Peter Sagan était considéré dans le milieu du cyclisme comme le dernier des rockeurs. Comme un showman, un excentrique et un esprit libre avec des traits parfois grossiers. Mais également comme un homme au discours sans concession. On s'en rend compte aujourd'hui encore, quelques mois après sa retraite de coureur sur route, lorsque, dans un entretien accordé à Blick, il a une réponse claire. À la question de savoir si quelque chose lui manque déjà du cyclisme, il hausse les épaules: «Non, rien du tout!»
Le VTT, auquel le triple champion du monde sur route s'est désormais entièrement reconverti, lui a de toute façon toujours plu: «Il s'agit certes ici aussi de souffrir à l'entraînement et de faire des sacrifices – mais au final, le VTT est ce que j'ai toujours voulu faire depuis mon plus jeune âge.»
Peter Sagan est assis sur un canapé dans un bureau de la Löwenplatz à Zurich. Il est là parce qu'il participe au Trading Championship de son sponsor FlowBank – avec un capital de départ virtuel de 100'000 francs. Peter Sagan ne se met pas à l'aise, il est assis tout au long de l'entretien, penché en avant, comme s'il voulait ainsi donner du poids à ses paroles.
«Des chances probablement proches de zéro»
Le Slovaque explique qu'il peut enfin s'adonner à sa passion pour le VTT. Et il parle de pouvoir se mettre au travail «sans pression». Bien que cela ne soit pas tout à fait vrai dans son cas, car la superstar aux 1,9 million d'abonnés sur Instagram s'est déjà fixé l'an dernier l'objectif des Jeux olympiques de 2024. Mais jusqu'à présent, la mise en œuvre n'a pas été à la hauteur. Il lui manque des points qui lui permettraient de prendre le départ à Paris.
Là encore, il n'enjolive rien: «Ce sera très difficile. Les chances sont probablement proches de zéro – mais on verra bien.» Il est bien possible que les fans suisses de VTT le voient à l'œuvre en juin à Crans-Montana, mais le délai pour la qualification olympique sera déjà passé. Peter Sagan doit mettre les bouchées doubles d'ici fin mai s'il veut réaliser «l'impossible».
Toutefois, après son entretien avec Blick, une intervention chirurgicale au cœur l'a également retardé dans son programme. Après avoir constaté une fréquence de battements anormalement élevée il y a une semaine, Peter Sagan s'est immédiatement rendu chez le médecin. Après une opération réussie, il rassure sur Instagram: «Tout est sous contrôle. Je serai bientôt de retour sur mon vélo.»
«Une grande tragédie»
L'absence de Peter Sagan ne devrait pas être longue, mais le temps est compté. Le Slovaque fait aussi comprendre que ce ne serait pas la fin du monde de ne pas être présent à Paris. Il se concentre sur le plaisir. Il a apprécié les trois semaines d'entraînement en Afrique du Sud avec Nino Schurter, qu'il qualifie de «légende». En outre, le temps passé avec son fils de 6 ans Marlon est important pour lui.
Jusqu'à présent, ce dernier ne s'est pas encore intéressé au cyclisme, ce que le papa trouve tout à fait normal. «Je suis content qu'il ne roule pas», rigole Peter Sagan. Il ne sait que trop bien combien de risques sont en jeu. Il ajoute néanmoins: «Au final, c'est sa décision. C'est bien qu'il fasse du sport. En ce moment, il s'essaie au football et au tennis. Mais je ne le pousserai jamais à faire quoi que ce soit.»
Le monde du sport a appris une fois de plus en juin dernier à quel point les courses sur route peuvent justement être dangereuses, lorsque le Suisse Gino Mäder a succombé à ses blessures après une chute lors du Tour de Suisse. «J'ai été très triste après son décès, lâche Peter Sagan. Il appartenait à la jeune génération, je n'avais pas beaucoup de contacts avec lui et pourtant cela m'a beaucoup affecté. C'était une grande tragédie pour le cyclisme.»
«Là, je suis à l'ancienne»
Cela n'a toutefois pas influencé sa décision de laisser derrière lui les courses sur route du World Tour fin 2023 – et Peter Sagan tient à le souligner: «Dès le mois de janvier précédent, j'avais une idée claire de ce que je voulais faire pour la suite.» Et ce, dans un premier temps, avec le VTT. Plus tard, il pense que d'autres options s'ouvriront. Il n'est «pas impossible» qu'il reprenne un jour une équipe comme Fabian Cancellara (Tudor Pro Cycling).
Par ailleurs, il veut aussi s'initier au monde de la finance et du trading. «Là aussi, il s'agit de prendre des risques, bien qu'en privé, avec de l'argent réel, je serais plutôt du type sécurité», révèle Peter Sagan, qui continue à préférer l'argent liquide au quotidien: «Sur ce coup, je suis à l'ancienne.» Cela ne surprend pas non plus de la part d'un homme qui a suivi sa propre voie tout au long de sa carrière.