Jessica Jaccoud tacle les milieux économiques
Chauffez-vous à la bougie, mais n'espérez pas une hausse de salaire!

Dans cette chronique, la députée socialiste vaudoise Jessica Jaccoud dénonce une droite et des milieux économiques qui font des cadeaux aux riches, tout en demandant aux autres de faire des efforts sans pour autant vouloir augmenter les salaires.
Publié: 08.09.2022 à 12:28 heures
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Dernière mise à jour: 09.09.2022 à 10:28 heures
Est-il juste de demander à la population de faire des efforts face à la pénurie d'énergie qui guette sans lui donner un coup de main face à l'inflation?
Photo: Shutterstock
Jessica Jaccoud

«S’ils n’ont pas de pain, qu’ils mangent de la brioche!» Marie-Antoinette, dernière reine de France, aurait formulé cette proposition choquante face à une foule mécontente et affamée marchant sur Versailles en 1789.

Anachronique, me direz-vous? À y regarder de plus près, pas tant que ça, tant la paix sociale en Suisse est menacée par le mépris de classe systématique dont font preuve les milieux économiques et les politiques bourgeoises dominantes.

De nombreux ménages bientôt à la rue

Il y a d’abord les faits. Les prix continuent d’augmenter de manière incontrôlée, avec 3,5% d’inflation entre août 2022 et l’année précédente. On n’avait plus vu ça depuis le début des années 1990.

À cela s’ajoute la hausse des primes d’assurance maladie pour 2023 avec des taux records (jusqu’à 10% dans certains cantons). Comptez entre 2,5 et 3 milliards de francs de pression supplémentaire sur les familles.

Comme si cela ne suffisait pas, les coûts de l’énergie explosent. La hausse massive des charges locatives mettra de nombreux ménages à la rue, faute de pouvoir s’acquitter de dépenses supplémentaires, pouvant atteindre 1500 francs sur une année.

Mépris de la classe moyenne et des pauvres

Face à ce qui ressemble à une catastrophe, et un bouleversement social majeur, que font les milieux économiques et les majorités de droite aux commandes de la politique? Proposent-ils des hausses de salaires et d’indexer les rentes AVS? Bien sûr que non! Proposent-ils de renforcer les subsides à l’assurance maladie? Bien sûr que non! Proposent-ils des mesures de soutien ciblées pour les locataires? Bien sûr que non!

Dans l’immédiat, la réponse politique, c’est une hausse de la TVA de 1,4 milliard… à charge des ménages. Les Suisses seraient bien inspirés de balayer cette insupportable idée ce 25 septembre lors des votations.

Chauffez-vous à la bougie, mais n’espérez pas une hausse de salaire!

Dans la même veine, pour accorder des passe-droits à quelques multinationales, quelques savants libéraux veulent supprimer l’impôt anticipé et ainsi couper dans 800 millions de recettes fiscales. Une aberration qu’il faudra aussi balayer ce 25 septembre.

Face aux risques de pénurie, les milieux économiques appellent la population à faire preuve de solidarité: chauffez moins, portez des pulls, lisez à la bougie. Affligeant, quand on sait que les mêmes milieux économiques refusent toujours d’instaurer une compensation générale du renchérissement du coût de la vie. La Confédération estime, elle, que les hausses de prix sont «supportables». Vous n’avez qu’à payer et manger du pain sec!

Au Pays de Vaud, les organisations économiques veulent désormais une baisse d’impôts généralisée de 450 millions par année, qui viendrait s’ajouter à celle déjà souhaitée, et obtenue, par la nouvelle majorité de droite et qui ne profiterait qu’aux riches. On déshabille Paul et Jacques pour habiller Marie-Antoinette.

La solidarité est un devoir social!

Cette mascarade doit cesser immédiatement. Préservons le peu de paix sociale qui nous reste à la sortie de la crise du Covid. Des aides ciblées, à des personnes en ayant vraiment besoin, doivent être mises en place rapidement, comme une allocation énergie sous forme de rabais d’impôts que j’ai proposée au Grand Conseil avec le soutien de l’Asloca Vaud.

Cela sera aussi l’occasion de rappeler que la solidarité est un devoir social, elle est le ciment de notre société. Marie-Antoinette aurait peut-être gardé sa tête si cette notion lui avait été connue.

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