Accusé de viol, l'islamologue a dès l'ouverture de son procès à Genève ce lundi contesté les faits reprochés. Tariq Ramadan a souligné que la plaignante, que les médias ont surnommée Brigitte, est celle qui a cherché à entrer en contact. Lui ne la connaissait pas. Il a rappelé avoir reçu d'elle, avant même leur première rencontre, des dizaines de messages sur différents réseaux, dans lesquels elle déclarait le trouver séduisant et sexy.
L'islamologue a même parlé de harcèlement en évoquant le comportement de son accusatrice. Car les messages ont continué à affluer après le viol présumé. Et leur teneur n'avait pas changé. La plaignante y laissait entendre qu'une relation demeurait possible. Nulle référence à un viol ou à des violences qu'elle aurait subis.
Tariq Ramadan a raconté au tribunal avoir rencontré la plaignante dans le lobby de l'hôtel où il logeait. Il a avoué avoir été intrigué par cette femme «dotée d'esprit». Après une à deux heures de discussion, l'islamologue a dit être remonté dans sa chambre, pour entendre, peu de temps après, son accusatrice frapper à la porte.
L'islamologue l'a laissée entrer. Elle est alors allée à la salle de bain pour en ressortir en nuisette quelques instants après. Des caresses sont échangées. Mais l'atmosphère s'est refroidie quand Tariq Ramadan a aperçu des taches de sang sur ses habits et les draps, signes qu'elle avait ses règles. Tout s'est alors arrêté.
Aux yeux de Tariq Ramadan, les accusations dont il est l'objet sont le fait d'une femme éprise, mais qui n'a pas obtenu ce qu'elle voulait. «Je l'ai éconduite et sa vengeance a été de vouloir me faire tomber». Elle a menti au point de détruire un homme et toute sa famille.
«En opposition idéologique avec moi»
Tariq Ramadan, qui est également accusé de viol par quatre femmes en France, s'est aussi interrogé sur ce torrent d'attaques dont il fait l'objet. «Toutes les plaignantes se connaissaient», a-t-il souligné. Elles sont également entrées en contact avec des personnes «en opposition idéologique avec moi», comme Caroline Fourest.
L'islamologue a admis avoir proféré un seul mensonge devant les enquêteurs suisses et français dans tout ce dossier, celui de ses relations extraconjugales qu'il avait réfutées dans un premier temps. Aujourd'hui, avec ce procès, «je veux que mon honneur soit restitué, j'attends que mon innocence soit reconnue».
Parmi les témoins de moralité qui sont appelés à comparaître mardi figure l'humoriste français Dieudonné. La plaignante lui aurait confié avoir couché avec Tariq Ramadan sans jamais parler d'un viol, de violences ou d'injures qu'elle aurait subis de la part du théologien.
«Dieudonné, j'ai dû le croiser trois fois dans ma vie», a déclaré Tariq Ramadan. «Je ne l'ai plus vu depuis une dizaine d'années», a ajouté l'islamologue, indiquant ne le considérer ni comme un ami ni comme un adversaire idéologique. Dieudonné avait dénoncé la façon dont avait été traité Tariq Ramadan lorsqu'il a été détenu en France.
Le procès se poursuit mardi avec l'audition de Dieudonné, puis de «Brigitte», et enfin des témoins de moralité. Le réquisitoire du Ministère public est programmé mardi après-midi.
(ATS)