Il y a eu des étincelles sous la Coupole, ce mercredi, à Berne. L’Union démocratique du centre (UDC) a convoqué une session extraordinaire sur la migration et l’asile au Conseil national, un mois avant les élections fédérales du 22 octobre (elle peut le faire sans les voix des autres partis). Thème de la session: la campagne électorale.
Sans surprise, l’UDC mise sur son sujet principal: «Il y a trop de gens qui viennent et ce ne sont pas les bons», tonne-t-elle sans détour. Avant de vouloir le répéter à la conseillère fédérale en charge de l’asile Elisabeth Baume-Schneider.
L’UDC s’en agace
Au programme figuraient plusieurs motions sur la «Suisse à 10 millions» et sur l’exigence de mener à l’avenir les procédures d’asile à l’étranger. Pas moins de deux douzaines de conseillères et conseillers nationaux UDC ont fait la queue pour poser des questions à la socialiste jurassienne sur «l’afflux de demandeurs d’asile».
La conseillère fédérale a dû prolonger son intervention pendant 23 minutes. Les politiciens de l’UDC se sont tenus debout, appuyés sur les nobles lambris de la Chambre basse et ont attendu, attendu et encore attendu. Le conseiller national radical Hans-Peter Portmann s’est moqué à sa manière de ses collègues de la droite conservatrice. Pour les faire patienter, il leur a distribué des Schöggeli, de petits chocolats.
Le président du Conseil national Martin Candinas se doutait bien que la situation serait explosive. Dans l’espoir que la tension redescende, il a rappelé à ses collègues — une fois qu’Elisabeth Baume-Schneider avait terminé — que chacun avait le droit de poser des questions au Conseil fédéral. Le règlement stipule toutefois que la question doit être «brève et précise» et la réponse «concise». Une dernière remarque qui peut être interprétée comme une pique à l’attention d’Elisabeth Baume-Schneider, qui a largement épuisé son temps de parole.
L’UDC Thomas Aeschi perd les pédales
Pas suffisant pour que tout le monde se calme. Lorsque Fabian Molina a demandé à voix haute une «question!», le chef de groupe UDC Thomas Aeschi a perdu les pédales. Fou de rage, il s’est dirigé vers Fabian Molina et l’a remis à sa place. Jusqu’à ce que le coprésident du PS Cédric Wermuth et la cheffe du groupe Samira Marti se jettent entre les deux protagonistes.
L’attitude de Thomas Aeschi a fait grincer des dents au Parti socialiste (PS). Lors du débat extraordinaire sur le thème des loyers quelques heures auparavant, des UDC s’étaient également interposés lorsque la conseillère nationale du parti à la rose Jacqueline Badran avait posé des questions trop longues.
Elisabeth Baume-Schneider est restée cool
Heureusement, tout est bien qui finit bien. Le débat s’est ensuite poursuivi de manière nettement plus ordonnée. Elisabeth Baume-Schneider a répondu aux questions de l’UDC de manière ouverte — qu’il s’agisse de la criminalité des étrangers, des trains surchargés à cause des immigrés ou des mauvais résultats de la Suisse au classement Pisa, qui mesure les performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres.
Il était intéressant de constater que l’UDC s’est découvert une passion pour les locataires dans le contexte de la migration. Plus tôt dans la journée, alors qu’une session extraordinaire était consacrée à la pénurie de logements et à l’explosion des loyers, la formation dirigée par Marco Chiesa semblait bien moins enthousiaste.
Au final, Elisabeth Baume-Schneider a donné raison aux opposants lorsqu’ils avaient raison, les a contredits lorsqu’ils avaient tort, et a également admis qu’elle n’avait pas réponse à tout. Même quand Thomas Aeschi lui a demandé avec virulence si elle était prête à venir prochainement au sein du groupe parlementaire de l’UDC pour poursuivre la discussion sur «l’afflux de demandeurs d’asile». Sa réponse: «Oui, bien sûr, vous n’avez qu’à m’inviter et j’y serai.»
Motions de l’UDC rejetées
Le Parlement est ensuite revenu à l’ordre du jour. Les deux motions de l’UDC demandant une gestion autonome de la migration et des centres d’asile à l’étranger ont été rejetées, une autre motion du Parti libéral-radical a été adoptée.
Jusque-là, rien de nouveau. Quant à savoir si le Conseil national s’est rendu service en organisant ce débat si peu de temps avant les élections, c’est une autre histoire.