Urs Furrer s'oppose fermement à ce projet. Le financement de la 13e rente doit être résolu par le biais d'une «réforme minutieuse et globale».