Le 24 décembre dernier, Blick posait 24 questions à Petr Svoboda qui, rappelons-le, ne souhaite pas répondre à notre média. Autant d'interrogations sur une gestion en coulisses qui avait de quoi surprendre. En vrac, on peut rappeler le manège des entraîneurs (déjà deux licenciements). Les procès en cours ou à venir avec les deux techniciens. La multitude d'erreurs de casting au niveau des étrangers. Les contrats de longue durée donnés à des joueurs suisses ne les méritant pas forcément (Kenins, Baumgartner, Hügli).
Selon plusieurs sources à travers la Ligue, et Blick en parle depuis longtemps déjà, le LHC ressemble surtout à une bonne adresse financière. Le sportif est secondaire. Un exemple? Un joueur avait un accord avec un club avant que la formation vaudoise ne lui offre 100'000 francs de plus sur un coup de tête. «Lausanne a déréglé le marché», nous confient plusieurs acteurs du milieu. Même si ces méthodes peuvent ne pas plaire, comment critiquer un investisseur désireux de mettre tout en œuvre pour que son club gagne? Et c'est précisément ce que le grand argentier - Grégory Finger - a décidé de faire.
Problème? Petr Svoboda se comporte sur le marché tel un acheteur compulsif sans la moindre capacité à construire une équipe cohérente. «Il dépense de l'argent comme un marin ivre», nous confie une source ayant eu accès aux contrats des joueurs vaudois. Et cela se voit sur la glace depuis la prise de pouvoir de l'ancienne gloire du hockey tchèque. Oui, le Lausanne HC a, sur le papier, une équipe qui pourrait avoir «de la gueule». Oui, cette formation peut encore avoir du succès et ce mauvais départ dans la saison ne doit pas occulter le fait qu'il reste 37 matches aux Vaudois pour se qualifier pour les play-off.
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Mais lorsque le capitaine, Lukas Frick, avoue durant l'été qu'il a fallu attendre février 2022 - soit six mois après le début de saison - pour qu'une alchimie se crée dans le vestiaire, n'est-ce pas le signe d'un problème structurel? Les joueurs sont-ils à blâmer? En partie, bien sûr. Mais lorsque l'on concocte une constellation d'individualités et que ces dernières sont attirées de ce côté de la Sarine à coups de salaire hors de la réalité du hockey suisse, il ne faut pas s'étonner que cela ne fonctionne pas.
Tout pour bien faire
Après bientôt trois ans en poste, Petr Svoboda a réussi à se mettre tout le monde à dos. Samedi soir, le fidèle public de la Vaudoise aréna a fait part de son ras-le-bol quant à la gestion de celui qui détient 20% des actions du club et qui officie en tant que Directeur des opérations hockey. En parlant dans les travées de la patinoire lausannoise, tout le monde ou presque semble convaincu d'une chose: Lausanne a tout pour bien faire. Et c'est rigoureusement exact. Entre un homme fort riche à dizaines de millions, une enceinte ultramoderne, un public qui aime passionnément son club, le LHC doit être une équipe du haut de tableau.
Mais on peut mettre la plus belle voiture dans les mains de quelqu'un n'ayant pas le permis: il y a de bonnes chances qu'elle ne démarre pas. Ou qu'elle se prenne un arbre au premier virage. C'est le souci lorsqu'un dirigeant se croit omniscient et refuse de lâcher du lest. Comment expliquer que son entraîneur, John Fust, soit chaperonné par le frère de Petr Svoboda et l'un de ses proches amis, Bobby Dollas? Est-ce une situation tenable? Bien sûr que non, et c'est fou que le dirigeant ne s'en soit toujours pas rendu compte.
Un échange qui fait date
Aujourd'hui, la réalité est la suivante: Lausanne a pour habitude d'arroser à travers la ligue pour se débarrasser de ses mauvais contrats. Robin Grossmann, Phil Varone, Cory Conacher ou Floran Douay ont été payés en partie pour s'en aller à Bienne, Berne ou Langnau. La méconnaissance du marché suisse fait faire de graves erreurs à Petr Svoboda. Il suffit de se rappeler du double échange Joel Vermin et Tyler Moy contre Tim Bozon, Floran Douay, Guillaume Maillard et Petr Cajka pour s'en convaincre.
Petr Svoboda a encore une chance de ne pas sortir de la chaussée devenue terriblement glissante. Mais il est minuit moins cinq et le Tchèque n'a plus de marge de manœuvre. Saura-t-il éviter que la fronde populaire ne le déboulonne de son piédestal? En un sens, l'avenir du LHC pourrait être davantage radieux avec plus de management et moins de micromanagement. Mais pour l'heure, c'est toujours lui qui a les clés de la voiture dans les mains.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | ZSC Lions | 17 | 22 | 39 | |
2 | HC Davos | 19 | 21 | 38 | |
3 | Lausanne HC | 19 | 10 | 37 | |
4 | SC Berne | 20 | 15 | 33 | |
5 | EHC Bienne | 19 | 4 | 32 | |
6 | EV Zoug | 19 | 11 | 29 | |
7 | EHC Kloten | 19 | -2 | 28 | |
8 | Rapperswil-Jona Lakers | 19 | -8 | 26 | |
9 | HC Ambri-Piotta | 18 | -10 | 24 | |
10 | HC Lugano | 17 | -13 | 22 | |
11 | HC Fribourg-Gottéron | 19 | -11 | 22 | |
12 | Genève-Servette HC | 16 | -2 | 21 | |
13 | SCL Tigers | 17 | -3 | 21 | |
14 | HC Ajoie | 18 | -34 | 12 |