Depuis plusieurs mois, Israël mène sa guerre contre le Hamas sur plusieurs fronts. Au-delà des combats sur le terrain, le conflit se joue aussi à travers les images. Et depuis mardi, une nouvelle vidéo de Gaza circule sur Internet, qui résume la situation désespérée des presque deux millions et demi de personnes vivant dans la bande côtière isolée: on y voit un char israélien rouler délibérément sur le panneau de bienvenue «I love Gaza» du côté palestinien du poste-frontière dans la ville de Rafah. La vidéo a été filmée et mise en ligne par les forces armées israéliennes elles-mêmes.
Peu de temps auparavant, Israël avait occupé le point de contrôle au sud de la bande de Gaza. Ce point de passage qui constituait jusqu'à présent la porte principale pour toutes les livraisons d'aide à Gaza a été barricadé jusqu'à mercredi, suscitant l'inquiétude l'internationale. L'ONU a averti que 600'000 enfants de la ville de Rafah seraient désormais directement menacés par la famine. Aucune des personnes contactées sur place n'a eu le temps de parler de la situation catastrophique avec Blick.
«Les familles se battent pour que leurs enfants ne meurent pas de faim»
Ce jeudi 9 mai, l'ONU estimait que 80'000 personnes avaient fui Rafah depuis lundi. Israël lance des appels à l'évacuation au million et demi de Palestiniens réfugiés à Rafah et qui ont fui le nord et le centre de la bande de Gaza ces dernières semaines. Des tracts pleuvent depuis le ciel: «Sortez de Rafah», tel est le mot d'ordre. Mais pour aller où? «La zone humanitaire indiquée par Israël, dans laquelle les gens doivent se réfugier, est tout sauf humanitaire», souligne l'organisation humanitaire Save the Children, interrogée par Blick. «Il n'y a plus de lieu de refuge sûr dans toute la bande de Gaza.» «Nous avons du mal à maintenir les gens en vie à Gaza. Tous souffrent d'une faim extrême. Les familles se battent pour que leurs enfants ne meurent pas de faim», explique Save the Children.
La pression sur le gouvernement israélien pour qu'il renonce à l'assaut contre la ville de Rafah augmente. Même le président américain Joe Biden exhorte en public le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à ne pas commettre d'erreur. Les Etats-Unis retiennent plus de 6000 bombes qu'ils auraient dû livrer à Israël dans le cadre d'un paquet d'aide militaire. «S'ils entrent à Rafah, je ne leur livrerai pas les armes qui ont toujours été utilisées (...) contre des villes», a affirmé Joe Biden dans un entretien avec la chaîne CNN. «Nous ne livrerons pas les armes et les obus d'artillerie qui ont été utilisés» jusque-là, a-t-il ajouté, faisant référence aux bombes utilisées par Israël depuis le début de la guerre menée à Gaza en représailles à l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre.
Huit millions de repas ne peuvent pas être livrés
L'espoir d'une amélioration prochaine pour les habitants de Gaza continue de s'amenuiser, 214 jours après l'attaque terroriste du Hamas contre Israël et la contre-attaque des forces israéliennes. L'organisation humanitaire World Central Kitchen – sept de ses collaborateurs ont été tués lors d'une attaque israélienne ciblée début avril sur le convoi d'aide clairement identifié comme mission humanitaire – veut retourner à Gaza le plus rapidement possible. José Andrés, fondateur de l'organisation, a souligné que 276 camions transportant huit millions de repas étaient prêts. Mais on ne sait pas encore comment l'aide pourra être acheminée à Gaza.
La proposition de cessez-le-feu élaborée par l'Egypte et le Qatar et acceptée par la direction palestinienne du Hamas ne devrait pas non plus apporter de changement pour le moment. Cette proposition aurait notamment prévu que le Hamas échange en trois étapes tous les otages vivants contre un grand nombre de prisonniers palestiniens et qu'Israël se retire complètement de Gaza. Mais Israël s'y est opposé.
La seule lueur d'espoir reste le port temporaire construit par les Etats-Unis sur la côte de Gaza. Il devrait aider à Gaza à trouver l'aide dont elle a tant besoin pour éviter la famine.