Murat Yakin n'a pas éludé la question lundi, à la veille d'affronter l'Irlande à Dublin: Vincent Sierro et Dereck Kutesa, les deux derniers arrivés en équipe de Suisse, devraient avoir droit à des minutes de jeu dans cette rencontre. Seront-ils titulaires? «Je ne peux pas le dire. On a l'entraînement tout à l'heure et je dois encore voir les états de forme de chaque joueur avant de décider. Mais mon intention est de les voir sur le terrain», a répondu le sélectionneur, incluant le «revenant» Becir Omeragic dans cette même réflexion.
La donne est donc claire: sauf catastrophe, Dereck Kutesa et Vincent Sierro feront leurs débuts en équipe nationale A, eux qui ont tous deux connu les sélections juniors. Le stage à La Manga s'est très bien déroulé, leur intégration en équipe de Suisse est réussie et les voilà tous deux à quelques heures d'une grande émotion.
«Ce maillot, c'est beaucoup de fierté. Je regarde les matches de l'équipe de Suisse depuis tout petit. Et là, je suis là...», a souri Vincent Sierro cette semaine à La Manga, en n'oubliant pas de regarder en arrière. «Je me rends compte du chemin parcouru. Quand tu es petit, tu rêves de l'équipe de Suisse, tu t'imagines y jouer. Puis, au fil de ta carrière, tu constates que tu t'en rapproches, puis que tu t'en éloignes...» Cela a été son cas après sa première expérience à l'étranger, à Freiburg, laquelle ne lui a pas permis de lancer sa carrière comme il l'espérait alors.
Saint-Gall puis YB lui ont alors offert la chance de repartir à l'étranger et, cette fois, il a fait le bon choix au bon moment en choisissant Toulouse. «J'ai progressé depuis mon arrivée en France. J'ai pris des responsabilités. J'avais déjà joué l'Europe avec YB, notamment la Champions League, mais au TFC j'ai gagné de la constance et de la confiance. On joue de manière courageuse, ça me convient bien. Aujourd'hui, j'ai 28 ans, je ne suis plus un jeune, mais en même temps, je découvre l'équipe de Suisse...»
Six milieux de terrain à l'Euro?
Celui qui appréciait regarder les prestations de Gökhan Inler quand il était plus jeune le sait: sa participation à l'Euro n'est pas assurée. Si la Suisse joue avec trois milieux de terrain, ce qui est la tendance forte, Murat Yakin partira avec trois titulaires qui s'appellent Granit Xhaka, Remo Freuler et Denis Zakaria et il complètera sans doute ce trio avec trois autres hommes. Michel Aebischer, Uran Bislimi, Fabian Rieder, Djibril Sow et Ardon Jashari sont les autres candidats crédibles à un ticket pour l'Euro, auxquels il est possible de rajouter le polyvalent Edimilson Fernandes.
«Bien sûr qu'il y a de la concurrence. Aujourd'hui, je suis là pour apprendre. J’arrive avec beaucoup de respect dans ce groupe, où se trouvent des joueurs qui ont écrit l’histoire du football suisse. J'ai beaucoup à apprendre d'un Xhaka ou d'un Shaqiri, mais je veux aussi montrer ma personnalité», explique le Valaisan, qui estime que sa meilleure position est en 8, mais qui peut également bien sûr jouer en 6 ou en 10. «On tourne beaucoup avec Toulouse», rappelle-t-il.
Une intelligence de jeu qui fait merveille à Toulouse
Ce mardi, à Dublin, qu'il soit titulaire, entre à la pause ou à la 60e, il aura l'occasion de prouver que les belles dispositions montrées à La Manga, où sa semaine d'entraînement a été appréciée à l'interne, peuvent également se transposer en match. Sa maturité, son sens du jeu et son intelligence sont ses qualités naturelles, et il a pu prouver avec Toulouse que, dès lors qu'il était installé et en confiance, il pouvait bonifier le jeu de ses coéquipiers. A lui de le faire désormais avec ce maillot rouge à croix blanche qui lui tient à coeur.