Là où l'on trouve criminalité et gros billets, ils ne sont pas loin. Les gangs de motards hors-la-loi sont présents un peu partout dans le monde, et aussi en Suisse. Trois membres vendaient de la cocaïne à grande échelle depuis le Valais.
Dans la prison préventive de Bâle, un autre aurait payé une surveillante pour des relations sexuelles. Au cœur de la vieille ville de Berne, ils se sont battus devant le bâtiment officiel au point qu'un canon à eau a dû être déployé. Et à Genève, deux bandes rivales ont échangé des coups de feu dans un bar de Plainpalais.
Ils appartiennent aux Hells Angels, aux Broncos, aux Bandidos ou à d'autres organisations criminelles. Certains jouissent même d'un statut de célébrité, se font souhaiter leur anniversaire par des stars de la Nati comme Breel Embolo et Granit Xhaka. Ils semblent influents et puissants, mais les apparences sont souvent trompeuses.
Menaces, chantage, agressions sexuelles
Les gangs de rockers tiennent la police et les tribunaux suisses en haleine. Comme actuellement à Berne, où se déroule le procès en appel d'une violente altercation entre des gangs de rockers ennemis. Par crainte d'une confrontation entre les Hells Angels et les Bandidos au tribunal, la police se déploie en masse. Le criminologue Dirk Baier loue l'action de la police: «On voit bien que son but est d'envoyer le signal clair qu'elle veille à la loi et à l'ordre.»
Ces dernières années, plusieurs procès ont mis en lumière les agissements criminels des gangs de motards. Selon Dirk Baier, les délits suivants sont typiques: «En ce qui concerne les membres individuels, nous parlons de menaces, de chantage, de blessures corporelles. En tant que groupe, c'est surtout le trafic de drogue qui est organisé à grande échelle.»
Ertan Y.*, un ancien membre des Hells Angels, a été condamné en mai dernier à Bâle à 12 ans de prison. Parmi ses actes, outre le blanchiment d'argent, il a commis plusieurs viols et actes sexuels sur des enfants. Le condamné disposait d'un excellent réseau à Bâle. Il avait ainsi vendu plusieurs montres à l'entraîneur de l'équipe nationale suisse Murat Yakin.
«Ce sont des gens très gentils!»
Jürg Krumm, partenaire du cabinet d'avocats Landmann & Partner à Zurich, a déjà représenté quelques membres des Hells Angels devant les tribunaux. «Ce sont des gens très gentils!», déclare-t-il sans sourciller à Blick. Il estime que le groupe ne mérite pas la réputation de gang criminel. «Il y a bien sûr quelques brebis galeuses parmi les membres, comme dans toute autre organisation», dit-il.
Lorsqu'on lui fait remarquer que plusieurs membres ont été jugés pour avoir commis des délits en groupe, il répond: «Les brebis galeuses se regroupent parfois. Mais le club ne tolère pas le trafic de drogue – cela conduit à l'exclusion.» A Feuerthalen (ZH), les Hells Angels ont ouvert au printemps dernier un nouveau local au milieu du voisinage et ont invité les riverains à un barbecue. «Ils veulent montrer qu'il ne faut pas avoir peur d'eux», justifie Jürg Krumm
Mais la Fedpol arrive à une autre conclusion. Selon lui, la situation en Suisse reste très tendue, car les gangs rivaux continuent de se battre pour le territoire. L'actuel procès en appel à Berne fait suite au procès en première instance de 2022. A l'époque, les choses avaient dégénéré devant le palais de justice: les Hells Angels et les Bandidos s'étaient affrontés et des pierres avaient volé dans les airs. Le motif du procès est une rencontre violente entre les clubs de motards ennemis à Belp, dans le canton de Berne. Des coups de feu ont été tirés et plusieurs personnes ont été blessées.
«La mafia a plus de pouvoir»
Le criminologue Dirk Baier estime qu'une nouvelle escalade de ce type est peu probable: «Les groupes savent que les autorités les ont maintenant à l'œil. Cela permet de maintenir un certain calme pour le moment», explique-t-il. Selon lui, il est impossible de surveiller les gangs sans faille. «De mon point de vue, ce n'est pas non plus nécessaire.»
En outre, il ne faut pas surestimer le pouvoir des gangs de motards. Ils profiteraient certes de leurs liens étroits au niveau national et international ainsi que de leur réputation de violence, «mais d'autres acteurs du crime organisé, comme la mafia, ont une influence beaucoup plus importante.»
Les peines prononcées à l'encontre des rockeurs accusés de l'incident de Belp ont été assez légères: la plupart d'entre eux s'en sont tirés avec des peines de prison avec sursis ou des acquittements. De tels procès sont difficiles, confie Dirk Baier: «Les déclarations des victimes ne sont généralement pas disponibles, car elles ont peur des représailles. Si elles appartiennent à d'autres groupes de motards, leur code les empêche de témoigner.» Malgré la légèreté de la peine, huit des condamnés ont fait appel. C'est maintenant à la Cour suprême de décider si les preuves contre eux sont suffisantes.
*Nom modifié