Le système politique suisse repose sur le compromis (comprendre: ce n’est pas la déglingue). Et qui de mieux pour incarner cette absence de fun que… Le Centre? Niveau recette, il faut avouer qu’on est sur quelque chose qui a autant de saveur qu’un quatre-quarts Weight Watchers:
- Des valeurs chrétiennes et plus exactement catholiques
- Un slogan d’enfant dont la naïveté n’a pas encore été agressée par un prêtre catholique «Ensemble pour une Suisse unie» (#GoodVibesOnly #InspirationalQuote)
- Des candidats aux dégaines de cadres dynamiques, mais sous gouttes de Bach
- Une audace politique qui consiste à ne pas en avoir.
On aurait également pu ajouter à cette liste «une idéologie centriste», si le parti y était vraiment, au centre. Mais non, ils votent à peu près comme le Parti libéral-radical (PLR). Apparemment, ils ont joué leur positionnement politique aux fléchettes. Et ce n’est pas facile de viser avec deux pour mille et une main occupée à tripoter une collègue (on ne donnera ici pas de nom mais les vrais se souviennent).
Le nom «Le Centre» finit de brouiller les pistes, au moment de l’entrer dans un navigateur web.
Pas commode donc de trouver leur programme sur internet. Est-ce que, comme pour X (ex-Twitter), il faudrait préciser Le Centre (ex-PDC et PBD)? Ce qui est — il faut le reconnaître — un peu relou, à part dans une chronique payée à la ligne, ce qui n’est malheureusement pas le cas de celle-ci. Ou alors, est-ce que cela tiendrait au fait que, niveau idées, ce n’est pas la foire d’empoigne?
Le Centre et Paléo: même combat
Pour ce qui est des nouvelles idées, Le Centre n’a en effet rien à envier aux scénaristes de Marvel ou aux programmateurs de Paléo (#FanService). Il n’y a qu’à regarder leur récente initiative pour freiner les coûts de la santé.
Rassurez-vous, pas besoin ici de s’embêter à décrypter les rouages complexes de notre système de santé, les auteurs de l’initiative ne l’ont pas fait non plus. En gros, le texte dit qu’il faut limiter les coûts de la santé et qui devrait le faire. Mais pas comment. En termes de proposition, on est sur une pertinence digne d’un micro-trottoir fait le jour de l’annonce de la hausse des primes.
Mais malgré tout ça, Le Centre pourrait redevenir le troisième parti de Suisse. Comme quoi, les influenceuses et Adidas disaient vrai: Everything is possible. En effet, après des années à nous faire une Philippe Croizon aux Chambres fédérales (aka perdre des membres), le parti de Gerhard Pfister pourrait repasser devant le PLR pour 0,2%.
Et ce passage devant le PLR pourrait être le plus gros changement de ces élections à venir, avec la branlée verte (c’est comme la vague verte, mais en branlée). Bon, cette hypothèse à 0,2% nous vient d’un sondage dont la marge d’erreur est de 1,2%. Sondage qui — de plus — omet le fait que Le Centre et le PLR votent à peu près pareil: on a les révolutions politiques qu’on mérite.
Qui connaît un électeur du Centre?
On verra si l’électorat centriste se mobilise. Je ne me risquerai à aucun pronostic: étant Vaudois, je n’ai jamais vu d’électeur ou d’électrice du Centre, à part Valérie Dittli. Non, en Suisse romande, Le Centre (ex-PDC) est surtout fort en Valais (toujours très PDC), avec deux conseillers aux États: Marianne Maret et Beat Rieder.
La première avait fait le buzz au moment de son élection en 2019, quand elle avait raconté sa journée: «Ce matin, j’ai fait ce que toute femme au foyer fait quand elle s’embête. J’ai rendu la maison impeccable.»
Pour rappel, c’est une PDC. En Valais. La plus grande surprise est que sa phrase ait surpris. Je ne sais pas qui s’attendait à ce que Marianne Maret passe ses matinées dans des workshops non-binaires à parler charge mentale et oppression systémique.
Pour ce qui est de Beat Rieder, on est sur un type plus proche de l’UDC que du Centre, auquel vous ajoutez des origines haut-valaisannes et le charme accueillant d’une morgue est-allemande. J’ai dû me taper son interview pour Rhône FM et «Le Nouvelliste». 8 minutes 25 de Beat Rieder… Je ne suis clairement pas assez payé pour ces chroniques.
Bref, si je vous parle de tout cela, c’est parce qu’il faudra justement surveiller les résultats valaisans. En effet, la candidature de Philippe Nantermod (PLR/Infrarouge) pourrait menacer le siège de Marianne Maret. Et ce serait la première fois de l’Histoire du canton qu’un autre parti que le PDC (futur Le Centre) accéderait au Conseil des États. Mais bon, rappelons-le encore une fois: de toute façon, une fois à Berne, ils voteront à peu près pareil.
Fin août, Le Centre avait lancé sa campagne en mode podcast de France Culture, avec une «grande» question philosophique («L’avenir a-t-il un avenir?»). Il aurait peut-être fallu se demander: «Le changement doit-il permettre un changement?» Une question bien suisse, tout en consensus mou de droite. Bref, à l’image du Centre.