Les histoires de parking peuvent s'avérer frustrantes. S. I.*, un Lucernois de 39 ans, souhaitait se rendre en voiture dans un magasin à Lyssach, dans le canton de Berne, en janvier 2023. Comme n'importe qui l'aurait fait, il a suivi les panneaux indiquant le parking correspondant.
«Manifestement, j'ai pris le mauvais chemin», raconte-t-il à Blick. Mais au lieu de se retrouver sur le parking gratuit du magasin, il s'est garé sur une place payante, sans le remarquer. «Il n'y avait pas de barrière et je n'ai vu aucun distributeur ni aucun panneau.» Comme le magasin était déjà fermé, il a finalement quitté le parking au bout de dix minutes seulement.
Peu après, le Lucernois a pourtant reçu par courrier une facture de 52 francs, accompagnée d'une menace d'une plainte. «La lettre me semblait douteuse, c'est pourquoi je n'ai pas payé.» Le Lucernois ne voit plus rien passer pendant un an et demi. Mais, surprise, la semaine dernière, une nouvelle facture est arrivée dans sa boîte aux lettres. Elle était fois plus élevée et à nouveau accompagnée d'une menace: «Si vous payez le montant de 302,68 francs dans les délais, l'affaire est réglée pour nous (...) et nous ne déposerons pas non plus de plainte contre vous», est-il écrit.
Le presque quarantenaire ne cède toutefois pas à la peur. «Je ne me laisse pas arnaquer aussi facilement, assure-t-il. Toute personne concernée devrait se défendre.»
Un parking à problèmes
L'expérience du Suisse n'est pas un cas isolé. Le parking concerné provoque des affaires judiciaires à tour de bras. Sur Google, le parking a accumulé plus de 100 évaluations, avec une moyenne de 1,1 étoile sur 5. Dans de nombreux commentaires, on peut lire des mots comme «arnaque», «gâchis» ou «absolument criminel». Il est reproché au parking d'attirer les clients des magasins environnants pour finalement leur soumettre une facture élevée, le tout sous la menace de poursuites et d'une plainte pénale.
L'année dernière, plusieurs tribunaux ont critiqué le modèle commercial des parking-relais avec un système similaire. Conclusion: une interdiction judiciaire de stationner doit tenir les personnes non autorisées à l'écart des parkings privés, afin que les locataires, les visiteurs ou les clients, par exemple, puissent utiliser les places. En revanche, l'interdiction n'est pas destinée à permettre aux exploitants de parkings payants de faire pression pour recouvrer les frais de stationnement.
Des capteurs cachés au lieu d'une barrière
La rue commerçante de Lyssach (BE) compte plus d'une douzaine de places de stationnement différentes. Beaucoup d'entre elles se partagent une entrée et ne sont séparées que par un chemin piétonnier ou un passage. Certaines places de stationnement sont gratuites pour les clients, d'autres non.
Pour de nombreuses places de stationnement payantes, le client doit franchir une barrière. Le parking en question constitue une exception. Au lieu d'une barrière, l'exploitant a investi dans des capteurs au sol intégrés dans chacune des 120 cases de stationnement. Ceux-ci donnent l'alerte après exactement huit minutes sans paiement. Un employé sort alors d'un conteneur, prend une photo du véhicule et appose une facture sur le pare-brise.
L'exploitant ne veut pas accepter le jugement du tribunal
L'exploitant du parking de Lyssach estime être dans son bon droit. Il a porté l'un des jugements contre son entreprise devant le Tribunal cantonal bernois. La date de l'audience n'est pas encore connue. Interrogé par Blick, il affirme vouloir porter l'affaire devant le Tribunal fédéral en cas de nouvelle défaite.
Par ailleurs, l'exploitant rejette le reproche selon lequel son parking payant ne serait pas suffisamment signalé. «Nous avons deux automates de stationnement, plusieurs panneaux d'interdiction et d'information ainsi que des cases de stationnement jaunes et numérotées», précise-t-il.
Sur place, on peut effectivement constater que les cases de stationnement ont été marquées en jaune depuis 2023. On peut toutefois se demander combien d'automobilistes savent que cela signifie que les places sont privées, d'autant plus que le marquage est flou aux alentours... surtout lorsqu'on passe déjà en revue la liste des courses dans sa tête.
Un juriste conseille de porter plainte
Selon Daniel Leiser, juriste au «Beobachter», si le stationnement est en principe interdit sur un site en raison d'une interdiction prononcée par un juge, il convient de payer ce que l'on appelle l'indemnité de dérangement. On paie ainsi quasiment les frais de la personne lésée. En revanche, selon le Tribunal fédéral, il n'est pas possible de réclamer une indemnité pour les factures de stationnement impayées.
Dans le cas d'un parking comme celui de Lyssach, l'expert conseille aux personnes concernées de déposer une plainte pénale pour contrainte. «Si quelqu'un profite de l'ignorance des automobilistes pour les arnaquer, il faut s'y opposer. En espérant qu'un jour, la politique ou le Tribunal fédéral mettront un terme à de tels agissements.»
* Nom connu