Angoisse et nervosité
Parmelin fait détruire les preuves d'un climat de travail toxique à l'OFAE

L'Office fédéral pour l'approvisionnement économique du pays a connu des problèmes massifs sous la direction de son ex-chef, selon un rapport d'enquête confidentiel, dont des chapitres entiers ont été supprimés.
Publié: 25.01.2025 à 15:31 heures
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Hans Häfliger a quitté brutalement la tête de l'Office fédéral pour l'approvisionnement économique du pays. Un rapport révèle la grave crise dans laquelle se trouvait l'OFAE.
Photo: keystone-sda.ch
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Daniel Ballmer

Hans Häfliger a passé un peu plus d'un an à la tête de l'Office fédéral pour l'approvisionnement économique du pays (OFAE). Puis, en septembre dernier, le Conseil fédéral a fait savoir qu'il quittait son poste. La raison? Un «désir de réorientation professionnelle».

Mais ce n'était pas le véritable déclencheur de ce départ abrupt. En effet, l'OFAE a traversé une grave crise sous la direction d'Hans Häfliger, selon un rapport d'enquête externe que le département de l'économie du conseiller fédéral Guy Parmelin a fait établir. Et ce, après que des collaborateurs se sont adressés à différents services fédéraux. Le document, initialement classé «confidentiel», a pu être consulté par «Tages-Anzeiger», bien que la version soit fortement expurgée.

«Climat de peur»

Il règne à l'OFAE une «atmosphère de travail hautement dysfonctionnelle», voire un «climat de peur», peut-on lire dans le rapport. Cette situation devrait avoir «des répercussions négatives importantes sur la santé des collaborateurs et la qualité du travail fourni».

Dans le document, des chapitres entiers auraient toutefois été rendus illisibles, y compris les titres. Ceci parce que l'enquête présente manifestement des lacunes. Ainsi, il aurait été possible de participer plusieurs fois à une enquête en ligne, ce qui aurait pu fausser le résultat. Le département a alors décidé non seulement de noircir tous les passages comportant des reproches concrets, mais aussi de les supprimer complètement, afin de protéger les droits de la personnalité de certains collaborateurs de l'OFAE.

«Angoisse existentielle, nervosité, troubles du sommeil»

Mais ce qui reste ne tire pas un bon portrait de l'OFAE. Différentes personnes décrivent qu'elles sont confrontées à des «angoisses existentielles, de la nervosité, des troubles du sommeil, des doutes ou de l'insécurité». Elles font état d'une grande réticence à aller travailler le matin, car on ne sait pas «dans quelle direction l'humeur va basculer ce jour-là». On essaie «d'éviter les bureaux et, si possible, de travailler à domicile».

La situation a eu un impact direct sur la qualité du travail fourni. Parfois, «le travail au niveau professionnel n'est plus guère possible», car les propositions de certaines personnes ne sont même plus prises en compte. Les critiques ne sont plus exprimées par peur des conséquences.

Il est fait état de «deux camps», l'un étant fortement encouragé et l'autre mis sous pression. Il a été «suggéré à certains de chercher un autre emploi». Souvent, le ton était «excessivement abrupt, souvent bruyant, voire insultant et humiliant». Lors des entretiens, il a également été mentionné de «l'utilisation de courriels accablants comme instrument de pression». L'enquête ne précise toutefois pas si les conditions décrites doivent être considérées comme du harcèlement moral.

L'OFAE est actuellement dirigé ad interim par le directeur de l'Office fédéral du service civil, Christoph Hartmann. Le poste pour une solution définitive à la tête de l'office a été mis au concours. Il devrait être pourvu d'ici le printemps. Guy Parmelin a mis en place une commission de recherche.

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