Le Parti socialiste (PS) proposait de plafonner les primes maladie à 10% du revenu disponible. Mais la population n'a pas voulu de cette solution, ce dimanche 9 juin. À l'heure où ces lignes sont écrites, 56% des votantes et des votants ont dit NON au texte, notamment porté par le conseiller national vaudois Samuel Bendahan, coprésident du groupe parlementaire à Berne.
L'élu du parti à la rose au célèbre pull rouge revient sur cet échec pour Blick. Dans cette interview, le Maître d'Enseignement et de Recherche HEC à l'Université de Lausanne (UNIL) plaide pour un énième projet de caisse publique, assure qu'il faut «regarder où vont les coûts de la santé» et cite les poches — pleines — de Novartis.
Samuel Bendahan, la gauche perd encore sur la question des assurances-maladie, malgré la hausse année après année des primes qui deviennent étouffantes pour toujours plus de monde. C’est le moment d’envisager des remèdes de droite?
(Rires) Je ne crois pas! D’autant plus que la population a aussi balayé une solution de droite sur la question aujourd’hui, en refusant l’initiative du Centre. Nous concernant, c’est vrai, nous n’avons pas réussi à gagner. Il faut toutefois noter que nous faisons un score spectaculaire en Romandie et un score tout à fait honorable au niveau national. C’est évidemment regrettable pour les gens qui auraient pu être aidés. Nous n’abandonnerons pas et reviendrons, notamment, avec l’idée de la caisse publique.
La proposition de la caisse publique a déjà été refusée plusieurs fois par la population. Plutôt que d’essayer de recycler des défaites, ne faudrait-il pas faire preuve de créativité et amener sur la table de nouvelles solutions?
Les textes n’étaient pas à chaque fois identiques! Vous avez raison de le souligner: nous devons apprendre de nos défaites et faire mieux. Nous n’allons pas nous entêter et reproduire strictement la même chose que par le passé.
Qu’est-ce qui a changé depuis les dernières fois?
Alors qu'il est maintenant clair pour tout le monde que nous avons un problème avec l'explosion des primes, la population, en refusant l’initiative du Centre aujourd'hui, a affirmé qu’elle désirait maintenir la qualité de notre système de soin. Cela nous pousse à l'action. Si nous ne faisons rien, le système va exploser et les gens vont le payer très cher. Nous allons continuer de faire des propositions et de nous battre pour des primes abordables. Et, un jour, nous parviendrons à notre but.
Sur les ondes de la RTS ce dimanche, la conseillère aux États du Centre Isabelle Chassot semblait favorable à un modèle de caisse publique régionale. Cela pourrait vous plaire?
Les contours de notre texte sont toujours en cours de discussion. Globalement, au PS, nous faisons des propositions, mais nous restons ouverts à toutes les options qui pourraient améliorer la vie des gens. Nous sommes toujours prêts à discuter.
Vous le releviez précédemment: votre texte est plébiscité par les Romands, mais dézingué par les Alémaniques. Comment expliquer ce Röstigraben?
C’est encore difficile à dire, il faudra analyser toutes les données à disposition et tirer des leçons. Dans certains cantons Alémaniques, certains ont fait campagne en disant qu’ils ne voulaient pas payer pour les Romands. Les Romands ont aussi pu constater dans les cantons qui l’ont appliquée que l’initiative fonctionnait très bien.
Mais nous, Romands, n’avons-nous pas à apprendre des Alémaniques qui paient moins cher?
Il y a sans doute des leçons à tirer de tout le monde. Même s’il est difficile d’isoler clairement ce qui fait que certains paient moins que d’autres. On sait par exemple qu’on met un peu moins la main au porte-monnaie dans les cantons dans lesquels il n’y a pas d’hôpital universitaire. Mais à Zoug, on est bien content que ces structures existent ailleurs en cas de problème. Je pense qu’il faut surtout regarder où les coûts de la santé vont.
À quoi pensez-vous?
Prenons l’exemple de Novartis, qui a annoncé 45 milliards de francs de chiffre d’affaires en 2023. Sur ces 45 milliards de francs, la société pharmaceutique dégage 15 milliards de francs de bénéfice, après avoir payé tous les coûts, de la production de médicaments à la recherche et au développement. C’est colossal! Beaucoup des coûts de la santé, et donc de l’argent payé par Monsieur et Madame Tout-le-Monde, vont dans des endroits qui doivent être davantage régulés.