Cette décision laisse un blanc-seing incompréhensible à la presse et un appel a été déposé, relève pour sa part Guerric Canonica, l'un des avocats qui défend les intérêts de Tariq Ramadan dans cette affaire, aux côtés de Yaël Hayat et Théo Badan.
L'article controversé était paru dans l'hebdomadaire français «Le Point» en novembre 2018. Le journaliste, s'appuyant sur un rapport du Conseil d'Etat genevois, avait écrit que Tariq Ramadan avait eu des relations sexuelles avec certaines de ses élèves à l'époque où il enseignait à l'école genevoise.
Dans son jugement, le tribunal note que le rapport du gouvernement sur lequel s'est fondé le journaliste «contient un certain nombre d'éléments incriminant» Tariq Ramadan. D'anciennes élèves de l'islamologue évoquent ainsi des attouchements et des propositions à connotation sexuelle alors qu'elles étaient encore mineures.
Deux autres anciennes élèves précisent aussi dans ce rapport avoir entretenu à plusieurs reprises des relations sexuelles avec Tariq Ramadan une fois leur majorité atteinte. L'islamologue reproche à l'article du journaliste du «Point» d'induire qu'il aurait couché avec des élèves mineures, contrairement à la vérité.
Une phrase au centre de l'attention
Un sous-titre indiquait ainsi que l'islamologue a eu des relations sexuelles avec certaines de ses élèves, âgées de 15 à 18 ans. Aux yeux du tribunal, cette phrase «peut inclure tant les élèves majeures ayant entretenu des rapports sexuels avec Tariq Ramadan que les mineures ayant subi des attouchements sexuels de sa part».
«Tous ces comportements peuvent être qualifiés de relations sexuelles au sens large, quand bien même il pourrait s'agir en partie, juridiquement, d'actes d'ordre sexuel avec des enfants, expression guère moins offensante», écrit le Tribunal de police dans son jugement.
Pour le juge du Tribunal de police, le sous-titre controversé, dont l'auteur n'est pas le journaliste mais un secrétaire de rédaction, bien que simplificateur, n'est pas en contradiction avec le rapport du Conseil d'Etat genevois sur Tariq Ramadan, «dont les témoignages recueillis font partie intégrante».
Le Tribunal de police acquitte ainsi le journaliste et condamne Tariq Ramadan aux frais de la procédure. Il condamne aussi l'islamologue à verser au journaliste plus de 21'000 francs «à titre d'indemnité pour les dépenses occasionnées par l'exercice raisonnable de ses droits de procédure».
(ATS)