1500 tonnes d'émission en moins par an
Les stations d'épuration de Genève se lancent dans la production de CO2 liquide

A la station d'épuration (STEP) genevoise d'Aïre, la production de biométhane à partir de boues issues des eaux usées ne rejette plus de CO2. Le dioxyde de carbone est désormais capté et liquéfié grâce à un procédé développé par l'entreprise bernoise Neustark.
Publié: 11.11.2024 à 10:36 heures
Un employé Planzer purge les tuyaux après le transfert du dioxyde de carbone CO2 du silo de stockage à une citerne mobile sur le site de la station d'épuration d'Aïre des Services industriels de Geneve (SIG) à Geneve.
Photo: keystone-sda.ch

À la station d'épuration d'Aïre, située à Genève, la production de biométhane à partir des boues des eaux usées ne génère plus de dioxyde de carbone (CO2) dans l'atmosphère. En effet, le CO2 est désormais capturé, puis transformé en forme liquide. Ce dioxyde de carbone liquéfié est ensuite transporté vers une usine de ciment où il est intégré dans du béton recyclé, grâce à un procédé innovant mis au point par la société Neustark, basée à Berne.

Gestionnaires de la STEP d'Aïre, les Services industriels de Genève (SIG) se trouvent au début de la chaîne en fournissant à Neustark sa matière première, soit le CO2. Pour l'instant, les SIG sont dans une phase de test avec ce projet. Ils ont loué le matériel permettant de liquéfier le gaz carbonique.

«Nous pouvons ainsi nous faire la main dans ces nouveaux métiers», explique Frédéric Schulz, le directeur de l'eau potable et du gaz aux SIG. La phase d'essai dure trois ans. Si le bilan est concluant, l'entreprise déploiera ces nouvelles installations dans le cadre de la rénovation de la station d'épuration d'Aïre.

Ce projet permet d'éviter l'émission de 1500 tonnes de CO2 par an de l'usine de biogaz située sur la STEP, indiquent les SIG. Le biogaz est composé à 60% de méthane et d'environ 40% de dioxyde de carbone, ainsi que d'un peu d'ammoniac, rappelle M. Schulz. Seul le biométhane est injecté dans le réseau de gaz des SIG, permettant de chauffer 1000 logements.

Le CO2 liquide est facilement transportable

Les SIG extraient donc le dioxyde de carbone du biogaz grâce à un appareillage qui agit comme un filtre à molécules. Ils rejetaient auparavant ce gaz carbonique dans la nature. Aujourd'hui, ils le liquéfient en le portant à très basse température, puis le stockent dans une cuve dressée en plein coeur de la STEP.

Sous forme liquide, le CO2 devient facilement transportable. C'est à ce moment que la société bernoise Neustark intervient. Elle transfère le gaz carbonique dans un camion-citerne qui va acheminer sa cargaison auprès d'un cimentier. Sur place, le gaz carbonique est regazéifié.

Neustark transforme ensuite le gaz carbonique en calcaire en l'intégrant dans des granulats de béton provenant de bâtiments démolis ou d'autres déchets minéraux. Ces granulats peuvent ensuite être utilisés pour la fabrication de béton recyclé ou dans la construction de routes.

Une structure stable

Le calcaire ayant une structure très stable, le CO2 peut rester des siècles emprisonnés. Il ne faut juste pas le soumettre à une température qui dépasse 600 degrés ou l'exposer à des acides puissants, note Elmar Vatter, porte-parole de Neustark. Dans ces situations extrêmes, le dioxyde de carbone reprend sa liberté sous forme gazeuse.

Cette technique de captation du CO2 est un moyen de lutter contre la dérive climatique, le dioxyde de carbone étant un des gaz qui contribue à l'effet de serre. «On supprime une pollution, les émissions de CO2, c'est bon pour le climat et l'environnement», commente Frédéric Schulz.

Fondée en 2019, Neustark a été une des premières entreprises à commercialiser l'élimination du gaz carbonique par minéralisation dans le béton de démolition. Avant sa collaboration avec les SIG, la jeune pousse bernoise avait uniquement des fournisseurs de CO2 en Suisse alémanique.

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