Cher Valais,
Je viens d’enquêter sur tes terres et je suis fatiguée. Alors, je préfère me taire.
J’aurais pu te raconter les méandres de cette enquête au cœur de tes associations faîtières. D’abord, l’amusement, puis la colère et finalement le dépit, à force de consulter les pages web de tes comités et de ne voir apparaître sur mon écran presque que des bobines de mâles plutôt satisfaits.
J’aurais pu relater aussi mon échange téléphonique avec le président de l’une d’entre elles. J’aurais été élégante, tu sais, prenant soin de taire le nom de ce monsieur. Mais j’aurais pu te répéter sa façon de m’expliquer mon métier sur un ton paternaliste. Tu vois, même s’il n’a jamais été journaliste, il m’avait glissé quelques conseils pour mener «une enquête sérieuse, pas votre truc-là».
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J’aurais pu te dire aussi ma lassitude et mon exaspération lorsque fin juin, les 13 membres de la Chambre du tourisme valaisan (CVT) ont décrété qu’il serait de bon ton que de se choisir pour président, un homme condamné pour harcèlement sexuel et propos grossiers. Qu’importe, si l’ancien conseiller national allait devenir le chef indirect de celle qu’il avait agressée, Yannick Buttet avait été retenu pour «ses compétences et son réseau».
Et puis, je t’aurais fait remarquer, il y a quelques semaines déjà, quand ta procureure générale refusait d’employer le terme de «féminicide» pour qualifier le drame de Vétroz, que tu filais du mauvais coton.
Mais comme je te l’ai déjà dit, je préfère me taire et laisser parler les chiffres. Je te souhaite une bonne lecture,
A.