Après la diatribe de Thomas Aeschi
Irène Kälin veut lever l'immunité parlementaire en cas de déclarations racistes

Après la diatribe du conseiller national UDC Thomas Aeschi contre les Nigérians et les Irakiens au Parlement, la présidente du National Irène Kälin veut une modification de la loi qui permettrait de lever l'immunité parlementaire en cas de déclarations racistes.
Publié: 20.03.2022 à 19:55 heures
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Dernière mise à jour: 03.04.2022 à 13:58 heures
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Pour la moitié gauche du Conseil, c'est la provocation de trop: Thomas Aeschi aurait incité à la haine contre les Nigérians et les Irakiens au Parlement.
Photo: keystone-sda.ch
Gianna Blum

Pour la moitié gauche du Conseil national, Thomas Aeschi est allé trop loin. Le chef du groupe UDC a déclaré cette semaine au Parlement qu’il n’était «pas acceptable que des Nigérians ou des Irakiens avec des passeports ukrainiens violent soudainement des Ukrainiennes de 18 ans.»

Pour la présidente du Conseil national Irène Kälin (Verts), il est clair que «le conseiller national Thomas Aeschi a tenu des propos racistes intolérables». C’est ce qu’elle a déclaré à la «Sonntagszeitung». Dans la foulée, elle propose de modifier la loi de manière à ce que l’immunité parlementaire puisse être levée dans des cas de ce genre.

Une immunité relative

Thomas Aeschi ne peut en effet pas être poursuivi pénalement: les conseillers nationaux, comme aux Etats et fédéraux ainsi que le chancelier fédéral bénéficient d’une immunité pour leurs déclarations au Parlement. Il n’est pas possible de lever cette immunité, ni d’y renoncer.

Irène Kälin voudrait faire changer la loi: elle demande qu’une levée soit possible en cas de «délits graves et justiciables, comme des déclarations clairement racistes ou des appels à la violence».

Concrètement, la Verte suggère une modification de la loi en matière d’immunité: en cas de plainte pénale, il reviendrait à une commission de décider si elle doit être levée et si une poursuite pénale est ainsi possible. L’immunité deviendrait alors relative et permettrait de poursuivre des déclarations habituellement punissables en dehors des Chambres. Une levée de cette prérogative serait toutefois rare, même pour ce type d’immunité.

«Contre la liberté d’expression et la démocratie»

En tant que présidente du Conseil national, Irène Kälin a elle-même fait l’objet de critiques car elle n’a pas réprimandé Thomas Aeschi lors ou immédiatement après ses déclarations. «J’ai été distraite», s’est défendue cette dernière sur Twitter. Après avoir relu attentivement ses propos par la suite, il était clair qu’il aurait fallu intervenir.

Pour le président de l’UDC et conseiller aux États tessinois Marco Chiesa, la demande d’Irène Kälin revient à «exiger un musellement». Si le Parlement permet que «la gauche introduise cette censure, nous abolissons la liberté de parole, la liberté d’expression et, en fin de compte, la démocratie».

Les Verts boycottent «Arena»

De son côté, Thomas Aeschi n’a pas souhaité s’exprimer auprès de la «Sonntagszeitung». Dans l’émission de la SRF «Arena», il a déclaré que sa déclaration faisait référence à un incident survenu en Allemagne, au cours duquel un Nigérian et un Irakien présumés avaient violé une Ukrainienne. «C’est une erreur de ma part de ne pas l’avoir souligné plus clairement», a-t-il déclaré.

C’est justement parce qu’«Arena» avait annoncé qu’elle allait thématiser les propos du conseiller national que les Verts ont boycotté l’émission, qui était consacrée à la crise ukrainienne. Leur cheffe du groupe Aline Trede a annulé sa participation à la dernière minute, déclarant «ne pas vouloir légitimer les propos de Thomas Aeschi».

(Adaptation par Lliana Doudot)

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