A la Haute école spécialisée bernoise
Des Ukrainiennes sont formées à la reconstruction de leur pays en Suisse

La nouvelle formation continue de la Haute école spécialisée bernoise, qui débute en février, doit aider les Ukrainiennes à reconstruire leur pays après la guerre. Natalia Terekhova, qui a fui son pays et vit à Thoune avec sa famille, y participera.
Publié: 28.01.2023 à 10:03 heures
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Dernière mise à jour: 29.01.2023 à 08:52 heures
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Ils discutent du nouvel emploi du temps: Natalia Terekhova, Thomas Rohner, Natalia Popyk et Mariana Melnykovych (de gauche à droite).
Photo: Lea Ernst
Lea Ernst

Natalia Terekhova est assise devant son nouvel emploi du temps. Lundi: reconstruction de centrales électriques. Mardi: Urban Mining, c'est-à-dire extraire des matières premières des décombres de la guerre. S'y ajoutent, entre autres, la construction d'orphelinats, l'analyse des dommages, la prévention de la corruption et le développement de systèmes de chauffage.

Rebuild Ukraine est le nom de la formation continue que la Haute école spécialisée bernoise proposera à partir de février. Trente Ukrainiennes réfugiées y développeront leurs propres projets et apprennent comment elles peuvent aider à reconstruire leur pays après la guerre. La formation Certificate of Advanced Studies (CAS) dure quatre mois et est possible grâce à la collaboration de plusieurs hautes écoles et entreprises suisses.

Le rêve d'un retour au pays

«Au début, je pensais que nous serions de retour à la maison après quelques mois», explique Natalia Terekhova. En mars dernier, elle et son partenaire ont fui Kiev pour Thoune avec leurs enfants et deux enfants de leurs proches. Pendant trois mois, ils ont habité chez une famille suisse, et depuis, ils partagent une maison avec deux femmes ukrainiennes.

Sachant que sa famille et ses amis en Ukraine peuvent mourir d'un jour à l'autre, le quotidien est très difficile pour Natalia Terekhova. Elle aimerait les revoir bientôt. Mais tant que la situation est aussi incertaine, elle reste ici avec ses enfants. «Rien que de penser aux alertes missile, j'ai l'impression de me retrouver dans un film d'horreur», dit-elle.

Mais dès que la guerre sera finie, elle veut rentrer. «L'Ukraine est notre maison.» Pendant 15 ans, elle a dirigé une entreprise de conseil dans le secteur de la construction à Kiev. Lorsqu'elle a entendu parler du nouveau CAS lors de la conférence sur l'Ukraine à Lugano cet été, elle a été enthousiasmée. «Je me suis dit: c'est l'occasion d'aider mon pays.»

Les hautes écoles spécialisées suisses s'associent

Lorsque les troupes russes ont envahi l'Ukraine en février 2022, Thomas Rohner n'a pas supporté l'inaction. «Il faut bien faire quelque chose», a-t-il dit à sa femme. Aujourd'hui, il est directeur d'études du CAS Rebuild Ukraine. «Quelle meilleure aide pourrais-je apporter qu'une formation continue pour les Ukrainiennes réfugiées?», se demande ce professeur d'architecture, de bois et de construction de la Haute école spécialisée bernoise.

Mettre sur pied un CAS en seulement un an a été intense, a-t-il expliqué. Thomas Rohner ne voulait pas élaborer quelque chose de complètement nouveau, mais réunir des compétences qui existaient déjà en Suisse. Il a donc fait appel à des hautes écoles spécialisées et des entreprises — avec un écho retentissant. Tout le monde voulait aider. Le programme du CAS est maintenant prêt: il s'agit de modules théoriques dans les hautes écoles spécialisées de Bienne, Zurich, Rapperswil (SG) et Lucerne, ainsi que d'ateliers pratiques dans des entreprises comme le groupe sanitaire Geberit.

Le CAS est destiné aux femmes ayant un lien direct ou indirect avec le secteur de la construction. Mais les hommes ou les femmes qui changent de voie peuvent également y participer. «Nous leur donnons les méthodes pour qu'elles puissent évaluer et organiser la reconstruction», explique Thomas Rohner.

«Aider mon pays, le but de ma vie»

Au semestre de printemps, 30 Ukrainiennes participeront. En tout, cinquante se sont inscrites. «Il semble qu'il y aura aussi un semestre d'automne», prévoit le professeur. «En Suisse, nous n'avons aucune expérience de la reconstruction après une guerre.» L'essentiel est donc que les idées de projets concrets puissent venir des étudiantes elles-mêmes.

Avec l'assistante ukrainienne de la filière, Mariana Melnykovych, Thomas Rohner a établi des contacts avec des entreprises et des organisations ukrainiennes afin de travailler en étroite collaboration avec elles.

Le CAS coûte 6500 francs. Comme de nombreuses personnes en fuite ne peuvent pas se le permettre, Thomas Rohner a organisé un système de parrainage. Des entreprises du secteur de la construction ou des particuliers sponsorisent chacun une étudiante.

Natalia Terekhova est heureuse de pouvoir suivre le CAS. En plus d'acquérir de nouvelles connaissances, elle espère se créer un nouveau réseau et des contacts: «Aider mon pays est le but de ma vie», souffle-t-elle. Personne ne sait comment la guerre va continuer. Mais à la fin de celle-ci, l'Ukraine sera un autre pays. Chacun et chacune devra contribuer à le façonner. La formation continue aide les étudiantes à s'y préparer.

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