Depuis des semaines, l'affaire Yannick Buttet agite l'actualité valaisanne. En l'occurrence, depuis que l'ancien conseiller national du Parti démocrate-chrétien (PDC) a été élu président par la Chambre valaisanne du tourisme, après avoir été condamné deux fois de manière définitive, l'une pour harcèlement sexuel, l'autre pour contrainte.
En vertu de sa fonction de membre du comité directeur de Valais Promotion, il côtoiera donc… son ancienne victime au sein de Valais Promotion.
La réputation du tourisme valaisan est en jeu
Nombreux sont ceux qui, en Valais, tirent aujourd'hui la sonnette d'alarme. Plus de 6600 personnes ont ainsi signé une pétition en ligne. Des organisations féministes et le conseiller national valaisan libéral-radical (PLR) Philippe Nantermod demandent par ailleurs la démission de Yannick Buttet. L'ancien diplomate valaisan Georges Martin craint même un risque élevé pour l'image du tourisme valaisan: «Il ne devrait plus occuper de fonction publique. Celui qui donne une fois une mauvaise image une fois, donne une mauvaise image pour toujours», estime l'ancien vice-secrétaire d'Etat du DFAE.
La Chambre valaisanne du tourisme se réunira dans le cadre d'une réunion de crise, après avoir spécialement avancé la séance d'août. Les choses pourraient alors se corser pour Yannick Buttet.
Concernant le lien hiérarchique entre Yannick Buttet et sa victime, les avis divergent. Valais Promotion indique en effet qu'en qualité de président de la Chambre valaisanne du tourisme, l'intéressé siège également au comité de Valais Promotion, en vertu de la loi cantonale. Ce qui, selon un règlement d'organisation et de fonctionnement, fait de lui un responsable hiérarchique sur les questions stratégiques, et non opérationnelles. Il n'aurait donc aucun pouvoir d'instruction sur son ancienne victime.
Mais le sujet fait quand même débat en Valais. Et la pression s'accentue autour de Yannick Buttet, venant même parfois de son ancien parti, le Centre. Les Femmes centristes exigent ainsi des explications concernant le processus ayant permis à Yannick Buttet de prendre la direction de la Chambre valaisanne du tourisme. Toutes font monter la pression à quelques jours de la réunion de crise. Car selon elles, «un récidiviste condamné pour harcèlement sexuel et contrainte ne remplit pas les conditions pour donner une image positive du tourisme valaisan».
Les femmes du Centre mettent en garde contre un «dommage considérable à l'image» et des «tensions entre interlocuteurs». Le tourisme valaisan a besoin «d'un bâtisseur et non de quelqu'un qui divise», font-elles savoir. Elles appellent désormais la Chambre du tourisme à agir: «Nous vous demandons d'élire à la présidence une personne qui rassemble les gens, évite les complications et donne l'image positive que le tourisme valaisan mérite.»
Le Conseil d'Etat valaisan continue de soutenir Yannick Buttet
Les femmes du Centre contestent également l'idée selon laquelle Yannick Buttet ne serait pas lié professionnellement à sa victime. Car selon elles, il existe bel et bien une «proximité et un rapport hiérarchique entre une personne condamnée et sa victime». Une proximité contraire au droit en vigueur, qui stipule que la santé des travailleurs doit être protégée. «Les contacts entre les deux parties sont inévitables, quelles que soient les règles internes mises en place», soulignent ainsi les femmes du Centre.
Le gouvernement valaisan, à l'exception de la chancelière – le Conseil d'État étant exclusivement composé d'hommes –, continue de son côté de soutenir le président de la Chambre valaisanne du tourisme: «Monsieur Buttet dispose des compétences nécessaires pour occuper ce poste. La Chambre valaisanne du tourisme est une entité totalement indépendante de l'Etat et a pris sa décision à l'unanimité et en toute connaissance de cause», a ainsi déclaré Christophe Darbellay, conseiller d'Etat responsable de l'économie, de la formation et du tourisme en Valais.
L'unanimité n'est toutefois plus de mise et rien n'indique que Yannick Buttet gagnera un vote de confiance. Reste aujourd'hui à définir ce qui est le plus important pour les membres du comité; les violences sexuelles ou le droit à l'oubli d'une personne condamnée
Pour la présidente des femmes du Centre, Christina Bachmann-Roth, une chose est sûre: «Yannick Buttet n'est pas le meilleur ambassadeur pour le tourisme valaisan. Le fait qu'il retrouve un emploi de prestige pendant sa mise à l'épreuve après son délit, et qu'il devienne ainsi indirectement le chef de sa victime, est un scandale.»
Yannick Buttet et la Chambre valaisanne du tourisme n'ont pas souhaité s'exprimer auprès de Blick. Les médias ne seront informés que le mardi suivant la séance.