L’esprit du 1er Août invite au partage, au renforcement de nos liens et à la célébration de la prospérité inouïe dont nous jouissons. La devise traditionnelle de notre pays, piquée par un certain D’Artagnan, est d’ailleurs bien «Un pour tous, tous pour un!».
Gravée en toutes lettres sous la coupole du Palais fédéral, cette maxime mythique véhicule des valeurs intemporelles de solidarité, de tolérance et de respect de nos différences. Difficile d’ailleurs de trouver un pays autant divers et varié que la Suisse sur un territoire de cette taille!
Les chroniques de Jessica Jaccoud
Vive la Poste!
En ce jour de Fête nationale, je vous propose d’identifier un des mythes nationaux fondateurs qui permet à toutes les habitantes et à tous les habitants de s’identifier à la Suisse et avoir le sentiment de faire partie d’un pays, d’un tout: le service public postal!
Et oui, la Poste dessert toutes les contrées de notre pays. Des vallées alpines les plus reculées aux villages de plaines isolés en passant par les grands centres urbains, où que vous soyez en Suisse, vous recevez votre courrier ou votre colis.
Au-delà du service public essentiel et universel, la Poste est une machine à symboles. Tout le monde reconnaît ses boîtes aux lettres, ses véhicules ou encore le son du fameux cor postal. Pensez par exemple à ce moment où vous êtes en montagne, en rando ou sur la route d’un col, et que vous entendez plus ou moins au loin le fameux klaxon du car postal.
Les campagnes sont vidées
Loin des objectifs de rentabilité, rappelez-vous que nos ancêtres étaient prêts à parcourir 41km en 9h pour apporter ne serait-ce qu’une seule carte postale à l’office du Simplon, le plus haut du pays. En reliant les gens entre eux, les vallées avec les plaines, cela crée une cohésion entre toutes les Suissesses et tous les Suisses.
Je parle ici de la Poste mais pensez à ces auberges communales et ces écoles villageoises qui ferment les unes après les autres parce que cela coute trop cher. Lorsque la logique marchande prend le pas sur le reste, ce sont toujours en premier lieu les plus vulnérables d’entre nous qui en paient le prix fort pour finalement nous impacter toutes et tous.
Et cela ne concerne pas uniquement le monde rural. Certains quartiers urbains sont également petit-à-petit vidés de leurs services, publics et privés, avec des effets papillons considérables.
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«Nous contre eux» ou «tous pour un»?
Les récentes actualités politiques de notre grand voisin de l’autre côté du Jura démontrent avec cynisme les risques inhérents d’un délaissement du service public sur l’autel du rendement et du tout numérique: le développement d’un sentiment de déclassement et d’abandon d’une large frange de la population.
Parfois fantasmée, souvent très concrète, une société à deux vitesses débouche nécessairement sur un esprit du «nous contre eux» qui éloigne inexorablement les gens de la perspective du «tous pour un».
Dès lors, garantir la pérennité des services publics présents sur notre territoire permet de tisser de véritables liens solides entre les gens de Suisse alémanique et de Suisse romande, entre les riches et les pauvres, entre les protestants et les catholiques, entre les citadins et les villageois.
Ma Suisse existe bel et bien!
Ma Suisse existe bel et bien! Elle est complexe et plurielle mais elle peut compter sur ses références communes pour assurer sa cohérence et son unité. Le service public est ce socle de repères communs dont nous avons toutes et tous besoin pour faire «un».
Pour faire «un pour tous, et tous pour un», nous avons besoin que le klaxon des cars postaux résonne à jamais sur nos monts et dans toutes nos vallées, que chaque quartier et ferme de notre pays reçoive encore la visite du facteur chaque matin. Le service public appartient au mythe national qu’il s’agit de chérir, tout particulièrement aujourd’hui.
Vive la Suisse et bon 1er Août à tout le monde!