Le second tour des élections fédérales, c’est chiant. Voilà, c’est tout pour mon analyse, bonne continuation sur blick.ch.
D’accord… Pour les cinq geeks de politique suisse qui ont cliqué sur l’article et la fan de mes chroniques qui me lit encore (coucou maman), je vais développer. Autant en amont du premier tour, j’ai tenté de me persuader que je pouvais contribuer à rendre tout ceci intéressant (parce que c’était important). Autant là, je n’y crois plus.
Et je ne suis pas le seul! Les médias aussi sont passés à autre chose. La preuve: dimanche après-midi sur RTS1, en lieu et place des résultats, vous pourrez regarder «Blue Bloods» (saison 13, épisode 11): «L’enquête de Danny et Baez sur la mort d’un escroc des échecs (ndlr: c’est quoi ce métier?) est compliquée par des interférences du fils de la victime. Erin se voit offrir l’appui d’un influent pasteur de Harlem pour sa campagne pour le poste de procureur général en échange d’une faveur professionnelle.»
Faut avouer que ça a plus de gueule que le pitch des résultats en Suisse romande (alors qu’avec un escroc des échecs et un pasteur, on n’est pas non plus sur l’ambition d’un Marvel en termes d’émotions fortes). Mais bon, puisqu’il faut bien que quelqu’un s’y colle, c’est parti pour un tour d’horizon des enjeux de ce dimanche:
En Valais, beaucoup de bruit pour pas grand-chose
Philippe Nantermod — largué par les PDCentristes il y a trois semaines — a déclenché un second tour pour s̶o̶n̶ ̶e̶g̶o̶ la démocratie, même s’il n’a a priori aucune chance (il pourrait se reconvertir en escroc de l’échec). Bref, s’il cherche à limiter les dépenses d’un état trop généreux, j’ai une idée: ne pas déclencher de second tour inutile.
Mais bon, cela aura quand même permis à Philippe Nantermod de faire des meetings de campagne en extérieur. Au mois de novembre. En Valais. Notre Emmanuel Macron AOP a encore un peu de boulot avant de rendre la politique véritablement sexy.
Fribourg: l’UDC s’occupe des étrangers à l’étranger
Johanna Gapany (PLR) et Isabelle Chassot (Le Centre, ex-PBDC) devraient être réélues, face à Alizée Rey (PS). Pour maximiser les chances de la droite, l’UDC a accepté de retirer son candidat Pierre-André Page.
Bon, de toute façon, le jour des résultats du premier tour, il était en voyage humanitaire au Sénégal (certainement la stratégie de l’UDC pour dissuader les étrangers de venir en Suisse: leur envoyer Pierre-André Page).
Vaud: la marche était trop haute pour Raphaël Mah…
Dans le canton de Vaud, c’est Pascal Broulis qui devrait être élu. Espérons que ça lui redonne le sourire (il était peu jouasse le jour de l’élection de Pierre-Yves Maillard). Avec le nouveau système de la liste unique qui favorise les personnalités connues, Raphaël Mahaim sera trop court.
Malheureusement pour lui, on ne sait toujours pas si son nom se prononce «Mahun» ou «Mahaïme». Heureusement pour nous, dans trois jours, on pourra s’en refoutre.
Au bout du lac, on bricole des alliances
Et enfin, c’est à Genève que ça devrait être le plus intéressant (pour une fois que ce n’est pas un Genevois qui le dit). Ou le moins chiant, c’est selon. Pendant des années, une gauch·e aussi unie qu’uniforme·x (PS, Les Vert-e-s) a pu gagner grâce à une droite plurielle (Le Centre, PLR, MCG, UDC) et fidèle à ses principes (chacun pense à sa gueule). Mais cette année, la droite s’est rappelé qu’elle avait d’autres principes, comme ne pas avoir de race.
Ainsi, les membres de l’entente de droite se sont entendus sur le fait qu’ils étaient de droite. Oubliant volontairement de se mettre d’accord sur les frontaliers et l’Europe qui font tourner l’économie «bien de chez nous». Seul programme commun: les deux meilleurs du premier tour restent pour le second tour. Problème: les deux meilleurs, c’est Mauro Poggia (MCG) et Céline Amaudruz (UDC), aux étiquettes refroidissantes — surtout Amaudruz — pour l’électorat Le Centriste ou PLR. Cette union, plus tactique qu’idéologique, suffira-t-elle pour battre les deux sortants de gauche, Carlo Sommaruga (PS) et Lisa Mazzone (Les Vert-e-s)? Seuls l’avenir et Léman Bleu nous le diront.
En effet, vous pourrez vivre cette journée électorale au plus près du suspense, avec le charme rassurant de Jérémy Seydoux (costume sérieux, voix suave et questions piquantes). Et pour ce faire, je vous ai préparé de quoi vous amuser un peu avec un bingo des journées de résultats politiques en Suisse, que voici:
Vous pouvez également le télécharger en grand format en suivant ce lien. Et c’est encore plus marrant de jouer quand on a participé au scrutin. Donc, même si c’est chiant: allez voter. Ce n’est pas pour rien que c’est prévu un dimanche de novembre: il n’y a rien de mieux à faire.