Les cantons prennent les devants en matière d’économie d’énergie. Ils ont reçu de nombreuses propositions de différentes mesures à appliquer. Afin d’éviter un patchwork cantonal, la Conférence des directeurs cantonaux de l’énergie a rassemblé toute une série de conseils d’économies qu’elle recommande.
«Ils serviront de boîte à outils aux cantons», explique à Blick le président de la Conférence, Roberto Schmidt. En coordonnant les recommandations d’économies entre les cantons et avec les villes et les communes, «on cherche à harmoniser les mesures possibles à l’échelle de la Suisse», poursuit le conseiller d’Etat valaisan.
Dans un document de quatre pages, on trouve de nombreuses recommandations dans différents domaines, avec lesquelles les directeurs de l’énergie veulent donner un coup de pouce à l’initiative d’économies d’énergie de la Confédération.
Des mesures strictes
Fini le confort, c’est le cas pour les employés de bureau: ils doivent être incités à «prendre les escaliers» afin d’économiser de l’électricité en se passant des ascenseurs. L’utilisation d’appareils privés comme les machines à café, les bouilloires ou les réfrigérateurs doit être totalement interdite, tout comme l’utilisation d’appareils de chauffage mobiles, estiment les directeurs de l’énergie.
Dans tous les cas, les fonctionnaires doivent être plus prudents avec les appareils électriques. Ils doivent débrancher les appareils inutilisés, activer le mode d’économie d’énergie des appareils informatiques ou n’utiliser que des imprimantes centralisées.
Et les collaborateurs «qui travaillent dans des bâtiments particulièrement inefficaces» doivent de préférence être envoyés directement en télétravail.
A lire aussi
Seulement 20 degrés dans les écoles et les bureaux
Le télétravail doit également aider à faire des économies. Pendant la saison froide, les chauffages sont les plus gros consommateurs de courant électrique. C’est pourquoi les directeurs de l’énergie donnent également des valeurs indicatives: dans les zones de séjour comme les salles de classe ou les bureaux, le chauffage doit être limité à 20 degrés – du moins tant que la Confédération ne fixe pas de directives plus strictes dans son ordonnance sur la pénurie de gaz.
Dans les salles de sport et les ateliers, il peut faire plus frais: 17 degrés. En revanche, il peut faire plus chaud dans les maisons de retraite et les hôpitaux, avec des températures allant jusqu'à 23 degrés.
Si l’on retourne au télétravail, seul le «mode hors gel» doit être appliqué pour les bureaux non utilisés: 7 degrés suffisent. Pour les pièces rarement utilisées, la température ne sera plus que de 13 degrés, si l'on suit les recommandations des directeurs de l'énergie.
Fermer les stores et les fenêtres
Il existe encore d’autres conseils pour ne pas perdre de la chaleur: fermer les stores la nuit et abaisser la courbe de chauffage le week-end. Il ne faut pas démarrer les chauffages lorsque la température ambiante est inférieure à 18 degrés. L’aération permanente ou les fenêtres à battants doivent être oubliées pour l’hiver. Quant aux installations de ventilation, la quantité d’air frais doit être réduite à 30 mètres cubes par personne présente.
Par ailleurs, la température de chauffage ou de refroidissement doit également être réduite dans les transports publics locaux, c’est-à-dire dans le RER, les trams et les bus.
Plus frais pour les nageurs
La consommation d’eau chaude est également un sujet important. Dans les salles de classe et les toilettes, il n’y aura plus que de l’eau froide. Le levier de l’eau chaude devrait être supprimé par les autorités. Dans les endroits où l’eau chaude est utilisée, des buses économiques doivent permettre de réduire sa consommation. En outre, sa température doit être limitée à 58 degrés.
Pour les nageurs, l'eau sera également plus fraîche: les piscines publiques couvertes devront abaisser la température de leur bassin de 2 degrés, proposent les directrices et directeurs de l’énergie. Les jeux d’eau et les fontaines doivent doivent être complètement arrêtés.
L’éclairage des rues doit être éteint la nuit
Les cantons veulent également agir sur l’éclairage. Dans les pièces inutilisées, l’extinction des lumières est de mise. Et là où la lumière est nécessaire, il faut utiliser des lampes LED aussi économiques que possible.
En ce qui concerne l’éclairage public, les directeurs de l’énergie suggèrent de limiter les heures de fonctionnement au «minimum nécessaire à la sécurité». En d’autres termes, «éteindre l’éclairage public entre 23h et 5h30». Des exceptions doivent toutefois être prévues pour les passages piétons et d’autres zones importantes du point de vue de la sécurité.
Les directeurs de l’énergie souhaitent débrancher complètement tous les types d’éclairage extérieur pour les fontaines et les objets, ainsi que les illuminations de Noël. Si ce n'est pas une extinction complète, elle sera au moins partielle entre 23h et 5h30.
Des mesures contraignantes
Le directeur général de l’énergie, Roberto Schmidt, souligne que les mesures d’économie recommandées ne sont pas contraignantes pour les cantons. Selon lui, la compétence en matière de mesures contraignantes n’appartient qu'à la Confédération.
Mais les cantons ont une certaine marge de manœuvre. «Ils peuvent décider de mesures contraignantes pour leurs propres biens immobiliers et pour les administrations cantonales», explique Roberto Schmidt.
Certains s’y mettent déjà
De nombreux Etats et villes sont déjà en train de mettre en place des plans d’économie d’énergie correspondants. Ainsi, le Conseil d’Etat valaisan a adopté mercredi ses mesures d’économie sur la base de la liste et a même élargi le catalogue de mesures.
Les employés de l’Etat valaisan ne doivent, par exemple, plus imprimer qu'«en noir et blanc et recto-verso, si possible plusieurs pages par feuille» et envoyer moins de courriels. Ils doivent renoncer à l’éclairage décoratif et réduire les déplacements professionnels non obligatoires. Le Valais veut même limiter les heures d’ouverture des guichets en cas de dégradation de la situation.
Le canton de Bâle-Ville, quant à lui, a déjà abaissé il y a deux semaines la température de chauffage à 19 degrés dans ses bâtiments administratifs et dans certaines écoles. Dans les semaines à venir, la plupart des cantons devraient mettre leurs plans d’économies d'énergie sur la table.