Réorganisation, restriction budgétaire, suppressions de postes: ces jours-ci, Migros étonne ses clients et se présente comme une grande entreprise qui prend des mesures drastiques. Le capital social n’hésite pas à intervenir de manière majeure dans son propre système. Mais le géant orange ne se contente pas de se réorganiser de l'intérieur: il envoie aussi un signal fort à l'extérieur. Les achats de Migros, qui se chiffrent en milliards, doivent être concentrés. C'est ce que montre un document interne que la «Handelszeitung» s'est procuré.
Ce qui est annoncé en interne sous le titre quelque peu générique de «centralisation des activités d'approvisionnement à l'échelle du groupe» permettrait de faire économiser beaucoup d'argent aux supermarchés Migros ainsi qu'à trois de ses filiales majeures de la Fédération des coopératives Migros (FCM). Et de donner des sueurs froides à des centaines de fournisseurs.
Denner, Migrolino et Migros Online feront des achats groupés
Concrètement, le projet prévoit que Migros, Denner, Migrolino et Migros Online centralisent une partie de leurs achats à partir de 2025. Pour ce faire, un «approvisionnement de groupe» en commun sera mis en place à la centrale de la FCM. Si le groupe abandonne les stocks individuels pour l'achat et mise sur la centralisation à la place, il pourra regrouper ses volumes d'achat, se présenter avec plus de pouvoir sur les prix et donc obtenir des prix plus bas.
Migros ne veut pas dire à combien s'élève actuellement le volume d'achat commun et quelles économies peuvent être réalisées grâce au regroupement des achats. Mais il devrait être clair que le groupe peut ainsi se montrer plus puissant et faire pression. Le chiffre d'affaires des différentes unités montre à lui seul à quel point le pouvoir d'achat sera concentré à l'avenir. Les 3,9 milliards de francs de Denner, les 800 millions de Migrolino et les 350 millions de Migros Online représentent une augmentation de 40% par rapport aux chiffres d'affaires actuels des supermarchés Migros.
Collaboration renforcée avec le géant allemand des supermarchés
«Réduire le coût des marchandises» est le but de l'opération. La collaboration ne se limitera pas aux biens de consommation tels que les boissons non alcoolisées, les snacks ou les articles de marque en tout genre, mais ira bien au-delà: Migros et Denner, par exemple, renforcent leur collaboration avec le grand commerçant de détail allemand Edeka. L'organisation d'achat Everest Fresh doit permettre d'augmenter le volume de fruits et de légumes importés. Denner et Migros veulent également collaborer plus étroitement pour les appels d'offres et d'approvisionnement pour les marques maison.
Là aussi, l'objectif est clair: ceux qui achètent groupé doivent obtenir de meilleurs prix. C'est ce que l'on appelle, dans le jargon international, un pouvoir d'achat concentré ou «purchasing power». «Ainsi, à moyen et long terme, les dépenses en marchandises sont nettement réduites et directement répercutées sur la clientèle sous forme de baisses de prix», fait savoir le géant orange à ses collaborateurs.
Migros cherche son patron
On ne sait pas encore qui prendra la direction opérationnelle du nouveau supermarché, indique-t-on chez Migros. Le poste est encore vacant. Une fois la superstar des achats trouvée, le service d'achat groupé entrera en fonction. La suppression des différents silos d'achat entraînera-t-elle des licenciements? Migros annonce qu'aucune «suppression de poste» n'est liée au lancement des achats groupés, «les tâches et les responsabilités des domaines déjà existants restent provisoirement inchangées». En d'insister sur le «provisoirement», car «la collaboration accrue des formats de distribution peut toutefois entraîner des modifications des domaines d'activité ainsi que des structures organisationnelles.»
Ce qui est clair par contre: vis-à-vis des fournisseurs, Migros, qui se présente désormais de manière plus compacte, adoptera un ton plus ferme. «Le groupe Migros attend de tous les fournisseurs les meilleures conditions, indépendamment du canal de distribution, et n'acceptera plus à l'avenir de différences entre les canaux de distribution respectifs», peut-on lire dans un document aux formulations pugnace. Et l'entreprise, presque à la manière de Dutti, lance un appel aux géants des biens de consommation de ce monde: «Le groupe Migros attend en outre de ses fournisseurs internationaux qu'ils lui accordent des conditions de niveau international.»