Bien sûr, l'histoire du Lausanne HC n'est pas un long fleuve tranquille entre promotions, relégations et de nombreux rachats. C'est ce qui fait une partie de son charme. Les cent ans du club ont d'ailleurs été racontés dans un magnifique ouvrage avec les portraits de ceux qui ont fait le LHC. Mais avec celui qui l'a défait, aussi. Car au milieu de toutes ces touchantes anecdotes et de ces beaux portraits, une double page dérange. Celle de Petr Svoboda.
Arrivé comme actionnaire minoritaire (20%) en 2020 en compagnie de Zdenek Bakala et Grégory Finger, le Tchèque avait fait plein de promesses. C'est ce qu'il faisait de mieux. Les mauvaises langues diront qu'ils ne faisaient que ça. La plus épatante nous vient d'une interview accordée à «24 Heures». «Sur les 100 prochaines années, nous aimerions que le club remporte au moins 25 fois le championnat.» Drôle sur le moment, cela en devient tout bonnement ridicule aujourd'hui.
Moins de trois ans après son arrivée - avec zéro titre même s'il lui reste encore 97 ans pour atteindre son objectif -, Petr Svoboda quitte donc la Suisse par la petite porte. En d'autres temps, il aurait probablement eu droit au goudron et aux plumes. Aujourd'hui, il part avec un paquet d'argent et une crédibilité écornée. Elle était déjà amochée outre-Atlantique. Ici, son passage éclair dans l'organisation lui aura permis de s'enrichir, ainsi que sa compagne (Alexandra Marchand Krynski), son frère (Karel Svoboda) et un de ses meilleurs amis (Bobby Dollas).
Car oui, Petr Svoboda ainsi que sa compagne ont très bien gagné leur vie durant trois ans. Mais il a, en plus, revendu bien trop cher des actions dont il n'avait pas fait l'acquisition avec son propre argent. Un vrai coup de maître pour celui qui a fait quasi tout faux en trois ans. Insécurité permanente à tous les étages du club, contrats rocambolesques offerts à des joueurs moyens ou encore ingérence permanente ont rythmé son passage dans le club.
Comme un avertissement
La prise d'otage est désormais terminée. La rançon a été payée. Le Lausanne HC peut désormais vivre sa vie paisiblement. Reste que l'image de Petr Svoboda va être durablement associée au club. Le livre du centenaire sera là pour le rappeler, comme un avertissement de ne pas croire tout et n'importe quoi sous prétexte que la personne a un certain charisme et un passé glorieux.
Le club va s'en remettre. Il a survécu à suffisamment de turbulences pour que finalement le passage mouvementé de l'ancien champion olympique ne soit qu'une anecdote. Dans dix ans, on en rigolera probablement. Aujourd'hui et pour plusieurs années, le Lausanne HC devra patiemment démonter le bancal édifice bâti à coup de millions par Petr Svoboda, architecte sans diplôme auteur d'une maison sans fondation solides, mais ornée avec des moulures en or.