Il manque une photo historique. Le cliché qui aurait transformé Elizabeth II en pasionaria alpine. Pas d’images d’archives de la défunte reine sur des skis, en train de dévaler les pentes des plus hautes montagnes d’Europe. Impossible en revanche de ne pas associer certains noms de stations suisses à la famille royale.
Médailles olympiques
Klosters, Gstaad, Verbier… Chaque hiver, ces trois noms résonnaient sous les plafonds des châteaux de Balmoral (où la monarque est décédée jeudi 8 septembre) ou de Windsor. Elizabeth II aime aussi se tenir informée de l’actualité mondiale du ski. En avril 1980, lors de sa visite officielle en Suisse, ses hôtes se voient interrogés sur les médailles obtenues aux Jeux Olympiques d’hiver qui viennent de s’achever le mois de février précédent à Lake Placid.
Problème: les skieurs confédérés n'y sont montés que cinq fois sur le podium. Sans rapporter une seule médaille d’or en ski alpin. La reine reposera à nouveau la question trente ans plus tard, lors de la cérémonie d’ouverture des JO d’été de Londres en juillet 2012, à laquelle participe la présidente de la Confédération Eveline Widmer-Schlumpf. Cette dernière confirmera avoir été interrogée par la souveraine sur Klosters, Gstaad, et la forme sportive du ski suisse.
Une passion très anglaise
Cette passion très anglaise des Alpes est bien enracinée dans la famille royale outre-Manche. Depuis 1978, Klosters accueille presque chaque hiver le prince Charles, qui y possède encore aujourd'hui un chalet et a failli y périr dans une avalanche en 1988. L'un des amis proches du nouveau roi, Son ami, le major Hugh Lindsay, y trouvera d'ailleurs la mort. En 2015, le prince y inaugura même le pont du Sunniberg-Brücke. A Gstaad, un autre souvenir pèse en revanche comme un couvercle sur le ciel neigeux: celui de Lady Diana Spencer, l’ex-épouse du Roi Charles III, décédée dans un accident de voiture à Paris le 31 août 1997.
La «princesse du peuple» comme la nommera le premier ministre Tony Blair après sa mort, est familière des pentes alpines depuis l’âge de 17 ans, en 1978. Elle y a séjourné dans un pensionnat de jeunes filles à Rougemont, l’institut Alpin Videmanette, dans le canton de Vaud, entre Gstaad et Château-d’Œx, dans le village vaudois de 900 habitants de Rougemont. Diana emportera avec elle cette passion suisse, après son mariage. Ses fils William et Harry skient à Gstaad. Le lien helvétique est solide, même si la princesse affirma plus tard, en français dans le texte, que ses années de scolarité vaudoises furent «difficiles et tristes».
Andrew, le chagrin d’Elizabeth II
L’actualité suisse plus récente a sans doute chagriné Elizabeth II. Lorsqu’en juin 2022, le chalet du prince Andrew, duc d’York et fils cadet de la reine, se retrouve mis sous séquestre par la justice en raison des accusations de viol contre celui-ci, un terrible feuilleton se termine dans les montagnes valaisannes. Depuis des mois, le mouvement #Metoo a rattrapé la famille royale. La reine a défendu le plus jeune de ses fils. Mais la vague médiatique est trop forte. La vente du chalet princier valaisan devient un enjeu de survie pour Andrew.
A Buckingham Palace, la Suisse n’est plus associée aux neiges idylliques et tranquilles. La quiétude helvétique a été remplacée par la tornade mondiale. Charles III, désormais roi à 73 ans, reviendra-t-il pour tourner la page et skier de nouveau à Klosters? A moins qu’il ne préfère, depuis la baie vitrée de son chalet, y regarder skier Georges, Charlotte et Louis, les trois enfants du Prince William et de la princesse Kate.