«Je vis à quatre heures de la frontière du Montana. Si tu veux apprendre à tricoter, tu peux venir chez moi», voilà le genre d'invitations, plutôt mignonnes, qu’on trouve désormais sur le réseau social TikTok.
Mais derrière cette nouvelle tendance se cache une réalité bien plus dure. Enseigner le tricot n’est en fait qu’un nom de code pour proposer une aide en cas de recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), devenue illégale dans certains États américains.
En plus des «cours de tricots», des femmes proposent aussi de venir chez elles pour «visiter les environs», «faire du camping» ou encore «venir déguster du vin»… Le tout sur la chanson «Paris» du duo américain The Chainsmokers, qui date d'il y a déjà cinq ans.
Ces vidéos sont toutes accompagnées du hashtag #IfWeGoDownThenWeGoDownTogether qui dénombre quelque 46 millions de vues à ce jour. Le terme n'a pas été choisi au hasard puisqu'il reprend les paroles de la musique devenue un hit de solidarité entre femmes pro IVG: «Si on tombe, on tombe ensemble», en français.
Après la décision de la Cour suprême, la résistance
Cette vague de solidarité 2.0 fait écho à la décision de la Cour suprême des États-Unis d’annuler le fameux arrêt «Roe vs Wade» de 1973. Depuis fin juin, le droit des Américaines à avorter n’est plus garanti au niveau fédéral. Résultat: chaque État est désormais libre d’autoriser ou non une interruption de grossesse.
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Certaines régions du sud et du centre du pays, connues pour être plus conservatrices, ont en profité pour bannir les IVG sur leur sol, et ce, même après un inceste ou un viol, dans certains cas. C’est le cas du Missouri, de l’Arkansas, de l’Idaho, du Kentucky, de la Louisiane, du Mississippi, du Dakota du Nord, du Dakota du Sud, de l’Oklahoma, du Tennessee, du Texas, de l’Utah et du Wyoming…
Une solidarité risquée
Alors que certaines cliniques ont dû fermer leurs portes, des régions démocrates, comme la Californie ou New York, se sont engagées à défendre l’accès à l'IVG sur leur territoire. Les femmes, ou même les jeunes filles, qui ne souhaiteraient pas poursuivre une grossesse peuvent donc voyager là où avorter est encore légal.
Sur place, elles peuvent compter sur les bonnes âmes de TikTok qui ont décidé de leur offrir un logement, un repas ou simplement une oreille bienveillante.
Oui, sauf que cette mobilisation sororale pourrait avoir des conséquences. En effet, certains États pourraient légiférer contre les personnes qui aiderait des femmes à avoir recours à un IVG. En Alabama, par exemple, ces individus risquent d'être «poursuivis pour conspiration s'ils aident quelqu'un à obtenir ou même à planifier un avortement dans un autre État», peut on lire dans un tweet publié par Chris England, représentant de l'État et président des démocrates d'Alabama.
Mobilisation sur les réseaux et dans la rue
En parallèle aux propositions d’aide sur les réseaux, plusieurs manifestations se sont tenues dans tout le pays. Des dizaines de personnes se sont rassemblées devant la Cour suprême de Washington le 25 juin.
D’autres protestations contre cette annulation se sont tenues notamment dans les États qui ont d'ores et déjà banni l'IVG.