À la dernière séance de l’entraînement de l’équipe de Suisse, Xherdan Shaqiri semble de bonne humeur. Sur la pelouse artificielle du stade de Vilnius il fait des blagues, discute avec ses coéquipiers, rit beaucoup. Il ne semble pas porter de séquelles de l’épisode de la veste de l’UÇK.
Le milieu de terrain de l’équipe nationale est en forme. Il l’a montré lors du match contre l’Irlande du Nord. Il pourrait bien marquer face à la Lituanie, son adversaire préféré. Il a marqué quatre buts en trois matches contre le pays entre 2016 et cette année.
L’incident de la veste de l’UÇK semble être un problème de second plan pour la Nati. Lorsqu’on demande à l’entraîneur Murat Yakin s’il craint des séquelles pour Shaqiri, il reste dans la ligne de communication de l’association de football: «Je ne peux pas dire grand-chose à ce sujet. Nous nous concentrons sur le match».
L’entraîneur parle toutefois volontiers de la célébration du 30e anniversaire du joueur dans des circonstances particulières: «Il a reçu du gâteau à cinq reprises et a dû chaque fois se lever pour faire un discours. Il adore ça et c’était plus important que l’autre histoire.»
Un comportement exemplaire
En marge des bons souvenirs de l’anniversaire de Shaqiri, la direction de la Nati prend l’incident très au sérieux. Compte tenu de l’émotion suscitée, et après que les médias serbes ont versé de l’huile sur le feu en supposant que Shaqiri pouvait être de mèche avec le partisan de l’UÇK, nous devons nous assurer qu’il n’y a aucun danger pour l’équipe et désamorcer toute polémique potentielle en évitant un nouvel incident comme celui de la Coupe du monde 2018 en Russie et le mime de l’aigle bicéphale albanais.
Le responsable de la communication de l’équipe, Adrian Arnold, assure avoir des «échanges réguliers avant les matches», avec Shaqiri. Il poursuit: «À trente ans, Xherdan est un joueur très expérimenté qui est conscient de ses responsabilités, notamment en tant que capitaine. Et il sait comment il doit se comporter. Aucun joueur de la Nati ne veut être instrumentalisé à des fins politiques».
La réaction de l’Association suisse de football (ASF) à l’incident de Genève montre à quel point elle prend la question au sérieux. Adrien Arnold décrit que: «Les intrusions sur le terrain mobilisent beaucoup les dispositifs de sécurité parce qu’il y en a beaucoup. Ce fut le cas lors de la finale du championnat d’Europe. À Genève, nous disposions déjà d’un fort contingent de sécurité composé de 90 stewards et de 170 autres agents de sécurité. Deux d’entre eux étaient dans la zone d’interview. C’est ennuyeux que quelqu’un ait quand même réussi à s’introduire sur cette zone. C’est pourquoi nous avons à nouveau renforcé les mesures de sécurité avec effet immédiat. Nous voulons sécuriser encore mieux la zone d’interview, car la situation du direct peut être très attrayante.»
Le risque zéro n’existe pas
Malgré toutes les précautions, il existe toujours un risque d’intrusion: «Si vous voulez empêcher cela à cent pour cent, vous devez à nouveau construire des tranchées de cinq mètres autour du terrain ou ériger des clôtures qui ont provoqué des décès dans le passé. Nous ne voulons plus ni l’un ni l’autre».
La FIFA n’en veut probablement plus non plus. A-t-elle lancé une enquête? Un porte-parole assure que la fédération est «actuellement en train d’obtenir plus d’informations sur l’incident». Mais le fait est que l’incident n’est pas mentionné dans leurs rapports. Et la FIFA n’a toujours pas reçu de lettre de plainte de la part de la fédération serbe.