Roli Zihlmann n'a jamais eu la vie facile. Mais malgré une dyslexie et plusieurs problèmes psychiques, il a réussi à se hisser au rang de chef d'équipe en plus de 20 ans de travail dans le bâtiment, à force d'assiduité: «J'ai toujours été un travailleur acharné», raconte l'homme, visiblement fier. Pendant des années, il a travaillé sans relâche pour s'assurer une certaine sécurité financière.
Mais depuis peu, le Bernois fait face à certaines difficultés financières: «Je ne pourrai plus supporter cette situation très longtemps!» Pour comprendre ce qu'il s'est passé, il faut remonter deux ans en arrière, à l'été 2022.
Roli Zihlmann dépose alors sa candidature auprès du géant de la construction zurichois Kibag et obtient un poste de chef d'équipe. Pour ce nouveau poste, il déménage même du canton de Berne, «à l'autre bout du pays», en Suisse orientale.
Une maladie grave se déclare
Deux mois après son entrée en fonction, alors qu'il est encore en période d'essai, ses problèmes psychiques reviennent, malgré un traitement médicamenteux. Les troubles deviennent si graves qu'il part en congé maladie à 100%: Roli Zihlmann ne peut plus exercer son travail.
C'est là que Kibag le licencie, alors qu'il est encore en période d'essai: «La situation à l'époque était très difficile pour moi. Ça a certainement contribué à aggraver ma maladie», raconte le Bernois. Pire: par la suite, l'assurance de Kibag refuse même de verser à l'employé les indemnités journalières de maladie auxquelles il a droit. L'équivalent de 30 000 francs!
Sur le marché du travail
Selon Roli Zihlmann, Kibag n'aurait pas proposé à son employé une couverture d'assurance adéquate: «C'est une violation claire de la 'Convention nationale du secteur principal de la construction (CN)'», assure le Bernois. Il n'a pas tort: selon cette CN, la couverture d'assurance est valable à partir du jour «où les travailleurs (...) commencent ou auraient dû commencer le travail».
Unia Berne le confirme. Selon le syndicat, il existe dans la CN des règles claires qui doivent garantir la couverture d'assurance dès la période d'essai. «Si la couverture d'assurance est insuffisante, l'entreprise est clairement responsable», explique un représentant.
Un premier succès... mais relatif
Roli Zihlmann a engagé un avocat et a obtenu un premier succès: en février 2023, Kibag lui a versé 10'000 francs «d'avance sur indemnités journalières maladie».
Un succès toutefois relatif pour le Bernois: «Je ne pouvais pas m'en contenter. J'ai le droit de mon côté.» Selon lui, ces tergiversations ont pour but de le décourager: «C'est un simple calcul coûts/bénéfices pour Kibag; si rien ne se passe pendant la période d'essai, ils économisent de l'argent. Et si je céde maintenant, le compte serait bon pour Kibag.»
«Unia est au courant de ce problème», poursuit le porte-parole du syndicat: «Il y a une tendance à couvrir insuffisamment les collaborateurs pendant leur période d'essai. Ce n'est pas un problème spécifique à Kibag. C'est toute la branche qui est concernée.»
Kibag se défend
Le géant Kibag est conscient que les périodes d'essai sont mal couvertes par les assurances, comme l'expliquent les représentants de l'entreprise: «Mais comme nous restons responsables de nos employés. Ces derniers ne sont jamais désavantagés.»
Quant au non-versement des indemnités, l'entreprise assure qu'elle souhaitait simplement s'assurer que Roli Zihlmann était vraiment malade: «Le cas échéant, il recevra son argent!» L'entreprise précise toutefois que son employé aurait refusé à plusieurs reprises de se soumettre à un examen du médecin-conseil qui aurait confirmé son état de santé: «Nous avions des indices selon lesquels il avait l'intention de se mettre à son compte dans le secteur du bâtiment, explique Kibag. C'est pourquoi nous avons eu des doutes sur son incapacité de travail, que nous voulions ainsi dissiper.»
Évidemment, le Bernois voit les choses différemment: «J'ai régulièrement fourni mes certificats médicaux. Mon état a été confirmé à plusieurs reprises par différents médecins.» Roli Zihlmann ne comprend donc pas d'où viennent les doutes de son entreprise qui aurait, selon lui, simplement eu des doutes à la suite d'un logo d'entreprise qu'il a conçu pour s'amuser. Car il l'assure: jamais il n'a travaillé à son compte.
À l'heure actuelle, Roli Zihlmann est toujours en incapacité de travail à 100%. Il n'a toutefois pas abandonné son combat: «Il y a longtemps que ce n'est plus une question d'argent, mais de principe! Il faut bien que quelqu'un se défende!»
Le procès est prévu pour le printemps.