Dimanche, le oui à la loi Covid l’a emporté haut la main, marquant ainsi la victoire de la «majorité silencieuse». Mais les perdants semblent manquer de fair-play. Le dernier bulletin de vote était à peine comptabilisé qu’une frange de l’opposition criait déjà à la fraude électorale.
«J’ai eu un témoignage juste avant de prendre la parole, de quelqu’un qui est à la Poste et qui a observé que les bulletins de vote étaient ouverts trois jours avant la votation. Que le oui à la loi Covid continuait sa route et que le non à la loi Covid était mis à la poubelle – un bulletin sur deux. Et ces témoignages vont se multiplier, parce que les gens ont de moins en moins peur, c’est ça qui est bien», s’égosille Chloé Frammery le dimanche soir des votations sur la place de la Riponne, à Lausanne, sous les huées énergiques de ses compères opposants aux mesures.
La même théorie circule sur les réseaux, dans des conversations Telegram par exemple, comme en attestent des messages que Blick a consultés. On peut notamment y lire des choses comme: «Il y a eu des fraudes à la Poste. Une dame travaillant là-bas a dit qu’ils jetaient une sur deux des votations portant un non» (orthographe homogénéisée, ndlr). L’auteur du message est anonyme, contrairement à Chloé Frammery, qui porte haut et fort ces accusations sur la place publique – que ce soit celle de la Riponne ou celle, plus vaste encore, qu’est Facebook.
Ça vous rappelle quelque chose? C’est normal. Sauf que, en général, c’est plutôt aux Etats-Unis que ça se passe. En effet, un parallèle avec les accusations de fraude électorale portées par le président sortant Donald Trump à la victoire de Joe Biden est vite établi. Et cela ne présage rien de bon en termes de fracture sociale.
No comment…
Contactée par Blick, Chloé Frammery fait rapidement comprendre son dégoût pour les médias dits «traditionnels». Deux appels sont brusquement interrompus par la principale intéressée. Bien moins prompte à défendre ses positions que sur ses réseaux sociaux, l’opposante aux mesures refuse de s’exprimer… À moins que l’on ne signe un «formulaire» d’engagement sur l’honneur, qu’elle soumettrait désormais, selon ses propres dires, à tous les journalistes qui souhaiteraient l’interroger. Il s’agit, entre autres, de s’engager à ne pas qualifier l’égérie des complotistes de… «complotiste». Ou encore d’antivax, par exemple.
Cet «accord» mettant à mal toutes nos valeurs et nos pratiques journalistiques, nous avons refusé de le signer. L’origine précise de cette rumeur de fraude reste donc obscure.
La Poste outrée, la Chancellerie insouciante
Contactée par Blick, la Poste «s’oppose avec véhémence à ces reproches. Ces reproches sont dénués de tout fondement et sont tout simplement faux», comme l’indique le porte-parole Stefan Dauner. Et d’ajouter: «ces reproches totalement erronés font depuis quelques semaines partie des forums sur des applications de messagerie. Nous examinerons la possibilité de mesures juridiques contre les auteurs de ces rumeurs.»
Mais à Berne, c’est un peu la surprise… puis l’insouciance. À notre demande de commentaire sur ces rumeurs de fraude, un porte-parole rétorque simplement: «Nous ne pouvons pas suivre ou commenter chaque rumeur. Nous partons du principe que la confiance de la population suisse dans les processus démocratiques et dans nos institutions est forte et qu’elle ne se laisse pas ébranler par des discussions en cercles fermés.»