Sur Instagram, tous les regards se tournent vers Rafah. Omar Sy, Dua Lipa ou encore Lewis Hamilton: depuis mardi 28 mai, bon nombre de célébrités et plus de 45 millions d’utilisateurs ont partagé la même story, en soutien à la cause palestinienne. L’image de milliers de tentes, au milieu de montagnes désertiques, formant les mots «All Eyes on Rafah» (Tous les yeux sur Rafah).
La photo est engendrée par intelligence artificielle et proviendrait du compte insta (@shahv4012) d’un photographe malaisien, souligne la RTS. Elle est devenue virale peu après la frappe d’Israël sur un camp de déplacés près de Rafah, qui a fait lundi au moins 45 morts palestiniens et 249 blessés.
Critiques sur l’image faite par IA
Sur l’image, c’est surtout l’absence de violence ou d’accusation d’Israël qui étonne. De quoi attirer son lot de critiques, dont certaines estiment que ce cliché créé de toutes pièces par l’IA invisibilise les centaines d’images réalisées sur place par des journalistes palestiniens, indique «Le Temps».
Le créateur poste par ailleurs d'autres visuels pro-Gaza sur ses réseaux. Certains, comme une carte où le mot «Israël» est barré de rouge et remplacé par «Palestine» projettent la disparition de l'Etat hébreu. D'autres images ressemblant à celle-ci, mais favorables à Israël, sont aussi apparues — en restant bien moins partagées.
Le jeune homme a répondu aux critiques en story, après qu'«All Eyes on Rafah» soit devenue virale. «Certaines personnes ne sont pas satisfaites de l’image, je m’excuse auprès de vous si j’ai fait une erreur, écrit l’habitant de Sélangor, en Malaisie. Quoi qu’il en soit, ne détournez pas les yeux de la situation à Rafah, propagez l’image pour qu’ils soient ébranlés et effrayés.»
Au-delà de la censure
Mais le côté «lisse» de cette image pourrait bien être sa chance et la raison de sa viralité, assure le média spécialisé en informatique Numerama. En effet, les images des corps calcinés dans le camp de Rafah, qui ont choqué la communauté internationale, n’ont pas eu la même portée.
Ceci en raison de la censure de la violence pratiquée sur les réseaux sociaux. Instagram, très utilisé par les Palestiniens, a «récemment pris la décision de cacher 'le contenu relatif à la politique' — et la guerre entre Israël et le Hamas semble faire partie de ces sujets considérés comme trop politiques», argumente le site dédié au numérique.
Un slogan venu de l’OMS
Le slogan «All eyes on Rafah» provient selon franceinfo d’une prise de parole du directeur du bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les territoires palestiniens occupés. Le docteur Rik Peeperkorn avait déclaré «Tous les regards sont tournés vers Rafah» lors d’un point presse de l’OMS en février, avant qu’Israël n’entre dans cette zone de la bande de Gaza.
Selon l’AFP, ces mots sont aussi largement repris ailleurs que sur Instagram. Sur X, le hashtag #alleyesonrafah cumule près d’un million d’occurrences, selon l’outil de veille de Visibrain.
Quelles célébrités s'engagent?
Ainsi, des célébrités en tous genres et dans le monde entier ont pu partager leur indignation, de loin et sans violence. Des personnalités du cinéma, comme Omar Sy, Marion Cotillard ou Judith Godrèche en France — ou Pedro Pascal, Susan Sarandon, Aaron Paul du côté d’Hollywood. Citons encore les mannequins d’origine palestinienne Bella et Gigi Hadid, la chanteuse Dua Lipa, la youtubeuse Léna Situations ou l’écrivain Nicolas Mathieu.
Le monde du sport s’est aussi mobilisé. Par exemple, certains footballeurs de l’équipe de France, comme Ousmane Dembélé, Marcus Thuram ou Ibrahima Konaté, et les plus anciens Paul Pogba et Kurt Zouma. Toujours dans le foot, la ballon d'or espagnole Aitana Bonmati et le Portugais Rafael Leao ont aussi partagé la story, de même que le champion du monde de Formule 1 britannique Lewis Hamilton.
Un phénomène de boycott des personnalités restées silencieuses sur la situation à Gaza, intitulé «Blockout», vient également d’être lancé sur les réseaux sociaux, selon franceinfo. Aux États-Unis comme en France, des célébrités ont perdu plusieurs milliers d’abonnés, observe l'outil Visibrain.