Pour tendre des embuscades
À Bakhmout, des mercenaires de Wagner se déguisent en soldats ukrainiens

Les mercenaires du groupe Wagner peuvent empocher une somme d'argent considérable s'ils tuent des volontaires étrangers de l'armée ukrainienne. L'un d'entre eux, un soldat allemand âgé de 21 ans, raconte les tactiques perfides utilisées par l'armée privée russe.
Publié: 25.01.2023 à 19:30 heures
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L'armée de mercenaires Wagner est responsable de crimes de guerre dans le monde entier. Par exemple au Mali (photo), mais aussi en Ukraine.

Chaque jour, des Ukrainiens, des Russes et des mercenaires de l'armée privée Wagner s’affrontent sur le front à l'Est de l'Ukraine. Mais il y a également beaucoup de combattants étrangers. Nombre de légionnaires du groupe Wagner n'ont pas de passeport russe et vivent à l'étranger. Du côté ukrainien, certains régiments sont composés de volontaires originaires de divers pays européens.

Ben Kauler*, 21 ans, est l’un d’entre eux et a parlé de son expérience avec le «Tagesspiegel». Ce soldat allemand a déjà été confronté à plusieurs reprises aux mercenaires de Wagner – notamment dans la ville âprement disputée de Bakhmout. Et il a déjà capturé plusieurs soldats de l'armée privée d'Evgueni Prigojine.

Une prime de 10'000 dollars pour tout volontaire étranger tué

Lors de ses missions, le jeune soldat a été surpris de voir combien d’étrangers travaillaient pour les Russes et tuaient leurs semblables. Il raconte qu'il a combattu des mercenaires possédant des passeports américains, français, syriens ou même allemands. Ben Kauler a demandé à l’un des Allemands qu’il avait capturé à Bakhmout ce qu’il faisait en Ukraine. Ce dernier lui a répondu qu'il combattait pour l'argent.

Les mercenaires de Wagner sont payés 7000 dollars par mois (soit près de 6500 francs). En outre, un mercenaire qui tue un volontaire engagé dans l'armée ukrainienne – comme Ben Kauler – et qui peut prouver qu'il est étranger grâce à son corps et son passeport, reçoit 10'000 de dollars en prime.

Les soldats du groupe Wagner gagnent donc beaucoup plus que les volontaires comme Ben Kauler. «Ces personnes combattent dans une armée privée qui est depuis longtemps tristement célèbre dans le monde entier pour ses crimes de guerre», explique le jeune soldat allemand. Et en Ukraine aussi, ils ne se retiennent pas de commettre des crimes. Dans les rangs du groupe Wagner, il y a également de nombreux détenus russes à qui le Kremlin a promis liberté et argent pour leur engagement.

Une formation insuffisante aux conséquences humaines catastrophiques

Mais l'équipement et la formation des mercenaires est une véritable catastrophe. «Ils campent deux semaines dans un pré, puis on leur met une kalachnikov dans la main et on les envoie au front», rapporte le volontaire allemand.

Par conséquent, de nombreux mercenaires venus pour se faire de l'argent ne survivent pas sur le front. Et le bilan humain est choquant: selon les rapports de l’ONG Rus Sidjaschtschaja (dont le nom peut être traduit par «La Russie derrière les barreaux»), sur les 50'000 détenus engagés dans la guerre, seuls 10'000 d'entre eux combattent encore. Les autres ont été faits prisonniers de guerre, se sont enfuis ou ont été tués.

Vêtus d'uniformes ukrainiens pour tendre des embuscades

Ben Kauler évoque la situation confuse qui règne à Bakhmout. «L’ennemi peut se cacher à chaque coin de rue», raconte-t-il. Et: «Il arrive aussi que des mercenaires de Wagner revêtent des uniformes ukrainiens, se faufilent dans la zone urbaine et y abattent des Ukrainiens dans le dos.» Certains Russes, vêtus de l'uniforme ukrainien, installent également de faux checkpoints afin d'attirer les soldats ukrainiens dans une embuscade.

«Les tactiques utilisées par les mercenaires de Wagner ont malheureusement pour conséquence de susciter la méfiance des soldats ukrainiens les uns envers les autres», explique Ben Kauler. À Bakhmout, des Ukrainiens auraient déjà tiré à plusieurs reprises sur d'autres Ukrainiens, de peur que leur uniforme ne cache un mercenaire de Wagner. Cette tactique perfide est pourtant interdite par le règlement de La Haye (1899) sur le droit de la guerre – mais cela n’empêche pas les hommes d'Evgueni Prigojine d'y recourir.

* Nom connu de la rédaction


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