Et si c'était eux les deux dernières pièces du puzzle suisse? Et si les deux Diables étaient les deux joueurs qui permettent à la Suisse de viser l'or mondial en faisant d'elle la meilleure nation, sur le papier, de ce Championnat du monde où les stars manquent cruellement?
Alors oui, Roman Josi et Timo Meier ne sont pas là pour raison médicale (Josi) et contractuelle (Meier), mais avec le renfort de Kevin Fiala (72 pts en 69 matches avec Los Angeles) et Nico Hischier (80 pts en 81 matches avec New Jersey) ce sont deux joueurs qui tournent à un point par match en NHL, et ça aucun autre pays ne peut en dire autant à Tampere ou à Riga.
La meilleure équipe de l'ère Fischer?
Dans les années 30 et 40, l'équipe nationale a régulièrement remporté des médailles olympiques, au Championnat du monde et au Championnat d'Europe. Elle était emmenée par la célèbre «ni-Sturm» des frères Hans et Ferdinand «Pic» Cattini, flanqué de Richard «Bibi» Torriani. Tous sont entrés au Hall of Fame de l'IIHF dès sa création ou un an après.
«Reposez-moi la question à la fin du tournoi», a subtilement éludé Fischer lorsqu'on lui a demandé s'il s'agissait de la meilleure équipe nationale qu'il a dirigée au cours de ses sept années à la tête de la sélection. Enzo Corvi, l'un des héros argentés de Copenhague en 2018, se mouille un peu plus. «Oui, je pense que cela pourrait bien être la meilleure, ose le Grison de 30 ans, qui a l'expérience de deux JO et de quatre Championnats du monde. Il y a une sérieuse classe en plus, ce sont des topstars.»
Beaucoup d'ambition
Hischier et Siegenthaler n'ont pas hésité une seconde à répondre à la convocation. «Je me réjouis toujours énormément lorsque je peux jouer pour l'équipe nationale», assure Hischier. Siegenthaler relance: «Pour moi, il a toujours été clair que je jouerais pour mon pays si mon corps le permettait. Tu dois être très fier de pouvoir porter la croix suisse.»
Ce discours, déjà avancé par Kevin Fiala deux jours plus tôt, est la preuve du bon travail de la fédération et du sélectionneur qui parviennent à donner envie à des millionnaires de faire un dernier effort au terme d'une saison harassante et après une désillusion en club puisque les Devils ont été sortis en cinq matches de demi-finale de Conférence Est par les Carolina Hurricanes. Los Angeles avait été éliminé au premier tour par Edmonton.
Tous se rendent bien compte que les exigences ont augmenté. «Notre grand objectif est d'être un jour au sommet, annonce clairement Nico Hischier. Ce ne sera certainement pas facile, mais nous voulons une fois cette médaille d'or.» C'est d'ailleurs dans ce but que Fischer a modifié la préparation. L'accent a été mis sur la deuxième semaine du tournoi, ce que Corvi a également constaté. «Nous avons travaillé et travaillons très dur en dehors de la glace, précise le Grison. C'est pour ça que nous n'avions certainement pas les jambes les plus fraîches lors des trois premiers matches.» Malgré ça, la Suisse a fait le boulot en écartant facilement la Slovénie, la Norvège et le Kazakhstan pour trois victoires sans encaisser le moindre but et en en marquant quinze.
«Nous avons grandi»
«Nous avons beaucoup grandi en tant qu'équipe, constate Enzo Corvi. Nous avons grandi dans ce rôle de favori et nous avons plus de facilité à affronter les adversaires plus faibles.» Reste maintenant à passer le très probable quart de finale pour la première fois depuis 2018. Et avec cet effectif «NHL», cela devrait être une obligation. Et tout cela dans un bon état d'esprit. «Nous nous amusons beaucoup, même en dehors de la glace, note Enzo Corvi. Cela donne certainement envie de venir.»
Pour Hischier, c'est aussi l'occasion de revoir des collègues de longue date, des potes de junior. «C'est cool de voir que tant de personnes ont fait leur chemin, conclut-il. Tout le monde se donne à fond pour notre objectif.» Et pour qu'à la fin, Patrick Fischer puisse répondre par un oui ferme à la question de savoir s'il coache la meilleure équipe de Suisse de tous les temps.
Premier élément de réponse jeudi soir (19h20 en Suisse) avec le match contre la Slovaquie pour les débuts de Hischier et Siegenthaler.
(ATS)