Cette famille est privée d'eau depuis un mois
«Je ne peux même pas faire boire un biberon à mon bébé de huit mois!»

René P. est privé d'eau courante depuis plus d'un mois. Sa commune refuse en effet de remplacer un compteur d'eau qui a été démonté par un plombier. Ce refus est aujourd'hui qualifié d'illégal par un avocat. Le bras de fer avec les autorités ne fait que commencer...
Publié: 12.06.2024 à 09:00 heures
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Depuis plus d'un mois, René P. n'a que des ennuis avec la commune de Glaris Sud.
Photo: Sandro Zulian
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Sandro Zulian

«Nous ne pouvons pas aller aux toilettes, nous ne pouvons pas cuisiner, nous ne pouvons pas prendre de douche ni nous brosser les dents. Je ne peux même pas faire boire un biberon à mon bébé de huit mois!» René P.* ne décolère pas. Depuis des semaines, ce père de famille n'a pas d'eau dans son logement. Le coupable? La commune!

La maison de quatre étages située dans le petit village de Linthal, dans le canton de Glaris, appartient pour moitié à la femme de René P. Les deux étages supérieurs appartiennent, eux, à une banque régionale.

Le compteur d'eau a été démonté puis emporté

Le malheur de la famille commence lorsqu'un plombier est mandaté entre 2021 et 2022. Celui-ci devait «préparer la maison pour l'hiver». Problème: l'artisan démonte également le compteur d'eau de la maison, avant que le dispositif ne soit «remis à la commune de Glaris Sud», indique la facture finale. Or personne n'avait donné l'ordre au plombier de démonter le compteur d'eau. Ce qui ne sera pas sans conséquence. En effet, pas de compteur d'eau, pas d'eau tout court.

Jusqu'à présent, le manque d'eau ne posait pas problème, car René P. et sa famille n'habitaient pas dans la maison ces dernières années. Mais le nouvel emploi de sa femme a rendu le raccordement en eau indispensable.

L'affaire dure depuis un mois déjà

René P. s'est donc empressé de signaler l'absence de compteur d'eau à la commune et a demandé qu'il soit remplacé. Mais rien n'a été fait. Les autorités font la sourde oreille, laissant la famille sur le carreau.

Aujourd'hui, l'affaire s'éternise. La commune exige en effet une installation du réseau. Or, «il y a toujours un raccordement à la maison. Seul le compteur d'eau manque!» s'étrangle le père de famille.

La commune veut également obtenir des deux copropriétaires une déclaration d'accord pour la «séparation de l'installation». Pour obtenir à nouveau de l'eau, la banque régionale, copropriétaire de la maison, doit donc, elle aussi, valider la procédure, selon le directeur du service des eaux: il est «décisif pour le calcul des taxes de savoir si deux appartements ou un seul appartement ont un raccordement en eau».

«La commune n'a pas le droit de refuser l'eau»

René P. bénéficie désormais de l'aide de Daniel Santini, du cabinet d'avocats Santini à Seon (AG). Et selon cet expert, le simple fait de ne pas avoir d'eau, c'est déjà un problème.

«La commune n'est pas habilitée à refuser le remplacement du compteur d'eau ou la fourniture d'eau» renchérit l'avocat, spécialisé dans le droit de la construction et le droit du bail. Et d'ajouter: «Selon le règlement de la commune, il existe un droit d'approvisionnement en eau. Le remplacement des compteurs d'eau est l'affaire du service des eaux compétent. Et dans le cas de René P, il ne s'agit ni d'une modification du raccordement domestique existant, ni d'une installation d'équipements techniques.»

La commune a, elle aussi, fait appel à un avocat

«La commune élabore actuellement avec un avocat une déclaration d'accord pour l'installation d'un compteur d'eau. Celle-ci sera envoyée dans les prochains jours», a fait savoir la commune de Glaris Sud, dans un courriel adressé à René P. vendredi dernier.

Ce dernier est à bout. «Je désespère ici de l'incompétence et de l'arbitraire administratif! J'ai droit à l'eau!» se plaint-il, sans pour autant qu'une seule goutte n'ait coulé jusque-là.

* Nom modifié

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