Pendant des semaines, un pyromane a semé la terreur dans le canton de Soleure. La région a été frappée par pas moins de treize incendies. Vendredi, la police a arrêté un suspect: Martin V.*. Contre toute attente, l’homme de 33 ans est un pompier de la région.
Un combattant du feu qui allume des incendies, n'est-ce pas absurde? Qui du fameux «pompier pyromane»? «Ce sont des personnes qui idolâtrent le feu depuis leur enfance», explique à Blick le psychiatre médico-légal Thomas Knecht. L'hypothèse? Leur forte inclination pour cet élément les pousse à choisir, consciemment ou inconsciemment, une telle profession. Mais pour qu’un pompier ou autre simple quidam devienne pyromane, il faut bien plus qu’une simple fascination.
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Chaque enfant passe par une «phase du feu»
«Un pyromane veut voir le feu faire rage et veut vivre ce moment encore et encore. Cela devient une addiction, détaille le psychiatre de 64 ans. Dans de rares cas, il s’agit aussi de stimulation sexuelle. De nombreux pyromanes sont en outre ivres lors de leurs actes.»
D’après l’expert, un pyromane agit en premier lieu par plaisir et recherche une certaine attention. «Mais le pyromane typique n’est pas un narcissique, c’est plutôt quelqu’un qui souffre de ne pas être considéré à sa juste valeur, pointe Thomas Knecht. Il obtient alors l’attention souhaitée en jouant au chat et à la souris avec la police. Il n’est pas rare qu’il tente ensuite de pousser le jeu à l’extrême pour prouver sa supériorité.»
Historiquement, l’homme a toujours été fasciné par le feu. «Nous le maîtrisons depuis un demi-million d’années. Nous l’utilisons pour cuisiner ou comme arme, précise encore le psychiatre. Toutes proportions gardées, il est normal d’avoir un penchant positif pour cet élément. Presque tous les enfants traversent une phase d'attrait pour le feu, entre cinq et neuf ans, où la présence de celui-ci les stimule beaucoup», détaille Knecht.
Des pulsions qui prennent toute la place
Chez certains individus, jouer avec le feu finit par devenir pathologique et les pulsions deviennent incontrôlables. En psychiatrie, on parle de trouble du contrôle des impulsions (TCI). Cette difficulté de contrôle peut également être observée chez les personnes dépendantes aux jeux de hasard.
D’après Thomas Knecht, la présence de ce trouble peut également déteindre sur la capacité à s’intégrer dans la société. «On n’accorde pas autant d’importance aux règles de la société qu’à ses propres pulsions», compare-t-il. Difficile toutefois de dresser des généralités quant à leurs origines.
La rédaction de Blick tient à rappeler que Martin V. bénéficie de la présomption d’innocence.
*Prénom d’emprunt