Dimanche, la Suisse affrontera une équipe de France et de nombreux de visages connus. Comme c’est si souvent le cas. Mais cette fois-ci, il y aura une petite particularité: Philippe Bozon, sélectionneur national, est à la tête d’une équipe dans laquelle évoluent ses deux fils. Si Tim Bozon est un habitué du maillot tricolore, son frère Kevin vivra sa première expérience à ce niveau.
Depuis le début du tournoi, les Tricolores surprennent et ont déjà atteint leur objectif, ou presque. Ils pourront envisager le match de dimanche face à la Suisse (19h20) avec plus de sérénité. Interview avec trois hommes qui vivent quelque chose d’unique.
Philippe Bozon: «On parlera plutôt de golf après le tournoi»
«Le plus important, dans cette situation, c’est de ne pas mélanger les choses pour que le sport ne vienne pas perturber notre famille. Mais dans l’absolu mes relations avec eux sont tout simplement normales. Comme avec les autres joueurs. Je n’ai pas franchement peur d’être plus exigeant avec eux qu’avec les autres. S’ils sont là, c’est qu’ils l’ont mérité sur la glace. Les regards extérieurs sont ce qui pourrait être moins simple à gérer. Ce statut d’enfant du sélectionneur peut attirer des jalousies ou des commentaires. Mais ce sont des hommes et ils savent ce qu’ils ont à faire.
Plus sur le sujet
Tim est là depuis plus longtemps donc sa sélection allait plus de soi. Pour Kevin, il a été récompensé parce qu’il a fait une très bonne préparation. Lorsqu’il était question de lui, j’ai pris un peu de recul et ai laissé le coaching staff parler. J’ai mon point de vue, mais ce pas de retrait me semblait bien. Au moment de décider s’il allait être sélectionné, la discussion a duré dix secondes.
Cette expérience est belle à vivre. En plus, cela permet de parler de notre équipe et de raconter des histoires sympas. Il y a désormais le match contre la Suisse et je vous mentirais si je vous disais que ce n’est pas un match spécial. Ce pays fait partie de notre histoire à nous trois. Mais on a conscience que l’armada helvétique partira favorite. On essaiera de faire de notre mieux.
Est-ce que l’on en parlera aux repas de famille, de cette expédition? Pas sûr. On parlera plutôt de golf. C’est important de penser à autre chose dans la vie de tous les jours (rires).
Kevin Bozon: «Une fin de saison incroyable»
«En faisant le camp, je ne pensais pas au championnat du monde. Je tentais juste de passer la prochaine coupe dans l’effectif. Je savais que certains joueurs de NHL ne viendraient pas, et donc petit à petit, je me suis dit que cela pourrait devenir possible. J’ai déjà joué pour mon père en juniors. Franchement, je vois ça exactement de la même manière qu’avec n’importe quel autre coach. Je ne vais de toute façon pas changer ma façon de jouer car c’est mon père derrière le banc.
La chronique d'Andrea Glauser
Plus généralement, cette qualification pour le Mondial vient ponctuer une fin de saison très animée. Après quelques années de galère à Winterthour, je ne trouvais pas vraiment de solution. Et puis, tout s'est débloqué et j'ai explosé. Il y a tout d’abord eu quelques matches avec Ajoie et finalement un contrat pour la saison prochaine avec ce club. J’espère que côtoyer les meilleurs joueurs du monde va m’aider à me donner un élan en National League.»
Tim Bozon: «Je laisse Kevin faire son truc»
«Nous partageons la même chambre avec Kevin, mais nous n’avons pas eu notre mot à dire. Moi, je suis présent depuis le début dans le camp et j’étais avec Jordann Bougro dans un premier temps. Et dès qu’il a quitté le groupe, il a été remplacé par Kevin. Mais nous vivons cette expérience très simplement. Je laisse Kevin faire son truc. Bien sûr, je suis son frère et j’ai plus d’expérience. Mais je le laisse dans sa bulle. Je lui donne peut-être deux ou trois conseils à droite et à gauche. Mais rien de bien fou.
Ce match contre la Suisse dimanche va évidemment être particulier. Je risque de mettre un petit enjeu dans la caisse d’équipe pour motiver les gars. Je connais tous les joueurs de l’équipe de Suisse ou presque. À l’hôtel, on se croise, mais il n’y a pas de chambrage avec mes coéquipiers de Lausanne. On en parlera probablement à la fin du Mondial, mais pas avant.»