Le président de l'Union démocratique du centre (UDC) et conseiller aux Etats tessinois Marco Chiesa dirige — avec le conseiller national UDC tessinois Piero Marchesi — la société fiduciaire Ticiconsult. Hors, selon un article du «Tages-Anzeiger», la société n'aurait pas été gérée conformément à la loi pendant plus d'un an.
D'après la loi tessinoise sur les sociétés fiduciaires, chaque entreprise fiduciaire du canton doit inscrire au registre du commerce une personne qui figure également dans le registre fiduciaire cantonal. Une mesure introduite par le parlement cantonal en 2009 à la suite des scandales concernant des fiduciaires de la mafia, l'argent de la drogue et le blanchiment d'argent. Le non-respect de cette mesure entraîne de lourdes amendes.
14 mois sans inscription en tant que fiduciaire
Toujours d'après nos confrères, une fiduciaire reconnue aurait fait défaut chez Ticiconsult pendant plus d'un an. En effet, Marco Chiesa est économiste avec plusieurs diplômes, Piero Marchesi est électricien avec un Executive Master of Business Administration. En juin dernier, la seule agente fiduciaire disposant de l'inscription nécessaire au registre tessinois a quitté l'entreprise. Ce n'est qu'en août de cette année que l'entreprise a changé d'avis, après l'intervention de l'autorité cantonale de surveillance des fiduciaires.
Dans une prise de position publiée dans le «Tages-Anzeiger», les deux politiciens réfutent tout comportement incorrect. Un avocat aurait assumé le rôle de fiduciaire dans leur entreprise, font-ils savoir. Seulement, un représentant de l'autorité de surveillance contredit cette interprétation. Une société fiduciaire a besoin «d'un propre agent fiduciaire mandaté dans son personnel», déclare-t-il.
Marco Chiesa dénonce une attaque à la veille des élections
Marco Chiesa a répondu à une demande de Blick par un communiqué. Il y écrit qu'avoir un avocat inscrit au registre du commerce suffit. Les avocats ne sont pas soumis à la loi cantonale sur l'exercice des professions fiduciaires. Dans sa lettre, le politicien tessinois de l'UDC critique en outre l'article comme une attaque et un dénigrement à la veille des élections fédérales.
Marco Chiesa et Piero Marchesi ont fondé Ticiconsult fin août 2020, cinq jours seulement après l'élection du premier à la présidence de l'UDC Suisse. Les deux partenaires indiquent comme activités commerciales les prestations fiduciaires les plus diverses. Les recherches du journal montrent que Ticiconsult a notamment tenu la comptabilité de la branche tessinoise du Secours d'hiver, présidée par le sénateur conservateur lui-même. L'entreprise a par ailleurs déjà servi à plusieurs reprises d'adresse d'expédition pour le journal de parti de l'UDC «Klartext».
Indemnisation en tant que chef de parti?
Une manière pour Marco Chiesa de se faire rémunérer pour sa fonction de président de parti? C'est en tout cas ce que l'on peut supposer. En effet, le président de l'UDC n'est plus indemnisé depuis 2009. Jusqu'alors, la présidence du parti était rémunérée à hauteur de 50'000 francs par an. Aujourd'hui, seuls les frais sont remboursés.
Une chose est sûre: la fonction de président de parti n'est pas un job alibi. La responsabilité est grande, la liste des choses à faire est longue et les nuits sont courtes. C'est l'une des raisons pour lesquelles le prédécesseur de Marco Chiesa, l'actuel conseiller fédéral Albert Rösti, a jeté l'éponge.
Dans les journaux de Tamedia, le Tessinois avait déjà déclaré en 2020 qu'il avait toujours été favorable à ce que le président de l'UDC soit indemnisé. Avant de prendre la direction du parti, l'élu fédéral dirigeait une maison de retraite dans la partie italophone du canton des Grisons.