Le football suisse tremble
L'introduction des billets nominatifs se décide ce vendredi

Il s'agit d'une journée décisive pour le football suisse. La politique veut introduire ce vendredi les billets nominatifs, tandis que la Ligue s'y oppose. Mais les politiciens ont une capitaine de poids dans leur équipe: Viola Amherd!
Publié: 10.12.2021 à 09:46 heures
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Dernière mise à jour: 10.12.2021 à 09:54 heures
Viola Amherd (ici à St-Petersbourg, pour le match Suisse - Espagne) est pour l'introduction du billet nominatif en Suisse.
Photo: keystone-sda.ch
Alain Kunz

Si la Conférence des directeurs cantonaux de police et de justice (CCDJP) se réunit ce vendredi de manière virtuelle avec les autorités chargées de délivrer les autorisations, c’est que la CCDJP a pris une résolution ferme: mettre en œuvre la déclaration d’intention du 19 novembre dernier, à savoir introduire des billets nominatifs en Super League dès la saison prochaine.

À l’époque, le conseiller d’Etat lucernois Paul Winiker, porte-parole de la CCDJP, avait déclaré: «C’est plus qu’une déclaration d’intention. C’est une recommandation ferme aux autorités chargées de délivrer les autorisations». Il s’agit désormais de passer à l’action.

Schäfer a appelé à la résistance

Si la pression sur les représentants des cantons est si forte, c’est parce qu’elle vient de plus haut. Fin octobre, la conseillère fédérale Viola Amherd a exigé l’introduction de ces billets. Il est donc logique que les représentants cantonaux de la CCDJP s’inclinent.

Les clubs et la Swiss Football League ont donc un adversaire puissant. Comme l’écrit le «Tages-Anzeiger», le CEO de la Ligue, Claudius Schäfer, a invité dans un mail les clubs à résister. Selon lui, les politiques agiraient sans «analyse sérieuse». La décision devrait être reportée d’urgence et les représentants des clubs devraient prendre contact avec leurs propres autorités et faire pression. «Ce que signifie exactement le billet nominatif et comment il doit être concrètement mis en œuvre n’a pas été défini», justifie Claudius Schäfer.

«Dans les stades vides, on n’a pas de problèmes de sécurité»

La Ligue soulève les points négatifs suivants contre les billets nominatifs:

  • Longs délais d’attente lors des contrôles, jusqu’à trois heures.
  • Risque de sécurité plus élevé en raison du long temps d’attente devant les stades.
  • Boycotts des supporters qui se feraient en dehors des stades.
  • Coûts de sécurité plus élevés.
  • Moins de spectateurs et donc des recettes massivement plus faibles.

C’est surtout le dernier point qui est essentiel. En Angleterre, on peut se permettre de quasiment exclure les supporters car les clubs reçoivent énormément d’argent des droits TV. En Suisse, ce n’est pas le cas. «J’ai perdu environ un million de francs», déclare le président de Sion Christian Constantin en calculant ce que lui ont coûté les billets nominatifs, introduits à Tourbillon en début de saison.

«Le nombre de spectateurs a totalement chuté, de plus de cinquante pour cent. D’abord à cause du Covid. Ensuite, à cause des billets.» Toujours est-il qu’il n’y a pas eu de problèmes de sécurité pendant cette période. Le remède est-il donc efficace? «Comment voulez-vous avoir des problèmes de sécurité lorsque le stade est vide et que le secteur visiteurs est fermé? Pendant la période des matches à huis clos, je n’ai pas non plus eu de problèmes de sécurité…», ironise Christian Constantin.

Le club a ensuite fait marche arrière et le stade s’est rapidement rempli à nouveau. Avec une décision de la CCDJP et des autorités, cela n’aurait pas été possible. Le football professionnel en Suisse tremble.

(Adaptation par Matthias Davet)

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