Même avec une préparation loin d'être idéale, Rafael Nadal, comme chez lui sur la terre battue parisienne où il a triomphé treize fois, avait promis d'«essayer de toutes ses forces». Il s'est agrippé à sa profession de foi jusque dans la nuit de mardi à mercredi pour faire mordre la poussière au numéro 1 mondial 6-2, 4-6, 6-2, 7-6 (7/4) en 4h12. Non sans avoir écarté deux balles de cinquième set.
Une fracture de fatigue à une côte à deux mois de Roland-Garros? Une saison sur ocre lancée pour tard que jamais? Un nouveau coup dur à une dizaine de jours du Grand Chelem parisien quand son pied gauche, rongé par un mal qu'il décrit comme «chronique et incurable» depuis qu'il a 18 ans, l'a trahi une fois de plus? Un combat de près de quatre heures et demie en cinq manches 48 heures avant de s'attaquer à Djokovic?
Rien, jamais, n'est impossible pour le champion majorquin aux mille blessures et aux mille et une renaissances, qui fêtera ses 36 ans vendredi.
«Ce n'est pas la première fois qu'il parvient à revenir à 100% physiquement quelques jours seulement après avoir eu mal et être tout juste parvenu à quitter le court sur ses pieds», a commenté le Serbe, «pas étonné».
«Je ne sais pas ce qui peut arriver après ici, lâche toutefois Nadal à propos de son pied. Si on n'est pas capable de trouver une solution, ça va devenir super difficile.»
Un match pour l'histoire
Comment prendre la mesure de ce 59e face-à-face entre les deux géants qui entretiennent depuis seize ans ans la rivalité devenue la plus prolifique du tennis masculin?
Il s'agit du premier match mettant aux prises deux joueurs à la tête d'une collection d'au moins 20 trophées en Grand Chelem (21 pour Nadal, 20 pour Djokovic). Le premier aussi entre deux joueurs ayant accumulé au fil de leurs carrières d'exception plus de 1000 victoires sur le circuit et plus de 300 en Grand Chelem.
Pendant près d'une heure et demie, Nadal, tout le stade ou presque acquis à sa cause, a fait cavalier seul: jusqu'à mener 6-2, 3-0 double break, il a récité son tennis comme dans un rêve. Un 6-1 infligé par Djokovic plus tard, les deux joueurs étaient à égalité une manche partout.
Avec sa détermination farouche si caractéristique, l'Espagnol est reparti au combat comme si de rien n'était. Après trois heures de jeu, c'est lui qui a viré en tête, deux sets à un. Mais même à minuit passé, même après trois heures de match, même dos au mur, «Nole» n'a pas abdiqué. A 5 jeux à 3, il s'est procuré deux balles de cinquième manche. En vain. Car personne n'a la tête aussi dure que le gaucher majorquin, finalement victorieux au jeu décisif.
Novak Djokovic ne rejoindra pas Nadal au nombre de couronnes en Grand Chelem au bout de cette édition 2022 de Roland-Garros. «Rafa» a même une occasion de s'échapper en tête.
La fin du rêve Alcaraz
Plus tôt, c'est le rêve de Carlos Alcaraz de conquérir un premier sacre majeur seulement deux mois après avoir fêté ses 19 ans qui s'est évanoui.
Présenté comme un sérieux prétendant au trophée après son printemps ébouriffant – une ambition assumée par le jeune Espagnol, déjà numéro 6 mondial à 19 ans – il a été stoppé par Alexander Zverev, vainqueur 6-4, 6-4, 4-6, 7-6 (9/7), après avoir échoué à convertir une balle de cinquième set dans le tie-break (à 6-5).
De Barcelone à Paris, en passant par Madrid, «Carlitos» restait sur une série de quatorze matches gagnés consécutivement. Mais Zverev, impuissant début mai en finale dans la capitale espagnole (6-3, 6-1) face à la furia d'Alcaraz, a pris sa revanche Porte d'Auteuil.
«Je lui ai dit qu'il allait gagner ce tournoi pas une, mais de nombreuses fois. J'espère que je vais pouvoir le gagner avant qu'il se mette à tous nous battre et qu'on n'ait plus aucune chance», a plaisanté l'Allemand de 25 ans, toujours en quête d'un premier titre en Grand Chelem.