Celui qui devait bâtir «pour les 100 prochaines années» (ce sont ses propres mots) est parti après moins de trois ans. Petr Svoboda laisse derrière lui un champ de ruines qu'il faudra déblayer avant de songer à reconstruire quelque chose de sérieux. Derrière les grands discours d'avant-saison, les interviews tantôt rassurantes et les coups de gueule, le Tchèque n'a finalement pas fait grand-chose de juste. Comment en est-on arrivé là? Analyse en cinq points.
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Un manque de diplomatie
Quiconque a quelques menues notions d'histoire sait qu'il n'est pas si facile de vouloir évangéliser un territoire et y imposer ses méthodes. Le hockey suisse, même s'il a trop tendance à se laisser berner par les CV ronflants venus d'ailleurs, n'est pas si simple à apprivoiser d'un point de vue politique. Techniquement, le hockeyeur à croix blanche se laisse volontiers guider par un entraîneur venu d'ailleurs. Mais lorsque l'on parle politique, argent et organisationnel, tout est plus compliqué.
Il faut faire preuve d'une certaine diplomatie pour s'inviter à la table des dirigeants de ce sport en Suisse. Et (toutes?) les personnes ayant côtoyé Petr Svoboda peuvent en témoigner: ce mot ne fait pas partie de son vocabulaire. Louables, ses intentions de faire évoluer la Ligue ont été mal prises en haut lieu. Au royaume du «on a toujours fait comme ça», il faut du temps pour faire changer les choses. Et la patience n'est pas non plus présente dans le champ lexical de l'éphémère dirigeant.
Une méconnaissance du milieu
En débarquant en Suisse, Petr Svoboda a cru qu'il allait pouvoir copier les méthodes nord-américaines et les coller en National League. Le Lausanne HC avait un camp estival similaire à celui qu'adoptent les franchises de NHL. Près de 40 joueurs débarquaient dans le vestiaire. Or en Suisse, les joueurs tiennent le couteau par le manche et ne peuvent pas être trimbalés de gauche et de droite à la guise des directeurs sportifs.
Si le champion olympique de 1998 s'était davantage intéressé à son nouvel environnement de travail, il aurait également acquis certaines connaissances du marché suisse au lieu d'arroser la Ligue à coup de contrats ne répondant à aucune logique, ni financière ni sportive. Certains agents rigolent encore des montants proposés par Petr Svoboda. Au poker, il y a une phrase clé: «Si au bout de 10 minutes, tu ne sais pas qui est le pigeon à table, c'est que tu es le pigeon.» Elle pourrait tout à fait être transposée à la gestion du marché par le Lausanne HC ces dernières années.
Une équipe mal construite
Conséquence directe des salaires trop élevés octroyés: l'absence totale de structure. Qui sont les leaders du club? Qui en sont les hommes forts? Quelles sont les figures identitaires? Petr Svoboda a construit son contingent sur des coups de tête et non sur des coups de génie. Un joueur marquait trois buts en quelques semaines? Il recevait une offre. Une individualité devenue indésirable au club faisait deux bons matches? Elle était prolongée. Difficile, dans ces conditions, d'avoir une ligne et de s'y tenir.
Un observateur ayant eu des contacts étroits avec Petr Svoboda était étonné de son comportement en affaires: «Il ne sait pas dire non. Il n'a jamais su. Ce n'est pas un hasard s'il a signé des contrats absurdes.»
Des promesses non tenues
Tout au long de son passage à Lausanne, Petr Svoboda a multiplié les promesses. Certaines ont été tenues. Une grande majorité ne l'a pas été. Et ce, à tous les niveaux. Difficile de créer un climat de confiance dans ces conditions. C'est justement ce climat qui s'est doucement dégradé pour en arriver à ce départ par la petite porte. À force d'être mené en bateau, tout le monde a commencé à en avoir marre. Et, visiblement, Grégory Finger en a finalement eu assez, lui aussi.
Des problèmes de comportement
Plusieurs anciens employés du club nous ont fait part de graves accusations concernant l'ancien homme-orchestre du Lausanne HC. Comme il refusait les demandes d'interview de Blick, le confronter a été impossible. Mais l'ambiance dans les bureaux était particulièrement tendue lorsque lui ou sa compagne, Alexandra Marchand Krynski, étaient présents. Les méthodes managériales utilisées par Petr Svoboda n'étaient pas adaptées, si bien qu'il s'est mis à dos tous ses subalternes, ou presque.
La liste pourrait s'allonger encore un peu et nul doute que certaines langues vont encore se délier avec le départ de celui qui a fait plus de mal que de bien à Lausanne durant son passage.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Lausanne HC | 20 | 12 | 40 | |
2 | ZSC Lions | 18 | 20 | 39 | |
3 | HC Davos | 19 | 21 | 38 | |
4 | SC Berne | 20 | 15 | 33 | |
5 | EHC Bienne | 19 | 4 | 32 | |
6 | EV Zoug | 19 | 11 | 29 | |
7 | EHC Kloten | 19 | -2 | 28 | |
8 | Rapperswil-Jona Lakers | 19 | -8 | 26 | |
9 | HC Ambri-Piotta | 18 | -10 | 24 | |
10 | HC Lugano | 17 | -13 | 22 | |
11 | HC Fribourg-Gottéron | 19 | -11 | 22 | |
12 | Genève-Servette HC | 16 | -2 | 21 | |
13 | SCL Tigers | 17 | -3 | 21 | |
14 | HC Ajoie | 18 | -34 | 12 |