Une première en Suisse!
Les Genevois interdisent les symboles de haine

Les symboles haineux vont être interdits dans l'espace public à Genève. Une première en Suisse. Selon les premiers résultats, l'objet est accepté à 84,75%.
Publié: 09.06.2024 à 12:57 heures
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Dernière mise à jour: 09.06.2024 à 13:28 heures
Genève a largement accepté l'interdiction des symboles haineux. Une première en Suisse.
Photo: ATS
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ATS Agence télégraphique suisse

Les symboles de haine vont être interdits dans l'espace public à Genève. Selon les résultats basés sur 95% des bulletins rentrés, les votants ont plébiscité dimanche par 84,75% de «oui» le nouvel article constitutionnel ad hoc. Le taux de participation s'est élevé à 42,41%.

Genève devient ainsi le premier canton à inscrire dans sa Constitution l'interdiction d'exhiber ou de porter dans l'espace public des symboles, des emblèmes et d'autres objets de haine, comme la croix gammée nazie. Le nouvel article permet de combler un vide juridique, une telle interdiction n'existant pas encore au niveau fédéral.

Le canton devient aussi le premier à demander que l'Etat mette en oeuvre une politique de lutte contre les discriminations et la haine. Cette modification constitutionnelle, soumise au référendum obligatoire, était soutenue par tous les partis, sauf l'UDC pourtant à l'origine du projet de loi qui avait déjà été plébiscité par le Grand Conseil en juin 2023, avec le soutien de l'exécutif.

Propositions similaires

Le projet de loi visant cette modification de la Constitution avait été déposé par le député UDC Thomas Bläsi, devenu conseiller national et dont le grand-père était un rescapé du camp de concentration de Mauthausen. L'UDC Yves Nidegger, seul opposant en plénière, a retourné son parti qui a finalement appelé à voter «non» dimanche, au motif qu'il serait impossible d'établir une liste des symboles interdits.

L'ex-conseiller national estime aussi que Genève aurait dû attendre, puisqu'un sujet similaire est en discussion à Berne. Le Conseil fédéral doit préparer un projet de loi suite à l'adoption, par les deux Chambres, d'une motion visant à punir l'utilisation, le port et la diffusion publique des objets de propagande et des symboles racistes, faisant l’apologie de la violence ou extrémistes.

Plusieurs propositions allant dans le même sens ont été discutées dans les cantons de Vaud, de Fribourg et de Neuchâtel, notamment. Elles visent à lutter contre la multiplication des actes antisémites depuis le début du conflit au Proche-Orient mais aussi à l'utilisation de symboles haineux lors de la pandémie due au Covid-19.

«Idées détestables»

A l'exception de l'UDC, tous les partis genevois ont appelé à voter «oui» à cette modification de la Constitution. Ils ont fait une campagne commune pour affirmer «un geste fort et univoque» en faveur d'une interdiction, avançant chacun leurs arguments. Les Verts et le PS ont dénoncé la montée du populisme et des mouvements d'extrême droite qui utilisent ces symboles de haine.

Le Centre, le mouvement Libertés et justice sociale ainsi que le Parti Vert'libéral ont mis en avant le vivre-ensemble et la nécessité d'agir pour une société apaisée. Quant au MCG, il a fustigé le fait que ses affiches sont régulièrement taguées de croix gammées, contribuant à la banalisation du symbole nazi et à l'assimilation du parti à des «idées détestables».

Et les autres sujets cantonaux?

Genève va continuer à garantir l'aide au suicide dans les EMS et les institutions de soins. Selon les résultats portant sur près de 95% des votants, une modification de la loi sur la santé, qui remettait en question cette possibilité, a été refusée dimanche par 76,29% des voix.

Ce texte était combattu par référendum. Choquée par une décision de la majorité de droite du Grand Conseil prise «dans la précipitation», Exit Suisse romande était immédiatement montée au front. L'association pour le droit de mourir dans la dignité craignait une régression dans la liberté d'accès au suicide assisté.

Autre sujet soumis aux votes, Genève refuse d'étendre les droits politiques des étrangers. Selon les premiers résultats, l'initiative «Une vie ici, une voix ici» est rejetée dimanche par 61,19% de «non».

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