Premier tour des auditions
Les candidats au Conseil fédéral ont-ils convaincu les partis?

Les auditions des candidates et candidats au Conseil fédéral pour les sièges du PS et de l'UDC ont débuté mardi. Leur mission: convaincre les parlementaires! Qui y est parvenu? Blick vous donne les détails de cet après-midi sous haute tension.
Publié: 30.11.2022 à 10:52 heures
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Albert Rösti et Hans-Ueli Vogt se sont brièvement rencontrés entre les auditions.
Photo: keystone-sda.ch
Lea Hartmann

Les choses sérieuses ont commencé à Berne. Mardi, le deuxième jour de la session d'hiver coïncidait avec le début des auditions des candidats au Conseil fédéral. Il faut dire que le moment fatidique se rapproche: moins d'une semaine nous sépare du 7 décembre, ce jour où l'on saura qui d'Eva Herzog ou d'Elisabeth Baume-Schneider, pour le PS, et d'Albert Rösti ou de Hans-Ueli Vogt, à l'UDC, seront élus.

L'absence d'ego de la «femme d'État» Eva Herzog est perçu comme une qualité, à un moment où le Conseil fédéral a besoin de beaucoup avancer sur les dossiers chauds.
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Les deux premières ont dû faire face au feu nourri de questions de la part de l'UDC, tandis que le duo Rösti-Vogt était attendu au PLR et chez les Verts'libéraux. Ces hearings permettent aux candidats au Conseil fédéral de se présenter aux autres groupes parlementaires. Ou plutôt: de donner aux groupes parlementaires la possibilité de les examiner sous toutes les coutures.

Beaucoup de nervosité

Cette étape est décisive: c'est souvent un moment critique de l'élection du Conseil fédéral. Eva Herzog, Elisabeth Baume-Schneider ainsi que les UDC Albert Rösti et Hans-Ueli Vogt n'en étaient que trop conscients.

La tension se lisait sur les visages. Même Elisabeth Baume-Schneider, qui avait ouvert la voie ces derniers jours avec une campagne rafraîchissante, semblait nerveuse. Hans-Ueli Vogt en a profité pour répondre à quelques questions des journalistes avant de s'engouffrer dans la salle, mais le stress semblait présent. La plus tendue? Eva Herzog. Son étiquette de favorite semblait lui peser, et elle a poliment décliné les interviews des médias.

«C'est très intense», a notamment commenté Hans-Ueli Vogt, tout en saluant l'esprit fair-play de cet exercice démocratique.
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Soulagés, après l'épreuve? Pas vraiment. Lui aussi anxieux au moment de se présenter aux Verts'libéraux, Albert Rösti n'a pas paru beaucoup plus confiant une heure et demie plus tard lorsque son pensum était terminé auprès du PLR. «Il faut demander aux groupes politiques. J'ai essayé de faire de mon mieux», souffle-t-il à Blick.

Albert Rösti va-t-il rester le favori?

Hé bien, renseignons-nous. Dans les milieux PLR, le favori de l'UDC semble avoir fait bonne impression. Il semble avoir plus d'envergure que son rival zurichois – «C'est un vrai homme politique», glisse-t-on tant du côté des Vert-e-s que des Vert'libéraux. Mais la course n'est pas encore gagnée pour autant. Hans-Ueli Vogt n'est pas en reste: certains politiciens interrogés lui attribuent une plus grande indépendance vis-à-vis de la politique de son parti que son collègue bernois.

Le tableau est tout aussi contrasté du côté des auditions de l'UDC, où les deux socialistes sont passées sous la loupe. Certains ont trouvé Eva Herzog digne d'être une dirigeante, d'autres l'ont trouvée trop évasive. Et les représentants des régions périphériques et de la paysannerie sont déjà conquis par Elisabeth Baume-Schneider, la fille d'agriculteurs qui élève des moutons à nez noir. La candidate a eu fin nez, justement, en se présentant comme représentante de la population rurale.

La stratégie d'Elisabeth Baume-Schneider de séduire les milieux agricoles (ici avec le chef de groupe UDC, Raphael Vogel) semble payante: la Jurassienne est loin d'être battue d'avance le 7 décembre.
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D'autres membres du groupe PS estiment qu'Eva Herzog serait certainement la meilleure conseillère fédérale, car c'est une femme de dossiers — son ego, lui, passe après. «Elle ne se soucie tout simplement pas de ce que l'on pense d'elle», affirme un politicien qui souhaite rester anonyme.

Loin d'être joué pour Eva Herzog

Du côté du PS, la tension a semblé monté d'un cran. Alors qu'Albert Rösti a conforté sa position de favori après le premier tour des auditions, la succession pour le siège de Simonetta Sommaruga est plus incertaine que prévu. La nervosité d'Eva Herzog pourrait compliquer son objectif de décrocher un siège au Conseil fédéral. Tant à l'UDC que chez les Vert-e-s, le nombre de partisans en faveur de l'option bâloise ou jurassienne s'équilibrent. Les auditions du PLR et du Centre, qui auront lieu mardi prochain, seront décisives.

Pour Albert Rösti et Hans-Ueli Vogt, la course continuera également la semaine prochaine: la deuxième partie des auditions aura lieu la veille des élections. Aucun groupe n'a encore émis de recommandation. Certains partis veulent attendre, d'autres laisser la décision à chaque parlementaire. Ainsi, les Vert-e-s ont fait savoir que les deux candidates du PS étaient éligibles. Il en va de même pour le PLR concernant les candidats de l'UDC.

Albert Rösti, à gauche, semble largement favori face à Hans-Ueli Vogt.
Photo: Keystone

Le PLR a pris mardi une première décision préliminaire pour le ticket du PS. Après la nomination d'Eva Herzog et d'Elisabeth Baume-Schneider, le parti avait estimé avoir les poings liés. Car s'il se prononçait en faveur d'une candidate romande, la Suisse alémanique serait en minorité au Conseil fédéral. Impensable, car la représentation équitable des différentes régions linguistiques, inscrite dans la Constitution, ne serait plus assurée. La question s'est posée de ne tout simplement pas auditionner la Jurassienne. Puis d'inviter Evi Allemann, qui n'a pas été sélectionnée pour le ticket socialiste.

Le groupe parlementaire y a finalement renoncé, sans doute par manque de soutien des autres partis. Toutefois, en cas d'élection de la Jurassienne, «le déséquilibre régional ne pourra avoir lieu que pour une courte période de transition», avance le PLR. Traduisons: en cas d'élection d'«EBS», le conseiller fédéral Alain Berset serait potentiellement invité à ne pas représenter en décembre 2023, à l'issue de son année de présidence.


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