Willy Sagnol a fait son entrée en salle de presse sous les applaudissements des journalistes géorgiens, après la victoire historique de son équipe face au Portugal (2-0) mercredi. Une scène désormais habituelle, tant les Caucasiens étonnent tout le monde dans cet Euro, eux qui ont atteint, grâce à ce succès à Gelsenkirchen, les premiers huitièmes de finale de leur histoire.
«J'ai commencé à y croire quand l'arbitre a sifflé la fin du match, pas avant. Tellement de choses peuvent se passer dans le football... Je regardais l'horloge toutes les dix secondes», a rigolé Willy Sagnol, visiblement très ému et très fier.
«Comme quand ils avaient 16, 17 ou 18 ans»
«Ce que je retiens de cette qualification? C'est que le football n'est jamais écrit à l'avance, a enchaîné le technicien français. J'avais dit aux joueurs avant le match de jouer leur jeu, tout simplement. Je voulais qu'ils soient disciplinés, mais aussi que, quand ils avaient la balle, ils osent jouer. J'ai demandé à certains de se rappeler de quand ils avaient 16, 17 ou 18 ans et de jouer de cette manière. Libérés. Ils l'ont fait, au-delà de toutes les attentes.»
La Géorgie était certainement la moins cotée des 24 équipes qualifiées, mais elle est sans aucun doute celle qui a joué avec le plus de coeur. «Je suis fier des garçons. Quelle belle image de la Géorgie ils ont donné! Mais pas seulement ce soir: contre la Turquie et la Tchéquie aussi. On était la plus petite équipe de la compétition, c'est vrai, mais on ne voulait pas avoir de regrets. On s'était dit avant le tournoi que quels que soient nos résultats, on devait avoir tout donné, avoir profité de la compétition. Je pense qu'on peut dire qu'on est en train de le faire.»
La plus belle émotion de sa carrière footballistique?
Lui qui a tout gagné ou presque tant avec les Bleus qu'avec le Bayern Munich est-il en train de réussir le plus grand accomplissement de sa carrière? «C'est difficile pour moi de comparer. Déjà, joueur et entraîneur, ce n'est pas la même chose. Ensuite, c'est compliqué de réaliser aujourd'hui ce que l'on est en train de faire, parce que nous sommes toujours en course. Quand le tournoi sera fini pour nous, peut-être qu'on s'en rendra mieux compte.»
Willy Sagnol a également relevé que son équipe avait moins de pression que les «grosses nations» et que, peut-être, cela lui avait rendu service. «On n'avait pas de poids sur les épaules au début du tournoi. Pas comme la France, l'Espagne, le Portugal, pour citer ces trois-là. Nous, la seule responsabilité que l'on avait était de rendre le peuple géorgien fier de ses joueurs. Je crois que c'est le cas. La Fédération géorgienne a fait un gros boulot les dix ou quinze dernières années et on en récolte les fruits aujourd'hui.»
Comment battre l'Espagne? Aucune idée!
Place maintenant à l'Espagne en 8es de finale, un os qui sera probablement très dur à ronger. Willy Sagnol a-t-il déjà un plan? La question l'a fait sourire. «En ce moment, je n'ai aucune idée de la manière dont on peut battre l'Espagne. On est restés concentrés sur nous-même et sur le match à venir, on n'a pas fait de projections. Maintenant, on sait: on joue l'Espagne, probablement la meilleure équipe du tournoi jusqu'à aujourd'hui. Est-ce que c'est un défi trop grand pour nous? Je ne sais pas. Ce dont je suis sûr, c'est qu'on va tout donner jusqu'à la dernière minute. La dernière seconde, même.»