De l'anesthésie pour chevaux au dance floor
Pourquoi la kétamine a de plus en plus la cote chez les fêtards suisses?

La consommation de la kétamine serait en hausse chez les jeunes fêtards suisses. D'où vient cette mode (car c'en est une), quels sont les effets et les risques? On esquisse quelques explications en bref.
Publié: 14.04.2024 à 19:16 heures
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Dernière mise à jour: 15.04.2024 à 11:47 heures
Les jeunes fêtards suisses seraient de plus en plus amateurs de kétamine.
Photo: Shutterstock
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Daniella GorbunovaJournaliste Blick

C'est la nouvelle coqueluche des teufeurs un peu partout dans le monde — et la Suisse ne fait de toute évidence pas exception. La kétamine est, de base, un psychotrope utilisé principalement comme anesthésiant (y compris pour les chevaux), et plus récemment pour ses effets antidépresseurs prometteurs. Mais, depuis les années 1990, cette poudre est aussi employée à usage récréatif.

La consommation de la K, comme on la surnomme, serait actuellement en hausse chez les jeunes fêtards suisses, comme l'a relevé la RTS lors de l'émission de 19h30 du samedi 13 avril. Selon Infodrog, ou la Centrale nationale de coordination des addictions, mise en place par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), «la prévalence de la consommation de kétamine» sur une année «s’élevait en moyenne à 20% entre 2012 et 2022», parmi les personnes suivies par les études. «Une légère hausse avait été enregistrée pendant les dernières années», note l'instance.

Qu'est-ce qui pousse de plus en plus de gens à tester la kéta en soirée, malgré les risques (parfois mortels) que cela implique? Pour rappel, une overdose de cette poudre blanche a par exemple coûté la vie à Matthew Perry, ou Chandler de la série «Friends», à la fin de l'année dernière. On fait un point (non exhaustif) de la situation.

Moins chère que la coke

Combien coûte la kétamine, lorsqu'elle est achetée sur le marché noir en Suisse? Est-ce que la hype du produit est liée à son prix?

À la lecture de divers jugements rendus pour des infractions à la loi fédérale sur les stupéfiants, liées à cette drogue en particulier, il semblerait qu'un gramme de kétamine coûte entre 50 et 60 francs dans nos contrées. Ce qui rend cette drogue légèrement moins chère que la cocaïne, par exemple, qui coute environ 100 francs le gramme.

Fashion victime

Autre facteur qui peut expliquer la popularité montante de la K: la mode (et tout ce qui va avec). D'après un article du magazine français «Les Inrockuptibles», le «Kétamine chic» serait même devenu un «style vestimentaire», popularisé en 2022 par un article du média Dazed intitulé «Comment le kétamine chic est devenu le nouveau héroïne chic», en référence au look grunge à la 1990 ou à des icônes comme Kate Moss.

À noter que, aujourd'hui, plus aucun résultat de recherche n'existe pour le hashtag #ketaminechic sur Instagram. Les posts intégrés dans l'article de Dazed, pour illustrer cette nouvelle tendance, ont, eux aussi, disparu du réseau social de Meta depuis (probablement à la suite de signalements).

Atteindre l'insoutenable légèreté

Mais, effet de mode ou pas, si les gens se risquent à prendre de la kéta en festoyant, c'est surtout pour ses effets. Quels sont-ils, lorsque la drogue est prise dans un cadre festif (et donc souvent avec de l'alcool, ou même d'autres substances)?

Sédative, la kétamine provoque une sorte d'anesthésie dissociative, qui donnerait l'impression de flotter ou d'être comme en dehors de son corps. Un témoignage recueilli par la RTS parle même d'un certain oubli de soi: «On n'a plus d’égo, on n'a plus d’identité, on ne sait plus qui on est.»

Le «K-hole» (ou même la mort)

À doses trop élevées, les choses peuvent vite dégénérer: «La kétamine peut entraîner une déréalisation, c’est-à-dire un détachement de la réalité, et pousser à prendre des décisions dangereuses», selon un témoignage paru dans le média Vice.

Pire encore: d'après l'article des «Inrockuptibles», «le principal risque lié à la consommation de kétamine est le «K-hole», un terme non médical pour décrire l’équivalent d’un trou noir. Pendant 10 à 45 minutes, la personne peut être incapable de bouger, vivre une expérience de mort imminente ou se montrer très agitée. Le danger immédiat? Faire une chute mortelle.

À moyen et à long terme? «Les risques de la consommation répétée, c’est d'entrer dans une dépendance», explique Jalel Araiedh, médecin au service de médecine des addictions au CHUV à Lausanne, à nos confrères de la RTS. Et le docteur d'ajouter: «Il peut également y avoir un impact au niveau du corps, sur la vessie notamment. On peut arriver jusqu’à se faire opérer et changer de vessie.» Lorsqu'on ne fait pas tout simplement une overdose, qui peut facilement s'avérer fatale. Surtout dans les cas de mélange avec l'alcool ou d'autres drogues.

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