Invasion en Europe
Voici ce qui rend la tique géante si effrayante

La tique tropicale Hyalomma se propage en Europe. En Suisse, les chiffres ne sont pas surveillés. Et bien qu'aucun cas de piqûre n'ait été signalé, doit-on prendre des mesures?
Publié: 10.05.2024 à 08:00 heures
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Dernière mise à jour: 10.05.2024 à 13:51 heures
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L'hyalomma marginatum (à droite) comparé à la tique indigène. L'hyalomma peut mesurer jusqu'à deux centimètres de long et ses pattes sont remarquablement rayées.
Photo: IMB / Lidia Chitimia-Dobler
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Sandra Meier

Ce qui semble sortir d'un film d'horreur est également une réalité en Europe. En effet, de plus en plus de spécimens de tique géante tropicale (Hyalomma marginatum de son nom latin) ont été observés en Autriche la semaine dernière, selon les médias du pays. 

La différence avec une tique originaire d'ici? Aidée par une vision allant jusqu'à neuf mètres, la tique géante n'attend pas que sa proie vienne à elle, elle la chasse activement et parvient à suivre son rythme en marchant. Elle court donc plus vite que nos tiques «paresseuses». «Un sprinter absolu», comme explique Werner Tischhauser, vice-président de la Ligue suisse contre les tiques, interrogé par Blick. «Leurs yeux sont en outre beaucoup sont beaucoup plus développés que ceux des tiques indigènes.»

Hyalomma se traduit en effet par «œil de verre». L'expert décrit les yeux comme «un véritable organe» qui serait «beaucoup plus développés que ceux des tiques indigènes» et non comme un «amas de cellules (…) qui ne peuvent faire la différence qu'entre le clair et le foncé». La tique géante est de plus jusqu'à trois fois plus grande que celle dont on a l'habitude. Ses pattes rayées sont caractéristiques. Le parasite peut transmettre des maladies tropicales dangereuses comme la fièvre de Crimée-Congo.

La propagation n'est pas surveillée en Suisse

En Suisse aussi, des observations ont lieu depuis des années. Selon Werner Tischhauser, la tique exotique Hyalomma est «importée» d'Afrique en Europe par les oiseaux migrateurs. En revanche, sa propagation n'est pas surveillée dans notre pays. «Elle a lieu, mais elle n'intéresse tout simplement personne ici», critique-t-il.

Werner Tischhauser s'engage dans la prévention contre les tiques. Actuellement, il s'agit selon lui de coups de chance lorsqu'une tique géante est trouvée dans la nature. Selon les experts, il y a certes eu des demandes auprès du Fonds national suisse pour financer la recherche sur les tiques, «mais elles n'avaient aucune chance face à la biotechnologie, où le profit est roi».

La tique géante qui préfère les grands animaux choisit son hôte de manière sélective. «A ma connaissance, les espèces exotiques ont souvent été découvertes sur des chevaux au niveau de la queue», explique Werner Tischhauser. «Un monitoring possible pourrait être que les propriétaires de chevaux recherchent les parasites, les mettent dans une boîte et les montrent au vétérinaire. Dans l'idéal, les résultats seraient signalés à un organisme supérieur.»

Les hivers doux renforcent la propagation

Le 1er mai, un homme âgé est mort en Espagne de la fièvre de Crimée-Congo à la suite d'une piqûre d'Hyalomma. Toutefois, Werner Tischhauser n'a jusqu'à présent pas connaissance d'un cas où quelqu'un aurait été piqué par une tique géante en Europe centrale. Avec le changement climatique, la tique devrait continuer à se propager. Plus les hivers seront doux, plus les parasites pourront survivre.

Werner Tischhauser déclare: «Il n'y a pas encore de raison de s'inquiéter à court terme.» Jusqu'à présent, selon l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), personne n'a été infecté par le virus Crimée-Congo en Suisse. L'expert parle actuellement encore d'un «phénomène absolument marginal». Mais à moyen terme, la tique géante pourrait devenir un problème: «Avec un décalage dans le temps, il se manifestera et nous ne l'aurons pas vu venir.» Il existe dans le monde de nombreuses espèces de tiques «malfaisantes» qui ne nous concernent pas encore. «L'Hyalomma est celle dont on pense le plus qu'elle va devenir gênante et dangereuse. Cela nous occupera sérieusement dans un avenir pas trop lointain.»

Mais Werner Tischhauser souligne également le danger des tiques locales. Fin avril, 46 infections par la FSME avaient déjà été signalées. Selon les experts, le nombre de cas est 2 à 3,5 fois plus élevé que les deux années précédentes. «La vaccination existe depuis plus de 40 ans, mais seul un tiers de la population est vaccinée!» C'est ce qui l'inquiète actuellement plus que la tique géante.

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