De nouveaux cas inquiètent la France
La fièvre du Congo peut-elle gagner la Suisse?

La fièvre hémorragique Crimée-Congo, transmise par des tiques et potentiellement mortelle, pourrait-elle émerger en Suisse? La détection récente du virus en France suscite des préoccupations malgré un faible risque de transmission actuel.
Publié: 17.06.2024 à 09:08 heures
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Dernière mise à jour: 16.07.2024 à 21:55 heures
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Comme pour d'autres maladies telles que la dengue, le virus se retrouve désormais dans des pays où il était absent.
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AFP Agence France-Presse

La fièvre du Congo, une maladie parfois mortelle et transmise par certaines tiques, pourrait-elle émerger chez nous? La question se pose car le virus a récemment été repéré à deux reprises chez nos voisins français. C'est une maladie qui touche à la fois des animaux, notamment des élevages bovins, et des êtres humains. Désignée plus précisément comme «fièvre hémorragique Crimée-Congo», elle est causée par un virus généralement transmis par des morsures de tiques.

C'est la tique «Hyalomma marginatum», aux pattes rayées et à la taille particulièrement grande – près d'un centimètre – qui peut faire passer le virus d'un individu ou d'un animal à l'autre, via le sang qu'elle a absorbé. La majorité du temps, une personne infectée n'a pas ou peu de symptômes, ces derniers s'apparentant à une petite grippe. Mais la maladie peut parfois dégénérer en «fièvre hémorragique», avec des saignements incontrôlés. Elle peut alors être mortelle dans 10% à 40% des cas, selon les chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Ce risque doit toutefois être relativisé car il dépend largement de l'état du système de santé, très variable entre pays riches et en voie de développement. Aucun traitement n'a, par ailleurs, vraiment fait ses preuves contre cette maladie. Il n'y a donc guère d'autre choix que de la laisser suivre son cours en cherchant à apaiser les symptômes.

La maladie se rapproche

Ce virus a été détecté en France à deux reprises ces derniers mois. D'abord dans les Pyrénées-Orientales, fin 2023, puis en Corse, début 2024. Jusqu'alors, malgré la présence avérée de tiques géantes dans de multiples départements, rien n'indiquait que le virus soit, lui, présent en France. La maladie circule en revanche depuis des décennies en Afrique, au Moyen-Orient et dans les Balkans. A la frontière entre ces dernières régions, la Turquie a particulièrement été frappée, parfois avec un millier de cas par an.

Mais, comme pour d'autres maladies telles que la dengue, le virus se retrouve désormais dans des pays où il était absent. Quelques cas humains de fièvre du Congo sont ainsi enregistrés en Espagne depuis une dizaine d'années. «Le changement climatique est avéré comme l'un des facteurs qui favorise la circulation du virus», rappelle une étude parue en 2023 dans la revue Emerging Infectious Diseases.

Des observations en Suisse

Le virus n'a pour l'heure été repéré en France que dans des tiques géantes. Un seul cas de fièvre hémorragique a été recensé dans le pays, et le patient l'avait manifestement contractée à l'étranger.

En Suisse, des observations ont lieu depuis des années. Selon Werner Tischhauser vice-président de la Ligue suisse contre les tiques, interrogé par Blick, la tique géante est «importée» d'Afrique en Europe par les oiseaux migrateurs. En revanche, sa propagation n'est pas surveillée dans notre pays. «Elle a lieu, mais elle n'intéresse tout simplement personne ici», critique-t-il.

La tique géante qui préfère les grands animaux choisit son hôte de manière sélective. «A ma connaissance, les espèces exotiques ont souvent été découvertes sur des chevaux au niveau de la queue», explique Werner Tischhauser. «Un monitoring possible pourrait être que les propriétaires de chevaux recherchent les parasites, les mettent dans une boîte et les montrent au vétérinaire. Dans l'idéal, les résultats seraient signalés à un organisme supérieur.»

Comment s'en prémunir?

Même si le risque de transmission à l'humain est pour l'heure jugé faible, les autorités sanitaires appellent déjà à des précautions de bon sens. «La principale manière de se protéger contre la fièvre hémorragique Crimée-Congo est d'éviter les piqûres de tique en adoptant les mesures de protection individuelle, au printemps et en été, dans les lieux où la tique est installée», souligne de son côté l'agence Santé publique France.

Ces précautions sont de toute façon utiles contre d'autres maladies transmises par les tiques, telles celle de Lyme. Ainsi, dans les endroits exposés, il vaut mieux porter des chaussures et des vêtements couvrants, puis une fois de retour chez soi, examiner avec attention si une tique n'est pas installée sur sa peau.

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