Un médecin s'inquiète
«Le pied de Nadal risque de se briser en deux»

Depuis sa jeunesse, Rafael Nadal est accompagné de douleurs chroniques aux pieds. Blick a demandé au médecin du sport Walter O. Frey d'expliquer ce qu'est ce fameux syndrome de Müller-Weiss.
Publié: 02.06.2022 à 13:28 heures
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Dernière mise à jour: 02.06.2022 à 13:49 heures
Le pied de l'Espagnol le fait parfois souffrir.
Photo: AFP
Sven Micossé

Le syndrome de Müller-Weiss, une maladie qui passerait probablement sous le radar si elle n’attaquait pas l’un des meilleurs joueurs de tennis de tous les temps. Rafael Nadal continue à être exceptionnel malgré ses problèmes de pieds chroniques. Mais comment décrire cette maladie rare et incurable?

Nos pieds présentent une structure très complexe. Plus de 20 os sont reliés entre eux par 33 articulations. De plus, vingt muscles permettent le mouvement et une bonne stabilité. Le médecin du sport Walter O. Frey compare cette structure à un pont en pierre.

«Il a de grandes arches. Une pierre soutient l’autre», développe-t-il. L’anatomie du pied est similaire. Il s’agit d’une voûte autoportante. «Les différents os sont placés de manière à ce que l’un tienne l’autre et qu’ils forment la voûte.»

Le scaphoïde commence à se nécroser

Dans le cas du syndrome de Müller-Weiss, le scaphoïde, l’os central du pied, commence à se nécroser. En conséquence? La voûte ne tient plus, des douleurs apparaissent lorsqu’on marche. Les manifestations de la maladie peuvent varier. «Si c’est quelque chose de petit, cela ne joue pas un grand rôle. Si c’est plus important, ça devient difficile.»

La question se pose donc: quelle est la gravité de cette maladie chez Rafael Nadal? Walter Frey pense que l’Espagnol souffre d’une forme plus légère du syndrome. C’est pour cela qu’il peut continuer à faire du sport, et même au plus haut niveau.

Avant Roland-Garros, l’inquiétude était grande concernant la participation de Nadal. Le vainqueur de 21 titres du Grand Chelem n’aime pas s’étendre sur son mal, mais confirme qu’il est toujours présent. «Je ne suis pas blessé. Je suis un joueur qui joue avec une blessure chronique.»

Des semelles orthopédiques comme premier secours

Les premières mesures pour que Nadal puisse réaliser ses exploits sur le court sont ses semelles orthopédiques. «Cela permet de soutenir la voûte plantaire par le bas», explique le spécialiste.

Mais dans le pire des cas, cela ne suffit pas. Car si la maladie progresse, il se peut que «l’os de son pied se brise en deux». Dans un tel cas, les semelles orthopédiques ne suffisent évidemment plus. Seule une opération peut y remédier. «Les os sont alors raidis avec des vis et il devient très difficile de continuer à faire du sport à haut niveau.»

La maladie est incurable. «Le problème, c’est que l’on ne sait pas vraiment d’où cela vient. On suppose que cela a quelque chose à voir avec la circulation sanguine et qu’il est possible que de nombreux coups sur ses pieds soient mauvais.» Ce ne sont donc pas des conditions idéales dans un sport où les relances de course sont primordiales.

Pour combien de temps encore?

Mais cela n’a pas empêché le joueur de 35 ans de devenir une pointure absolue du tennis. Il sait comment s’y prendre. Mais combien de temps va-t-il encore le faire?

Sa maladie est devenue tellement grave que son médecin, le Dr Angel Ruiz-Cotorro, se déplace avec lui à Paris. Le prochain grand objectif sera de remettre Nadal en forme pour son duel contre Alexander Zverev (ATP 3) ce vendredi après-midi. Pour ensuite, dans l’idéal, viser un 14e titre à Roland-Garros.

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