En passant le pas de la porte, je le vois vider ses poches dans une poubelle: des seringues et des aiguilles à profusion. «Lui, on le surnomme Chino. Il prend surtout du crack et de l'héro. S’il a l’air en forme, 'bien en chair', contrairement aux autres, c’est parce qu’il sort de prison aujourd’hui», m’explique Marine, collaboratrice sociosanitaire. Nous sommes le lundi 4 décembre. Il est environ 20h30.
Dehors, les premières neiges. Un vent glacial. Chino vient d'arriver au sleep-in du Quai 9, un hébergement d’urgence pour toxicomanes mis en place par l'association Première ligne. L'abri compte douze places, et se niche dans le quartier des Grottes à Genève. Juste en face de la gare Cornavin.
«La prison, c’est un peu comme une cure de désintox, pour les consommateurs de crack et de drogues dures. Mais ils replongent vite, dès qu’ils sortent, en général…», ajoute encore la jeune femme, qui travaille avec les addicts de la Cité de Calvin depuis quelques mois.
Situé derrière la gare de Genève, dans le quartier des Grottes, le Quai 9 est un «un espace d’accueil et de consommation à moindres risques, ouvert tous les jours de 11h30 à 14h30, et de 15h15 à 19h.» L'accueil est «inconditionnel», pour toute personne majeure. La structure reçoit en moyenne 80 consommateurs par jour.
Une fois la nuit tombée, dès 20h30, l'espace d'accueil se transforme en hébergement d'urgence et dispose de douze lits, intégralement occupés tous les soirs, de manière générale. Ce sleep-in a été mis en place en février 2023.
Le Quai 9 emploie, au total, une vingtaine de collaborateurs et collaboratrices. Dont une dizaine œuvre, à tour de rôle, au sleep-in, de 20h30 à 7h du matin. Trois personnes sont de garde chaque soir, dont deux toute la nuit.
Situé derrière la gare de Genève, dans le quartier des Grottes, le Quai 9 est un «un espace d’accueil et de consommation à moindres risques, ouvert tous les jours de 11h30 à 14h30, et de 15h15 à 19h.» L'accueil est «inconditionnel», pour toute personne majeure. La structure reçoit en moyenne 80 consommateurs par jour.
Une fois la nuit tombée, dès 20h30, l'espace d'accueil se transforme en hébergement d'urgence et dispose de douze lits, intégralement occupés tous les soirs, de manière générale. Ce sleep-in a été mis en place en février 2023.
Le Quai 9 emploie, au total, une vingtaine de collaborateurs et collaboratrices. Dont une dizaine œuvre, à tour de rôle, au sleep-in, de 20h30 à 7h du matin. Trois personnes sont de garde chaque soir, dont deux toute la nuit.
Chino se dirige vers l'une des trois salles de consommation — celle où on se pique. Les manchettes des journaux l’ont assez martelé: le nombre de consommateurs de crack a doublé à Genève, entre 2021 et 2022. Et les chiffres ne semblent pas à la baisse cette année.
Une problématique qui touche particulièrement le quartier des Grottes, dont les riverains déplorent une insécurité croissante, due à la scène ouverte de la drogue. Dans son projet initial de budget pour 2024, l'État devait ainsi allouer 4,3 millions à l'association Première ligne pour gérer le phénomène. Mais la Commission des finances du Grand Conseil a sorti les ciseaux: finalement, l'association ne bénéficiera «que» de 3 millions de francs.
Le «fléau du crack», donc, entend-on de toutes parts. Mais de quoi et de qui parle-t-on exactement? Qui sont ces «crackhead»? En réalité, ils ne prennent jamais que du crack, ai-je appris pendant ma visite au Quai 9.
Face à ces polytoxicomanes, il y a ceux qui tentent de les aider. À quoi ressemble le quotidien de ces travailleurs sociaux? Autant de questions auxquelles j'ai voulu trouver réponse en passant un bout de la nuit avec eux.
Sami, Laurent et Youri — trois «camés», habitués du sleep-in — ont accepté de me parler de leur relation à la drogue, et à ce lieu de répit (Chino n'a pas voulu se confier). Spoiler: Non, ce ne sont pas (tous) des spécimens incontrôlables et violents. Souvent, même, ils semblent n'être qu’à un incident de parcours près d’une vie «normale».
Entre les aiguilles, les mains ensanglantées, les aphtes et les effluves de cocaïne, c’est peut-être ce dernier constat qui fait le plus froid dans le dos. Voici trois récits de vies déchirées, sans filtres.
«Ils n'arrivent pas à se reposer s'ils sont en manque»
À 20h, Marine et ses deux autres collègues de garde ce soir — Alex et Stephan — entament la transformation du Quai 9 en dortoir. On pousse les tables. On fait rouler les douze couchettes d’appoint, entassées sur un charriot, au milieu de la (petite) salle: c’est aux bénéficiaires de monter leur propre lit.
Lorsque l'horloge indique 20h30, les portes s’ouvrent — trois personnes attendent devant. Sept autres arriveront au cours de la soirée: que des hommes. S'ils sont là ce soir, c'est pour tenter de (re)trouver un semblant de normalité, et un peu de repos, le temps d'une nuit.
Crack banni en journée depuis le mois de juin, le Quai 9 autorise néanmoins sa prise dans ses locaux de consommation le soir (ainsi que d'autres drogues), jusqu'à une heure du matin — glas qui sonne l'extinction des feux.
Alex m'explique pourquoi: «Beaucoup n'arrivent pas à se reposer s'ils sont vraiment en manque. Donc interdire la prise de crack dans nos locaux le soir ne ferait pas vraiment sens, contrairement à la journée. En revanche, on insiste sur le fait que s'ils veulent venir ici, c'est pour se reposer avant toute chose. On ne les laisse pas abuser.»
Le travailleur social enchaîne: «Et ça marche bien. C'est plutôt calme, niveau ambiance, en général, le soir. Il n'y a eu qu'une seule overdose — non mortelle — depuis que le sleep-in a ouvert, en février dernier.»
«On m’a fait tester la cocaïne quand j’avais quinze ans»
«Bah alors, ça fait un bail qu'on t'a pas recroisé, toi!» lance Alex à un homme qui vient de passer le pas de la porte. Il se fait appeler Sami, et il vient de sortir de prison ce soir. Il a purgé quatorze mois, pour des amendes non payées, liées à sa consommation de drogue.
Dans un coin de la petite salle-dortoir, après avoir installé sa couchette, il accepte de me raconter un peu sa vie. «Je consomme de la drogue depuis que j’ai onze ou douze ans. Aujourd’hui, j’en ai 48. Ç'a commencé avec l’alcool et l’herbe. Puis, on m’a fait tester la cocaïne quand j’avais quinze ans — c’était un pote à mon grand frère qui m’en a proposé. J’ai accroché direct.»
«Un jour, à la même époque, j’ai pris trop de coke, je me sentais vraiment mal. Ce même mec m’a alors dit: 'prends un peu d’héroïne, ça va te faire redescendre'.» Il gratte l'arrière de son crâne chauve, de manière un peu compulsive. «C’est ce que j’ai fait. C’est comme ça que mon cercle vicieux avec la drogue a commencé.»
Comme la plupart des consommateurs présents ici ce soir, il dit qu'il veut s'en tirer. «Grâce à la taule, j’ai arrêté le crack et la coke. Je ne veux plus toucher à cette merde. Je prends encore de l’héroïne, mais demain, je commence un traitement avec un suivi médical pour essayer de tout arrêter.» Une petite lueur d'espoir dans ses yeux fatigués.
Le crack est une forme hautement addictive de cocaïne. Il se présente sous forme de cristaux ou de petits cailloux. Il peut être fumé, sniffé ou injecté.
Cette drogue provoque des sensations rapides et intenses, mais de courte durée (dix à quinze minutes). Ce qui incite les utilisateurs à en consommer souvent et en grandes quantités. Les effets immédiats incluent une euphorie intense, une augmentation de l'énergie et de la confiance en soi. Mais ils sont rapidement suivis par une «descente»: un sentiment de dépression sévère, qui incite à consommer à nouveau.
Les risques liés à l'usage de crack sont multiples. Sur le plan physique, il peut entraîner des problèmes cardiovasculaires, des crises cardiaques, des convulsions, une perte d'appétit sévère et une détérioration rapide de la santé générale. Sur le plan psychologique, l'abus de crack peut causer des hallucinations, des troubles de l'anxiété, de la paranoïa, voire des épisodes psychotiques.
La «coke du pauvre»
Quelle est la différence, entre la cocaïne et le crack? Si on surnomme le crack «la coke du pauvre», ce n'est pas pour rien. La substance coûte 10 francs pour 50 mg, contre une centaine de francs pour un gramme de cocaïne.
La cocaïne se présente sous forme de poudre blanche. Elle est généralement inhalée ou injectée. Elle agit de manière plus lente que le crack: elle provoque des effets plus progressifs, mais plus durables.
Les effets du crack sont quant à eux plus rapides et intenses, mais aussi de bien plus courte durée. Le crack est considéré comme plus addictif en raison de la rapidité avec laquelle il atteint le cerveau, entraînant des cycles d'utilisation répétés pour maintenir l'euphorie. Aucun produit de substitution au crack n'est connu à ce jour.
Le crack est une forme hautement addictive de cocaïne. Il se présente sous forme de cristaux ou de petits cailloux. Il peut être fumé, sniffé ou injecté.
Cette drogue provoque des sensations rapides et intenses, mais de courte durée (dix à quinze minutes). Ce qui incite les utilisateurs à en consommer souvent et en grandes quantités. Les effets immédiats incluent une euphorie intense, une augmentation de l'énergie et de la confiance en soi. Mais ils sont rapidement suivis par une «descente»: un sentiment de dépression sévère, qui incite à consommer à nouveau.
Les risques liés à l'usage de crack sont multiples. Sur le plan physique, il peut entraîner des problèmes cardiovasculaires, des crises cardiaques, des convulsions, une perte d'appétit sévère et une détérioration rapide de la santé générale. Sur le plan psychologique, l'abus de crack peut causer des hallucinations, des troubles de l'anxiété, de la paranoïa, voire des épisodes psychotiques.
La «coke du pauvre»
Quelle est la différence, entre la cocaïne et le crack? Si on surnomme le crack «la coke du pauvre», ce n'est pas pour rien. La substance coûte 10 francs pour 50 mg, contre une centaine de francs pour un gramme de cocaïne.
La cocaïne se présente sous forme de poudre blanche. Elle est généralement inhalée ou injectée. Elle agit de manière plus lente que le crack: elle provoque des effets plus progressifs, mais plus durables.
Les effets du crack sont quant à eux plus rapides et intenses, mais aussi de bien plus courte durée. Le crack est considéré comme plus addictif en raison de la rapidité avec laquelle il atteint le cerveau, entraînant des cycles d'utilisation répétés pour maintenir l'euphorie. Aucun produit de substitution au crack n'est connu à ce jour.
Il se pose sur son lit de fortune pour rouler un joint, je le suis. Il lève les yeux vers moi et me dit: «Je sais que j’ai de la chance, de pouvoir venir ici. Je viens d’Annemasse, en France voisine, à l’origine. Là-bas, il n’y a rien, mais alors rien du tout de prévu pour héberger les gens comme moi.»
«Non, tu ne peux pas te piquer dans le cou ici»
Aux alentours de 21h30, Stephan, éducateur spécialisé de formation, part chercher des vivres: une boulangerie de la gare accepte de donner ses invendus à l'association. Il revient quelques minutes plus tard avec deux caisses remplies de petits pains, de pâtisseries et de sandwichs.
Un homme d'une cinquantaine d'années est accoudé au comptoir qui sépare la «cuisine» du reste de la salle, où trône la nourriture. «Il faut que tu manges un peu, Laurent, lui lance le travailleur social. Et, non, je te l'ai déjà dit: tu ne peux pas te piquer dans le cou ici sous notre surveillance. Tu sais qu'en faisant ça, tu risques de toucher ta carotide (ndlr: une des artères qui apporte le sang au cerveau) et mourir...»
Laurent va donc se piquer où bon lui semble dehors, à l'abri des regards des collaborateurs, avant de revenir, visiblement excité (mais vivant). Il m'approche: «On peut discuter, si vous voulez, juste pas devant tout le monde».
Je le suis vers les locaux de consommation: on se pose dans une petite salle vide, où il n'y a personne. D'habitude, le médecin généraliste présent une fois par semaine au Quai 9 mène ses consultations ici. Laurent ferme la porte derrière lui et s'assied.
«J’ai grandi en France, dans une situation compliquée, sans père. J’ai une formation de sommelier, de base. Mais j’ai commencé à vendre du haschich, puis de l’héroïne, à la Place du Molard quand j’avais 17 ans.» Sa jambe tremble frénétiquement. Ses bras se croisent puis se décroisent en cadence.
«Je suis hyperactif, je préfère les opiacés»
Il passe ses mains toutes écorchées et tâchées de sang plusieurs fois sur son pantalon. «C’est aussi à ce moment-là que j’ai commencé à en prendre. Comme je suis hyperactif, je préfère les opiacés, à choisir. Le crack, ça fait seulement quelques mois que j’en prends.»
Lui et la drogue, c'est «un peu les montagnes russes», d'aussi loin qu'il se souvienne. «J’ai déjà réussi à tout arrêter, pendant huit ans, carrément. C’était au moment où j’ai eu ma fille. Aujourd’hui, elle a vingt ans.»
Qu'est-ce qui l'a fait replonger? «Ma rupture avec la mère de ma fille, justement. J’ai découvert qu’elle m’avait trompé, j’ai essayé de me suicider. Puis on s’est séparés, et au bout d’un moment, elle ne me laissait plus voir ma fille. C’est là que j’ai vraiment replongé dans l’héro.»
En sortant de la petite salle, je tombe nez-à-nez avec Chino, assis à une table de consommation, sur le point de se piquer le bras. Un liquide brun dans sa seringue. «De l'héroïne», m'éclaire Stephan. Je reste tétanisée sur place quelques instants: je n'ai jamais vu quelqu'un s'injecter de la drogue (hormis au cinéma...).
«De toute façon, il ne faut pas que tu reste ici: certains m'ont dit qu'ils étaient pas à l'aise que quelqu'un d'extérieur les voit consommer». Je comprends. Je retourne dans la salle principale sans faire de vagues.
À la tête de l'association Première ligne, qui gère le Quai 9 et son sleep-in, il y a Thomas Herquel. Un riverain du quartier des Grottes comme les autres, à l'origine, qui s'est retrouvé propulsé à la direction en 2022. «Alors que la structure était en crise à l’interne, et que la consommation de crack explosait», précise-t-il.
Au plus près du problème, que ferait Thomas Herquel, pour endiguer l'épidémie de crack, si on lui donnait les clefs du Département des institutions et du numérique (DIN), qui a le plus de leviers en la matière? «Je commercerais par mettre sur la table la question, un peu tabou, de la réglementation du marché. Une bonne partie des problèmes que nous rencontrons, en tant qu’association, viennent du fait que les drogues dures sont illégales.»
Faudrait-il donc tout légaliser? «En légalisant — dans un certain cadre strict, certes — nous pourrions au moins contrôler la qualité des substances et qui y a accès. Mais surtout, cela endiguerait les problèmes de violence liés à ces drogues et au deal.»
Le directeur en est convaincu, «tant que nous n’avons pas le courage d’avoir un vrai débat à ce sujet, nous sommes condamnés à simplement tenter de perturber le marché, comme nous le faisons aujourd’hui avec la répression, au lieu de le contrôler. Mais nous n’endiguerons jamais les problématiques liées à la drogue avec les méthodes actuelles.»
À la tête de l'association Première ligne, qui gère le Quai 9 et son sleep-in, il y a Thomas Herquel. Un riverain du quartier des Grottes comme les autres, à l'origine, qui s'est retrouvé propulsé à la direction en 2022. «Alors que la structure était en crise à l’interne, et que la consommation de crack explosait», précise-t-il.
Au plus près du problème, que ferait Thomas Herquel, pour endiguer l'épidémie de crack, si on lui donnait les clefs du Département des institutions et du numérique (DIN), qui a le plus de leviers en la matière? «Je commercerais par mettre sur la table la question, un peu tabou, de la réglementation du marché. Une bonne partie des problèmes que nous rencontrons, en tant qu’association, viennent du fait que les drogues dures sont illégales.»
Faudrait-il donc tout légaliser? «En légalisant — dans un certain cadre strict, certes — nous pourrions au moins contrôler la qualité des substances et qui y a accès. Mais surtout, cela endiguerait les problèmes de violence liés à ces drogues et au deal.»
Le directeur en est convaincu, «tant que nous n’avons pas le courage d’avoir un vrai débat à ce sujet, nous sommes condamnés à simplement tenter de perturber le marché, comme nous le faisons aujourd’hui avec la répression, au lieu de le contrôler. Mais nous n’endiguerons jamais les problématiques liées à la drogue avec les méthodes actuelles.»
«J'ai commencé l'héroïne à treize ans»
Youri est assez pudique. Contrairement à mes deux précédents interlocuteurs, qui sont venus à moi tout seuls, le quarantenaire aux yeux bleus transperçants — qui a l'air plus en forme que Sami et Laurent — n'est pas certain de vouloir discuter. Finalement, il accepte, mais dehors, devant la porte.
Il est environ 22h30 lorsqu'on sort. Cigarette en main, je ne trouve pas mon briquet. Il me prête le sien. Puis il entame son histoire: «J’ai commencé l’héroïne à l’âge de treize ans. La coke et le crack, ça fait seulement deux ans que j'en prends. Il y a un mois et demi, j'avais encore un appartement. Là, j'ai tout perdu.»
Pourquoi? «J'ai rencontré une fille, qui prenait aussi de la drogue, et avec qui j'ai un peu eu le syndrome du Saint-Bernard — alors que j'avais moi même mes soucis...». Il marque une pause, puis continue: «On a eu un fils ensemble, il a 21 ans aujourd'hui. Alors que j'arrivais à calmer un peu l'héro, à un moment donné, elle, c'était l'inverse. Elle m'a entraîné dans sa chute, si on veut. Ça partait vraiment en couilles, au bout d'un moment. Elle a couché avec notre fils.»
Je m'étouffe avec la fumée de ma clope: «Pardon!?» Il enchaîne. «Oui, ça s'est mal terminé.» Je ne saurai jamais s'il dit vrai ou s'il fabule, comme pour justifier ou excuser son addiction. «Quand j'ai perdu mon logement, j'ai mis du temps, à oser venir dormir ici... à oser m'afficher comme toxico, confesse-t-il encore dans un rire nerveux. Mais là, il fait trop froid pour avoir de la fierté!»
À notre retour, à l'intérieur, tout semble plus calme. Les lumières ont été tamisées. Il y a encore du monde, dans les locaux d'injection et de fumée. Mais deux personnes semblent déjà s'assoupir, dans les couchettes.
Peu avant minuit, je quitte les lieux, un peu secouée par l'injustice et les hasards de l'existence. Sur le chemin du retour, je me demande: pourquoi, eux, ils ont «mal tourné», et pas d'autres?
Tout le monde (ou presque) a des problèmes, des traumatismes, des ruptures difficiles... Alors, qu'est-ce qui fait la différence? Une question que je ruminerai — sans y trouver réponse— jusqu'à rejoindre, à mon tour, les bras de Morphée.